Un été sans les hommes – Siri Hustvedt
Mia, poétesse, la cinquantaine et des poussières, se fait larguer par son mari, conquis par un sourire plus jeune. Larmes, dépression, folie, séjour en milieu psychiatrique même s’ensuivent …
Puis, retour dans le Minnesota natal auprès de sa mère. Ce sera l’occasion pour elle de guérir petit à petit du vide sentimental qui l’habite. Autour de sa mère octogénaire, elle va rencontrer des femmes délicieuses, pleines de sagesse, intéressantes et drôles aussi. Puis elle se met à enseigner la poésie à des adolescentes.
C’est le début d’une reconstruction intérieure et de la mise en chantier de son cœur ébranlé.
L’héroïne se réfugie dans le giron de ces femmes qu’elle découvre petit à petit, adolescentes effrontées ou octogénaires flétries, qui toutes lui donneront un nouvel élan, une nouveau souffle de vie et lui feront gommer de sa mémoire les années tumultueuses auprès de Boris.
Le récit engourdit parfois le lecteur, certes, mais on se laissera porter doucement par la torpeur, y trouvant une finesse psychologique, une certaine fraîcheur et dans cette balade douce-amère, se cache un message grave, austère, mais délicatement livré.
L’auteur, épouse de Paul Auster – mais à ce titre, elle se montre très discrète – reste elle-même, pleine d’humilité et de simplicité.
J’ai aimé cette douce balade féminine, mais non féministe (si ç’eût été le cas le roman n’aurait pas reçu mon enthousiasme) puisqu’elle décharge son ire contre un seul homme … Plutôt, elle nous invite à partager les bouts de vie de ces femmes de toutes générations, de toutes fraîcheurs, de toutes meurtrissures aussi, celles-là même qui ont en commun avec Mia de vivre une traversée douloureuse, sans leurs hommes … partis vers d’autres cieux.
L’auteur nous livre avec beaucoup de grâce et de délicatesse un récit émouvant qui nous portera le temps d’un été. Sans compromis, elle sonde les liens amoureux, le couple et ses dérives, les sentiments qui tombent en décrépitude…
Une apologie de la poésie et de l’amitié, celle qui restaure, regonfle, donne un soubresaut quand l’âme refroidie, lacérée à grands coups de couteaux chancèle et titube …
Un été sans les hommes de Siri Hustvedt, Éditions Actes Sud