Avenue des Géants – Marc Dugain
Al a quinze ans, un Q.I. qui fait frémir et une taille imposante… 2 m 10. De son enfance il ne garde que de mauvais souvenirs – sa mère le malmène et son père, démoli par ses souvenirs du Vietnam et dominé par sa femme violente et revêche l’abandonne. Al devient amer, révolté et il commet le pire. Il tue ses grands-parents au moment où Kennedy est assassiné…
L’auteur nous relate avec talent l’histoire vraie de cet ado au cœur meurtri, tourmenté par un passé déjà fracturé malgré son jeune âge. Alors, il se vengera de ses blessures et de cet enfer qu’il endure depuis ses premiers pas sur terre. Ainsi il arrivera à ses fins dans chacune de ses démarches jusqu’au geste irrémédiable qui le conduira vers la geôle. Condamné pour l’assassinat de ses grands-parents, il n’en restera pas là et passera une nouvelle fois à l’acte en tuant sa mère et ensuite huit jeune filles…
Tour à tour il va mener son entourage par le bout du nez depuis le directeur de la prison où il est incarcéré jusqu’au juge qui en perdra son latin.
Emprisonné à vie puis libéré ensuite grâce au diagnostic d’un psychiatre qui le déclare sain et apte à se réinsérer, il va mener une vie insolite en se liant même à un policier…
Et le lecteur se laisse porter par ce héros, ce molosse à la taille démesurée mais au cœur blessé.
Avec une plume magistrale et émouvante, l’auteur nous convainc de compassion envers cet ado déluré et antipathique dans les premières lignes mais qui devient au fil du récit attachant, voire troublant. Son comportement interpelle et inquiète mais l’on n’a qu’une seule envie, en savoir plus encore et encore sur ce personnage qui nous désarme et nous ensorcèle à la fois.
Marc Dugain scrute et analyse l’âme humaine dans ce qu’elle a de tourmenté, brisé, d’horrifique aussi qui engendrent parfois des comportements insensés comme ceux de son héros. Le lecteur découvre l’univers d’un jeune homme désaxé, en proie à ses démons qui perd la tête jusqu’à accomplir l’horreur.
Un récit que l’on ne quitte pas des yeux du début à la fin, qu’importe même le tumulte et les conversations qui résonnent en bruit de fond tout autour, nous laissant seul, en communion avec le livre, jusqu’à se désintéresser du reste.
Habituellement, je ne suis pas férue des histoires vraies ou des faits réels mis en image ou en écriture, mais la plume de l’auteur sauve cet a priori et j’ai fermé ce livre à regret…
Poignant.
Avenue des Géants de Marc Dugain. Éditions Gallimard
Un bel article…
Content de lire à nouveau les articles de Céleste !