Va où ton coeur te porte – Susanna Tamaro
« Dans la solitude de sa maison, près de Trieste, une femme âgée décide d’écrire une longue lettre à sa petite-fille, sous forme de journal intime. Elle sait que le temps lui est compté et veut, par cette lettre d’amour, renouer une relation rendue difficile non seulement par la crise de l’adolescence, mais aussi par la mort tragique de sa propre fille. Et c’est donc toute sa vie qu’elle est amenée à revisiter, son éducation rigide et bourgeoise, son mariage de convenance avec un homme gentil mais ennuyeux, sa relation clandestine avec le père de sa fille. Parcourant ainsi l’histoire de plusieurs générations de femmes, sans fausse pudeur, sans rhétorique, elle se raconte à sa petite-fille et l’invite à accomplir le même, ” voyage ” qu’elle : un voyage à la recherche de soi, loin des fausses valeurs et des clichés, et en écoutant avant tout la voix du cœur ».
Un roman épistolaire, où l’on rencontre trois femmes aux destins emboîtés les uns dans les autres comme le sont les matriochkas russes. Trois femmes cherchant une voie pour sortir des carcans, notamment de l’éducation, afin de se réaliser.
La quatrième de couverture annonce une lettre d’amour. Comme moi, d’autres y verront peut-être (et avant tout ?) un testament gonflé de révélations trop lourdes à porter pour les taire encore aux derniers jours d’une existence ; une tentative pour se libérer de secrets familiaux culpabilisants, le tout saupoudré de réflexions philosophiques sensées répondre aux sempiternelles questions existentielles : quel est le sens de la vie, comment parcourir l’existence, vers quoi, pourquoi, etc.
Ce livre me laisse perplexe. Sa trame philosophique est tissée de quelques gros fils new-âge, et dégage des relents « baba-cool ». Une sorte de roman-manuel « philo-pédagogique » à la Coelho, version italienne ?
Bref, j’ai surtout vu ici le besoin impérieux d’une grand-mère de se confesser avant de disparaitre…Car, tout de même, elle aurait pu offrir à sa fille et sa petite-fille les révélations concernant leurs origines, vérités indispensables à leur équilibre vital, bien avant que la première ne soit morte au terme d’une courte existence complètement déglinguée, et que la seconde ne se soit enfuie aux Etats Unis, fâchée, pour respirer autre chose qu’un air pollué par le mensonge. Il y a dans cette histoire comme un hiatus entre la personnalité ouverte, moderne et bienveillante de la grand-mère et la rétention d’informations capitales pour ses fille et petite-fille qu’elle s’impose.
Les personnages ne m’ont pas vraiment émue : trop caricaturaux à mon goût, les approches philosophiques simplistes ne m’ont pas étonnée. Pour autant, l’écriture est agréable et la forme du récit, originale.
VA OU TON CŒUR TE PORTE Susanna TAMARO. Éditions Plon- 1995-Réédition en 1998 (Omnibus), 2002 et 2006 (Pocket)