Le roman du café – Pascal Marmet
« L’appréciation, la satisfaction, l’amitié même que les gens peuvent témoigner à une vulgaire tasse de café, c’est pas croyable ! » Romain Gary.
Julien, vingt ans, est aveugle… Suite à la mort de sa maman en lui donnant la vie, il s’est retrouvé sous l’aile protectrice de son grand-père, torréfacteur. Aux côtés de ce grand-père despotique, féru de café, Julien se plonge corps et âme sur le même chemin que son grand-père et devient comme lui passionné par ce petit grain rempli de vertus. L’aïeul est redoutablement exigent et bougon… Un jour, Julien ose évoquer que Nespresso est un café excellent… Et son grand-père, offusqué par cette affirmation, le congédie. Le voici à la rue, livré à lui-même…
Il trouve refuge chez son amie d’enfance, la somptueuse et pétulante Johanna. Johanna est journaliste et demande à Julien de lui parler du café. Et julien lui livre toutes ses connaissances et le fruit de son expérience, ce qui ravit Johanna. Ensemble, ils parcourent Paris et découvrent les endroits branchés de la capitale où l’on trouve toutes sortes de cafés. Puis ensuite ils se rendront au Brésil chez un créateur de café, qui leur révèle moult secrets… L’on apprend tour à tour que le commerce de ce petit grain a toujours fait l’objet de commerces fructueux d’un bout à l’autre du monde mais il faut se rappeler que l’exploitation de cet or brun était jadis liée à l’esclavage…
L’auteur nous livre un beau documentaire romancé. Nous buvons à petites gorgées le nectar issu de la plume d’un passionné de café. L’écriture est tantôt didactique tantôt imprégnée d’émotion. A travers Julien, l’auteur livre un message de passion, celui d’un petit germe brun vermeil doté de mille propriétés bénéfiques, une sorte de drogue dont on ne sort pas indemne, mais guéri parfois des maux de l’âme et du corps.
Le style est vif et emporté et l’écriture virevolte d’un bout à l’autre, repoussant ce que je redoutais au départ, un enseignement long et rébarbatif, voire ennuyeux. L’émotion et la passion de Julien pour le café sont traduites à merveille. En revanche, Johanna se montre souvent exaltée, ce qui pourrait irriter le lecteur.
Grande amatrice de ce breuvage aux qualités illimitées, j’ai été enthousiaste par ce récit, au parfum à la fois âpre et enivrant. L’auteur nous emmène aux quatre coins du monde nous faisant en cela découvrir tous les arômes de l’arabica au robusta jusqu’à l’actuel et plus « tendance » Nespresso.
Une belle balade imprégnée de caféine qui ravit le palais et les sens… Et l’on ne peut que se hâter vers la machine et se préparer un bon petit noir…
Puis vient le suspense du classement de ce roman sur notre site… Le grain brun sensuel magnifiquement raconté dans ce récit vaut-il un grand cru ou un cru bourgeois ? Après avoir ingurgité un deuxième petit noir bien corsé, les idées s’éclaircissent… J’ai tranché et lui attribuerai deux verres, non pour la qualité du récit – j’ai été enthousiaste dans l’ensemble et émue par Julien – mais peut-être parce que l’émotion que dégage Jo est plus larvée…
Le roman du café de Pascal Marmet, éd. du Rocher