Cru bourgeois

Funérarium – Etienne Ethaire

Laetitia apprend d’un simple coup de fil la mort de son père. Funérarium est le récit en 98 pages des trois jours entre cette mauvaise nouvelle et l’inhumation. Un plongeon instantané dans un tourbillon morbide. Pour corser le tout, Laetitia n’est pas une femme ordinaire, mais un écrivain sensible et angoissé. C’est à travers son esprit complexe et torturé que nous vivons les jours qui précèdent l’entrée fatidique au funérarium.

L’auteur nous fait entrer d’un bond dans la vie de cette fille névrosée, et nous fait suivre un à un tous ses actes et ses tourments. C’est avec une voix forte qu’il nous parle, en n’oubliant pas de nous servir quelques sarcasmes servis par une plume bien trempée. Une écriture directe et sans chichis,  mais une écriture univoque aussi. Le lecteur assiste impuissant à ses tribulations, et voyage dans les anfractuosités de son esprit. Il y a de la douleur mais aussi quelques moments de rire, plutôt jaunes. Le choix d’une voix unique, celle de la narratrice, donne un côté intimiste, séduisant. A contrario on pourrait préférer la liberté d’un narrateur extérieur et donc omnipotent et omniscient.

J’ai apprécié un certain anti-conformisme et un refus de tout traitement commercial. L’auteur a eu envie de se glisser dans la peau de cette femme, et il le fait sans ambages, sans clichés, sans exploiter aucune des recettes du roman, sans chercher particulièrement à plaire, sans pathos ni ruse de séduction. Il semble avoir laissé s’exprimer sa liberté d’artiste. Ce qui en fait une œuvre singulière, intéressante, mais qui ne figurera pas aux côtés de Musso ou Lévy (près du rayon charcuterie des supermarchés). Tant mieux !

Au niveau de l’ego, les écrivains sont des monstres de démesure.

“Ni fleurs ni couronnes. Venez plutôt danser sur ma tombe” mon père s’esclaffait. Même la volonté des morts, j’ai du mal à la respecter. Malgré une réticence, j’achète des fleurs. Blanches, uniquement.

Funérarium – Etienne Ethaire. Éditions du Somnambule Equivoque

Article publié par Noann le 29 août 2010 dans la catégorie Cru bourgeois

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