Cru bourgeois

La pizzeria du Vésuve – Pascaline Alleriana

Présentation de l’éditeur :

La jeunesse est le temps de tous les apprentissages. De tous les espoirs, vécus à un rythme effréné par Kenneth l’Irlandais, Gaétan le provincial, Hélène la Parisienne et Anselme l’îlien. Étourdis par les plaisirs du monde, ils se découvrent une audace éclatante : Kenneth dévore des yeux la sulfureuse Agnès, Gaétan ravit l’insatiable Delphine, Hélène dérobe le fiancé de son amie Viviane, Anselme subjugue une voyageuse impénitente. C’est alors que les déceptions surviennent. Trop vite, trop tôt… Dans les quatre nouvelles de ce recueil, se nouent d’âpres destins sur fond d’ailleurs, car la jeunesse est restée étrangère à elle-même pour posséder l’intensité

L’auteure :

Grande voyageuse, Pascaline Alleriana a parcouru l’Europe, les Amériques et l’Océanie. Chacun de ses itinéraires lui a donné à rencontrer des destins singuliers qui alimentent ses écrits. La vie quotidienne, vue par un autre regard que le sien, inspire très largement son œuvre. Avant de se lancer dans la carrière d’auteur, elle a affûté sa plume en suivant des cours d’écriture littéraire et scénaristique.

L’avis de Noann :La pizzeria du Vésuve

Si j’ai mis quelques mots de présentation au sujet de l’auteure, ce que je fais rarement, c’est parce que l’on devine dans ses mots toute sa personnalité et son vécu, ses voyages au bout du monde… Ses textes s’en ressentent profondément ; l’on passe de Londres à Rome, via Paris, pour se retrouver en définitive dans un atoll perdu du Pacifique. Tout ceci se déroule parfois à vive allure, en quelques mots, on se retrouve transportés à des milliers de kilomètres, de façon soudaine, inattendue, ou à peine préparée…

Les lieux sont décrits brièvement. Pas de grandes tirades mettant à profit des points de détail, sur la végétation ou les parcs, ni même sur la nature polynésienne qui fut de toute façon amplement décrite et exhibée, et sur laquelle il n’est point d’intérêt de s’appesantir… Mais si brèves qu’elles soient, les descriptions nous permettent de plonger dans l’histoire, et elles sont réalistes… L’auteure met à profit son sens de l’observation et sa connaissance des lieux. En trois mots, nous changeons de cap et n’avons aucune peine à imaginer le monde dense qui se dessine…

Ce recueil a ceci de particulier qu’il parcourt une trame, répercutée de page en page et au delà de la thématique propre à chaque texte. Les personnages sont jeunes, emplis d’illusions, ils aiment et détestent, ils se brisent aux facéties de la vie, rencontrent leurs premières désillusions. De fil en aiguille, un personnage central apparait, multiformes, polymorphe, de manière que l’ensemble figure en quelque sorte un roman, qui se superpose à ces quatre nouvelles, en filigrane.

L’écriture est concise, parfois brève, une alternance de phrases courtes le plus souvent, quelquefois précipitées, sans fluidité. Elle dépeint une toile en quatre parties par petites touches, un polyptyque impressionniste. Il faudra regarder ce tableau avec du recul et une certaine sagacité, le dessiner dans son esprit, redessiner même. L’art de l’esquisse et du suggéré est ici parfaitement maitrisé, presque trop… S’accrocher pour ne pas perdre le fil qui se ramifie et se complexifie… Peut-être revenir en arrière à la lecture, en particulier au niveau des dialogues assez brefs, voire sibyllins… L’ouvrage parait simple, en réalité il est dense, exigeant. Il peut être compris de différentes façons, ce qui est le propre des œuvres complexes, ou laisser des zones d’interrogation…

Fort d’un vocabulaire étendu en français, fort aussi d’un dictionnaire de poche qu’il tient sur ses genoux, Kenneth évite maint piège au moment de passer commande au restaurant. Escargots, salades de foies de volaille, pâtés de tête, paupiettes de veau, andouillettes défilent sur d’autres assiettes que la sienne. Comme le fumet de ces plats le rebute, il fait mine de se moucher lorsque ceux-ci sont servis à proximité. Son appétit reste intact et madame Alice ne remarque rien”

“L’homme va sur le port. Regarde la barque, les filets. Les cannes en cocotier, les hameçons. Quand est-ce qu’on sort taquiner le requin ? Eugène sursaute. Pierre explique que les requins sont paisibles, tant qu’on reste sans les attaquer. Il ne faut pas tuer les requins…”

La pizzeria du Vésuve – Pascaline Alleriana. Éditions Kirographaires

Date de parution : 20/01/2012  
Article publié par Noann le 8 avril 2012 dans la catégorie Cru bourgeois

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