Des hommes sans femmes – Haruki Murakami
Nous voici au Pays du Soleil Levant, sans avoir quitté notre terre… À travers sept courts récits, l’auteur nous emmène au Japon pour y rencontrer des femmes, exclusivement, mais nous parle surtout de ce que celles-ci ont abandonné intentionnellement ou non de leur présent ou de leur passé. Si les personnages principaux sont féminins, l’auteur s’intéresse au parcours chaotique des hommes qui n’ont d’autre choix que combattre la solitude et l’abandon que leurs compagnes respectives leur ont laissé et de lutter quotidiennement afin que leur désarroi et leur déveine ne soient plus que de mauvais souvenirs.
Ainsi, ils poursuivent leur quête d’un compagnon à qui se confier en toute intimité, digne de les aider à se reconstruire.
L’auteur nous livre de courts récits intimes dans un style épuré et tout en délicatesse. L’écriture est éthérée, très élégante et ne laisse jamais transparaître quelque pas de côté ni tumultes, ce que l’auteur ne souhaiterait d’aucune sorte. Comme une infusion de thé vert, le récit se délecte par petites gorgées et diffuse dans la mémoire le souvenir exquis de cette infusion apaisante et lénitive.
Comme à l’accoutumée dans la littérature japonaise, il ne se passe fondamentalement pas grand-chose, mais il n’en demeure pas moins qu’ici encore plane cette atmosphère délicieuse qui baigne la culture nippone, toujours si raffinée et enchanteresse. Une quiétude comme il n’en n’existe nulle part ailleurs…
Un recueil de nouvelles bouleversant, où jouxtent harmonieusement l’amour, la tristesse larvée et la peur du vide qu’engendre l’absence de l’autre. Mais derrière ces larmes intérieures n’y-a-t-il pas un désir effréné d’en sortir à tout prix et d’oublier ces femmes ambiguës, un peu fantasques ou imaginaires ?
Émotions, douleurs larvées, fantastique séjournent en harmonie dans ce huis-clos doux-amer…
Des hommes sans femmes de Haruki Murakami, éd. Belfond