Grand vin

La lumière est à moi et autres nouvelles – Gilles Paris

Les héros mis en scène par l’auteur connaissent à tour de rôle la douleur et se démènent comme ils peuvent pour sortir des situations les plus étranges. Lior  voit sa mère se dégrader et guérir miraculeusement, tandis que le bel Eytan, séduit et prend plaisir à jouer avec les sentiments d’autrui. Puis Brune, Anton et Ben connaissent leurs premiers émois. Anton, Eytan, Angus, Julian, Aaron, Lior, Ethel, Anna, Ruth, Ambre, Brune, tous se croisent de près ou de loin sous le joug d’une existence jalonnée d’instants sombres, qui laissent parfois entrevoir un rai de lumière qui sauve et reconstruit. Car, certes, ils y croient fermement à ce coin de lumière qui tarde à apparaître… Et nous les suivons sur ce chemin sinueux, à la recherche de l’étoile salvatrice.

Dix-neuf nouvelles qui virevoltent, dansent un ballet douloureux. Un pas-de-deux où s’entremêlent de jeunes héros touchés par le deuil, l’abandon, la maladie d’un proche, tous meurtris par les blessures de la vie. L’auteur place ces héros malheureux dans une d’une sorte de bal de la tourmente, où l’espoir s’immisce vaille que vaille dans les abysses des cœurs bafoués et les âmes désolées, que le couperet de la vie a déchirés.

La lumière est à moi et autres nouvelles - Gilles ParisEt nous, lecteurs, allons à la rencontre de ces jeunes en perdition au cours d’un grand voyage minutieusement organisé par l’auteur, une traversée aux antipodes, dans des lieux magiques mais aussi dans les tréfonds des âmes brisées qui nourrissent un espoir, celui de survivre à tout prix, de connaître des demains baignés d’azur, de nouveaux soubresauts d’une vie meilleure.

Et l’auteur nous remue la mémoire, nous bouscule à l’intérieur à coup d’émotions et de délicatesse. Fusent en nos mémoires mille interrogations, surgissent en nos âmes les tourments enfouis, ceux-là qui ne demandent à ressortir illuminés d’une nouvelle lumière.

À travers une plume d’une grande fraicheur, d’une incontestable beauté, l’auteur nous renvoie à notre enfance et nos désarrois d’antan, de solitude, d’absence et de blessures. Mais aussi à ces bouts de vie entre gris clair et éclaircies, si souvent implorés, et peu de fois approchés…

La lumière est à moi et autres nouvelles par Gilles Paris, éd. Gallimard

Date de parution : 01/11/2018  
Article publié par Catherine le 16 décembre 2018 dans la catégorie Grand vin
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Premier Grand Cru Classé

Hôtel Waldheim – François Vallejo

En vacances avec sa tante à Davos, une station suisse huppée où se croisent l’élite intellectuelle et nantie, Jeff Valdera joue aux échecs, parle littérature avec une vieille dame habituée de l’endroit, s’initie au jeu de go avec un professeur d’histoire. Des années plus tard, une carte postale le met en demeure de se souvenir de l’Hôtel Waldheim. L’étrange auteure de la carte n’est autre que Frieda Steigl, la fille du joueur de go, résident de l’hôtel.

Ils se donnent rendez-vous et l’échange est d’emblée très ardent. Elle est irritée par son ingénuité tandis qu’il ne supporte pas sa rudesse. Les réminiscences reviennent, celles d’un adolescent candide, incapable de saisir le dessous des cartes. Mais la belle Frieda fait resurgir les événements et se remémore de l’histoire, celle de la guerre froide et des deux Allemagnes.

Hotel WaldheimFrieda tente de remuer la mémoire de Jeff, lui rappelle qu’il aurait même bien malgré lui livré des informations à la Stasi, afin de détruire un réseau de passeur entre la RDA et la Suisse. Mais il tombe des nues après les affirmations de sa belle interlocutrice. Lui, il se souvient surtout de ses 16 ans et de cet été 76 dans ce sinistre hôtel, où à défaut de courir le guilledou il passe ses journées dans la salle de jeu de l’hôtel où il s’adonne à des jeux de société, tue le temps en jouant aux échecs, apprend le jeu de go.

Un récit noir, majestueux et insolite, qui nous captive du début à la fin. L’auteur nous entraîne tout de go dans une histoire au suspense hitchcockien où se mêlent des atmosphères glauques et énigmatiques, dans lesquelles des personnages mystérieux se débattent et s’apostrophent. L’auteur met en scène ses deux héros et les entraîne sur une piste équivoque et jubilatoire en les poussant à reconstruire le puzzle de leur mémoire jusque dans les moindres détails. Puis il les incite à replonger dans le passé, dans ces pans de leur vie plus sombres, jusqu’à ce que se dévoilent des souvenirs scellés, des fragments de leur existence qu’ils ont préféré oublier.

Et en se jouant de la particularité de ses deux personnages principaux, il invite délicatement le lecteur à se remettre en question (avons-nous tous une anecdote du passé que l’on veut dévoiler ?) Au fil du récit, nous restons suspendus à la plume remarquable et nous hâtons vers l’épilogue en nous interrogeant sur ce que ce mystérieux hôtel Waldheim recèle de confidences des clients et autres intervenants, de leurs failles, des zones d’ombre de leurs âmes.

L’intensité de la narration, la dissection presque pharmaceutique de l’âme des personnages, l’atmosphère quelque peu ambigüe qui règne tout au long de l’histoire donnent à ce roman noir une puissance et une vigueur magistrales.

Hôtel Waldheim par François Vallejo, éd. Viviane Hamy

Date de parution : 30/08/2018  
Article publié par Catherine le 17 septembre 2018 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Cru bourgeois

Retour à Buenos Aires – Daniel Fohr

Pour sortir de sa lassitude et respecter les dernières volontés d’un oncle mourant, surnommé l’Aviateur, de disperser ses cendres dans le Rio del Plata à Buenos Aires, en mémoire d’un amour de jeunesse, le narrateur, un bibliothécaire peu actif, quitte le Havre à bord d’un cargo emportant avec lui l’urne funéraire du défunt oncle. La traversée est très longue, un mois, et l’équipage n’est guère sympathique, peu loquace et indifférent.

Mais le narrateur prend très à cœur sa mission et, à bord, il rencontre des personnages attendrissants de qui il se rapproche un peu, partage ses repas avec d’autres passagers et les compagnons du cargo et ne se sépare jamais de l’urne. Toujours posée à ses côtés, il lui parle, lui donne une sorte d’humanité, redonne vie en quelque sorte à cet oncle qu’il aimait, et le seul membre de famille qu’il lui restait. De prime abord, cela ressemble à une mission sentimentale de grande envergure, mais il s’agit surtout d’oublier les semaines interminables en pleine mer ou dans un porte-conteneurs aux longs couloirs grisâtres et sinistres, parce qu’au bout du voyage il faut veiller à accomplir une mission de grande importance.

Retour à Buenos AiresLa traversée se poursuit vaille que vaille et en prenant connaissance des lettres d’Amour que l’Aviateur a écrites ou reçues de sa bien-aimée, le narrateur essaie de deviner quelle relation avait existé entre eux, de quel amour étaient-ils habillés. Malgré ces périples d’un bout à l’autre du monde et de la désolation, l’auteur garde un sens aigu de la dérision et affronte la lassitude du quotidien, les affres d’une longue traversée, ballotté par l’océan déchainé lui donnant le mal de mer et le cœur au bord des lèvres.

L’auteur nous dresse tout de go le portrait d’un homme désabusé, qui noie sa solitude dans le whisky et se désole de l’autre vie qu’il a connue jadis, d’amour et de jeunesse.

Un récit insolite livré à travers une écriture légère et sans faux pas, rythmé par un style simple, des mots justes, sans ambages ni fioritures. Une pointe d’humour doux-amer s’immisce entre les lignes, donnant au récit la forme d’un journal de bord d’un homme ordinaire.

Un roman agréable, pour savourer les derniers soubresauts de l’été et se préparer doucement aux premiers balbutiements de la rentrée…

Retour à Buenos Aires de Daniel Fohr, éd. Slatkine & Cie

Date de parution : 1/3/2018  
Article publié par Catherine le 15 août 2018 dans la catégorie Cru bourgeois
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Cru bourgeois

3bis, rue Riquet – Frédérique Le Romancer

Dans un immeuble quelque part en plein Toulouse, des gens se croisent sans dire mot, les portes claquent et les bafouilles griffonnées par le syndic sur un écriteau ne sont guère plus chaleureuses. Au rez-de-chaussée il y a Cécile, traductrice, qui fuit le monde, vit recluse dans son appartement et surveille ses voisins par le judas de sa porte, tandis qu’au premier étage Lucie, elle, adore les bars, la vie du quartier, les sorties nombreuses en attendant de trouver le grand amour sur la toile. Puis il y a surtout Mado, ancienne Reine des trottoirs sur le retour, qui traîne dans la cage d’escalier. Avec son regard un peu halluciné, elle énerve les habitants de l’immeuble ou les attendrit selon qu’ils soient d’humeur à accepter ou non sa mémoire défaillante et ses soucis d’argent à la fin du mois, qui l’obligeait à faire encore quelques passes… Même si elle était propriétaire de son appartement depuis bien longtemps, la copropriété lui coûtait cher.

3bis, rue RiquetAu fil du temps, la fraternité et l’harmonie s’invitent dans ce huis clos charmant et petit à petit la charité s’installe. Mado réunit ses copines pour venir en aide à Marc et Lucie, moins chanceux en amitié et décidément trop pris par leurs activités professionnelles. Certains cultivent leur névrose tandis que d’autres s’épanchent et laissent entrevoir un fragment de leur personnalité, pas toujours un exemple…Mais qui peut prétendre n’avoir aucune faille ? Vaille que vaille les héros de cette histoire cocasse finissent par s’unir afin de sortir de leur perdition pour les uns, leur solitude pour les autres et tous parviennent à se soutenir pour que les lendemains soient rieurs et ensoleillés.

L’auteur nous livre aussi une belle réflexion sur les dangers du monde virtuel et la situation fragile de certains métiers, comme celui des prostituées.

Un bon moment de lecture, certes… Mais un récit qui me rappelle étrangement un autre excellent chroniqué ici il y a quelque temps, qui parle de solidarité entre les habitants d’un immeuble et dont les lecteurs conquis se désolent toujours d’une suite qui tarde… Certes, le présent récit traite de la même thématique, mais pour ma part je regrette toujours le magistral « Et puis Paulette » de Barbara Constantine, resté orphelin d’un deuxième volet…

3bis, rue Riquet par Frédérique Le Romancer, éd. Denoël

Date de parution : 12/4/2018  
Article publié par Catherine le 8 août 2018 dans la catégorie Cru bourgeois
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Premier Grand Cru Classé

Un arbre, un jour – Karine Lambert

“Du haut de mes trente-deux mètres, je les regarde vivre sur la place du village. Depuis cent trois ans, je partage leurs nuits et leurs jours, j’effeuille leurs amours et parfois j’envie leurs cris de joie.”

Selon un arrêté municipal, le platane du petit village provençal sera abattu le 21 mars. L’arbre centenaire, témoin secret de tous les villageois, celui qui les vus naître et grandir, va s’abattre sous les scies et les haches des bûcherons. Les habitants sont envahis d’une grande tristesse. Cette année, au lieu de célébrer le printemps, comme à l’accoutumée, le 21 mars sera une date maudite.

Mais le vieillard n’a pas encore dit son dernier mot… Il raconte sa vie d’arbre exemplaire, de sage philosophe. Il parle du village au milieu duquel il trônait fièrement, de ses habitants qu’il abritait, rassurait.

Effondrés par la nouvelle, chacun s’épanche, relate l’une ou l’autre anecdote autour de l’arbre. Ainsi, l’on renoue avec le passé, s’échange des confidences, l’on en apprend plus sur la vie de certains, les sentiments, les histoires d’amour même. Et avec la détermination et le courage d’un petit garçon, quelques habitants vont mener un combat acharné pour sauver le centenaire en sursis.

L’auteure nous ravit de cette promenade provençale douce et légère et l’on se sent d’emblée motivés pour sauver le vieil arbre pleine de santé, et d’arrêter le couperet lancé par le funeste arrêté municipal.

un arbre un jourL’écriture, sans fioritures, glisse délicatement et l’on se surprend ça et là à contempler la beauté du paysage à s’émouvoir de l’atmosphère de ce village authentique en pleine Provence où l’on n’a qu’une seule hâte, celle de s’asseoir près du grand arbre et déguster un délicieux jus de fruits. Dans ce récit qui exhale la garrigue, tout est chargé d’authenticité et de sentiments. La vie s’écoule autour d’un arbre que l’on veut sauver à tout prix et les personnages de cette histoire sont tous attachants. Même l’employé de la mairie, au départ bien décidé à respecter les ordres donnés par le maire finit par fléchir et rejoindre les militants. Tous sont bien décidés à se serrer les coudes pour sauver leur plus précieux aïeul.

Un roman tout simplement beau, parce que tout simplement rempli de sensibilité et d’émotions…

Mon ressenti … Les arbres ont ce pouvoir incontestable d’écouter les confidences, d’apporter aux cœurs meurtris un peu de sérénité. Puisse chacun de nous avoir dans sa vie un arbre d’exception contre lequel appuyer ses épaules, ou s’allonger sous le dais rassurant de ses feuillages.

Un arbre, un jour… de Karine Lambert, éd. Calmann-Lévy

Date de parution : 2/5/2018  
Article publié par Catherine le 8 juillet 2018 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Grand vin

Instantanés d’ambre – Yôko Ogawa

« C’est une boîte. Un coffret solide qui ne rouille pas à la pluie. C’est une boîte mais on ne peut l’emporter avec soi. Elle reste immobile en un endroit. En plus, hors de la maison, tournée vers l’extérieur, toute seule. Quelle ténacité. A l’extérieur du mur de briques, j’étais chargée d’aller chercher ce qu’il y avait dans cette boîte. Elle contenait des mots écrits sur des carrés de papier… »

Suite au décès d’une de ses filles, qu’elle attribue à un chien satanique qui lui aurait léché le visage alors qu’elle se promenait au parc avec sa maman, une mère veut protéger ses trois autre enfants et les calfeutre dans une grande bâtisse entourée d’un jardin, les martelant d’interdits et les obligeant à abandonner leurs prénoms d’origine. Ils s’appelleront désormais Opale, Ambre et Agathe, des noms de pierres porteuses de puissance.

Instantanés d’ambreDans cette geôle imposée bercée par le chant des oiseaux, tout n’est que douceur et enchantement, mais aussi solitude et isolement. La mère multiplie les absences pour son travail aux thermes, et les enfants se débrouillent comme ils peuvent dans leur nouvel environnement. Pendant qu’Opale danse, Agate joue de l’harmonium et Ambre dessine. Ainsi, la petite sœur surgit en point lumineux au coin de l’œil d’Ambre… Et voici que sont réunis les quatre enfants, le temps d’une étincelle, d’un rêve.

Une brise légère souffle sur les végétaux leur donnant un mouvement aérien. Loin des tumultes du monde, la quiétude semble s’être installée…

Mais derrière les murailles entourant leur jardin, les enfants oublient peu à peu la réalité. Ils imaginent de nouveaux jeux, se délectent de lectures, surtout celle des encyclopédies abandonnées par le père absent, se mettent à murmurer car il leur est interdit de crier, sont vêtus de haillons de trop petite taille, portent les cheveux en crinière ou pire encore sont parés d’une queue ou d’ailes cousues par la mère névrosée. Le jardin est bénéfique, certes, et leur fait oublier un peu les délires de leur maman et le cloisonnement dans cette alcôve de fortune. Ainsi, ils perdent leurs repères avec l’extérieur mais puisqu’ils se montrent respectueux des règles imposées par la maman, ils ne rencontreront pas le chien féroce qui rôde et les surveille…

De nombreuses questions nous viennent à l’esprit, dont une, fondamentale : à trop aimer ses enfants, les aimer mal surtout, en mettant des freins à leur épanouissement, en les isolant du monde, ne devient-on pas une mère destructrice ? Une autre réflexion s’invite en ce qui concerne l’effet délétère de notre monde, si cruel et si violent et sur le pouvoir de la nature, des animaux et de la musique et pour panser nos meurtrissures.

Une auteure qui fait jouxter avec délicatesse le surnaturel avec la réalité et nous donne un récit imprégné de poésie où raisonnent en écho les sons de la nature et des animaux, toujours rédempteurs dans ce monde où séjournent la violence et le mépris.

Ici encore, elle nous livre une fable très intense sur le deuil, le chagrin et la force du clan, le pouvoir des animaux et de la nature, de la musique et des mots pour éloigner la tristesse et contrer les effets néfastes du monde sur les cœurs endoloris.

Instantanés d’ambre de Yôko Ogawa, éd. Actes Sud

Date de parution : 4/4/2018  
Article publié par Catherine le 18 juin 2018 dans la catégorie Grand vin
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Grand vin

Le poids du monde est amour – David Thomas

“… nous traversions la vie avec une légèreté de phalène. Voilà, c’est à ça qu’il faut travailler, s’alléger.”

Un roman succinct mais délicieux scindé en quelques textes qui parlent d’amour, de passion, de sexe, aussi de la solitude quand la rupture sonne le glas de la fin d’une histoire de couple pourtant si belle jadis. Une promenade de confidences en confidences, tout droit sorties tantôt du cœur d’un homme tantôt de celui d’une femme, qu’ils soient enivrés ou meurtris. De courts récits – parfois si concis qu’ils se réduisent à quelques lignes, un ou deux paragraphes, deux pages tout au plus, mais qui sont chargés de mots justes, d’éclairs, d’embellies, de sourires larvés qui frisent la grimace parfois. Tous ces récits que l’on déguste tel un met gastronomique, qui laisse au palais de souvenirs de saveurs exquises, un écrin de mots qui touchent en plein cœur, virevoltent, s’entremêlent jusqu’à sonner en écho dans notre mémoire.

Le poids du monde est amourDes mots parfois empreints de grivoiserie mais jamais vulgaires pour décrire la déconvenue amoureuse, des secrets d’alcôve doucement révélés, des instants intimes dans ce qu’ils ont de fins ou de maladroits, des femmes et des hommes qui se dévoilent, crient en silence ce que l’amour leur a donné de meurtrissures ou de bonheur.

Nous partons explorer les chemins escarpés de l’amour, du célibat à la conquête amoureuse, des débuts d’histoires paradisiaques jusqu’aux épisodes orageux, mais la balade reste douce et légère, sans anicroche, même si parfois nous nous sentons un peu désarçonnés dans ce parcours.

L’auteur nous place au devant de la scène, scrute nos âmes, analyse nos remue-ménage intérieurs, sans nous laisser le privilège de la réplique. Nous voici complètement dénudés, à sa merci…

Et l’amour toujours en toile de fond…

Le poids du monde est amour de Davis Thomas

Date de parution : 13/4/2018  
Article publié par Catherine le 4 juin 2018 dans la catégorie Grand vin
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Premier Grand Cru Classé

Quelle n’est pas ma joie – Jens Christian Grondahl

« Voilà, ton mari est mort lui aussi, Anna. Ton mari, notre mari. J’aurais aimé qu’il repose à côté de toi. »

Quelque part dans la banlieue de Copenhague, Ellinor, la narratrice, a septante ans, lorsqu’elle perd son époux, Georg. Elle se décide à vendre rapidement leur maison cossue afin de retourner à Vesterbro, lieu de son enfance. Elle gamberge s’épanche et s’adresse à Anna, sa meilleure amie et la première épouse de Georg. Anna, par ailleurs décédée dans un accident avec Henning, le premier époux d’Ellinor et son amant. Certes, les deux époux avaient une liaison mais entre eux, il n’a jamais été question d’animosité ni d’acrimonie et la faculté de discernement et de compréhension avaient pris le dessus entre les deux survivants.

Quelle n’est pas ma joieEt pour remémorer une vie de couple bancale, bâtie dans la privation de l’autre, s’étourdir de la relation plutôt décontractée qu’elle entretient avec ses beaux-fils, se libérer d’anciens secrets enfouis, Ellinor se confesse à son ancienne amie, décédée depuis quarante ans.

À travers une plume élégante et délicate, l’auteur sonde les âmes dans ce qu’elles ont de vrai mais aussi d’ombragé, dans ce que les protagonistes connaissent de failles, d’écueils et de secrets scellés qui attendent le drame pour ressortir de l’alcôve d’un cœur meurtri, celui d’Ellinor en l’occurrence dans le présent récit. Comme à l’accoutumée, l’auteur, que j’ai apprécié à maintes reprises, scrute avec talent les relations humaines, quelles qu’elles soient : la famille, le couple, l’amitié.

Les messages qui émanent de ce roman succinct de toute beauté regorgent de bienveillance et d’harmonie. D’un bout à l’autre de l’histoire, Ellinor se dévoile, de ses désarrois, de la perte de son amie Anna âgée à l’époque de trente ans à peine, des non-dits quant à la liaison d’Anna et Henning, de son deuil puis enfin de sa solitude.

Un roman qui parle de lendemains de deuil, de lendemains de solitude mais l’auteur évite avec brio de tomber dans le pathos et la sensiblerie de pacotille en nous invitant à une méditation sur le sens de la vie lorsque les meurtrissures et les stigmates du passé laissent entrouverts de nouveaux horizons plus sereins.

Quelle n’est pas ma joie de Jens Christian Grondahl

Date de parution : 8/2/2018  
Article publié par Catherine le 20 mai 2018 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés