Présentation de l’éditeur :
Sacha, Jo et leurs amis appartiennent à la Génération H. Amateurs de skunk, de double zéro, de pollen, de charasse ou d’aya, ils passent leurs journées à fumer des deux ou trois-feuilles, à tirer des bangs, à se faire tourner des shiloms et des pipes en tout genre.
Un été au milieu des années 90, la petite bande part sur la route explorer toutes les facettes d’un nouveau style de vie alternatif qui s’offre à elle, dans un road trip haschiché et musical. Allant de festivals underground en free parties, de sound systems en soirées improbables pour bons beaufs de base, ils parcourent une France enfumée, traversée par un vent de liberté qui balaie tout sur son passage. En stop ou à pied, portés par le son des nouvelles musiques urbaines qui explosent (hip-hop, techno, ragga dancehall…), ils font les quatre cents coups, enchaînent les rencontres inattendues, les expériences mystiques et amoureuses, découvrent les joies de la vie de nomade, surmontent mille et une galères, en usant et abusant des spécialités cannabiques locales. Guidés par leur soif de vivre à cent à l’heure, et grâce à leur amitié indéfectible, ils brûlent leur jeunesse comme un spliff de weed et écrivent l’histoire d’une nouvelle France, où la consommation de haschich et d’herbe se généralise et s’intègre totalement à sa culture. La Génération H a enfin son roman. Faites tourner.
Mon avis :
J’avais aimé le premier roman de l’auteur, et j’attendais celui-ci avec impatience… L’attente n’a pas duré bien longtemps… Il a abouti dans ma boite aux lettres comme par magie (merci à l’expéditeur). Hélas, tout le monde n’entrera pas facilement dans ce roman plutôt destiné aux “initiés”…
Certes l’auteur nous décrit un monde chatoyant, où les jeunes évoluent sans contraintes, libres d’aller où et quand ils veulent, de festival techno où l’herbe circule comme le vent, jusqu’à… d’autres festivals. L’auteur semble maitriser parfaitement ce monde et y adhérer avec une force enthousiaste très convaincante. Il nous le décrit avec fièvre et brio. Il convaincra sans problème toute une génération branchée sur ces pratiques…
Le problème selon moi c’est le côté univoque. Il n’y a qu’une seule opinion, et quand un jeune dialogue avec un autre, ce n’est pas pour remettre en question leur mode de vie, c’est pour s’insurger qu’un champ de ganja soit remplacé par du pavot. Il n’y a aucun contrepoint, et le lecteur adhèrera… ou pas.
Je ne remets pas en cause les qualités d’écriture. Par contre les opinions de l’auteur me semblent discutables. Il semble considérer son roman comme l’apologie de la liberté… Ce qu’il confirme dans quelques interviews lus çà et là. Certes, la liberté consiste aussi à pouvoir aller où l’on veut et faire ce que l’on veut. Mais la question (qui tue) : l’usage d’une drogue, même dite “douce”, est-elle une forme de liberté ? D’aucuns, dont moi, croient encore que la drogue est par définition liberticide. Fumer dirons d’aucuns, c’est, aujourd’hui encore, être dépendant, et être dépendant, ce n’est pas être libre, c’est même tout le contraire.
Le gros défaut de ce roman, à mon avis, est le fait que l’auteur présente ses idées comme réelles et vraies, considère son avis comme le seul bon, et n’aborde aucune discussion sur le sujet, ni sur la société, présentée comme vile, pourrie, et complètement à revoir (ma foi, sur certains points, on sera d’accord)… Autre défaut, le scénario est assez mince ; il n’y a pas l’ombre d’un début d’intrigue, rien à quoi s’accrocher, et les presque 300 pages pourront paraître longues et ennuyeuses pour qui ne partage pas ce mode de pensée. Les personnages sont authentiques, certes certes, cela ne suffit pas à faire un bon roman. Les quelques références biblio- ou discographiques sont elles aussi revues de façon personnelle et… enfumée.
Si on le lit bien, fumer de l’herbe est bénéfique, c’est légitime, le salut d’une génération, la génération H. Mr Grondeau, vous ne m’avez pas convaincu (vous n’avez pas essayé d’ailleurs – je loue votre franchise)… De deux choses l’une : soit fumer est bénéfique et vous devriez fumer plus, soit c’est délétère et il faut arrêter.
Génération H d’Alexandre Grondeau. Éditions la lune sur le toit.
Date de parution : 08/02/2013
Article publié par Noann le 25 janvier 2013 dans la catégorie
Comestible ?
Résumé :
Sayaka Kurahashi va mal. Mariée à un homme d’affaires absent, mère d’une fillette de trois ans qu’elle maltraite, elle a déjà tenté de mettre fin à ses jours. Et puis il y a cette étonnante amnésie : elle n’a aucun souvenir avant l’âge de cinq ans. Plus étrange encore, les albums de famille ne renferment aucune photo d’elle au berceau, faisant ses premiers pas… Quand, à la mort de son père, elle reçoit une enveloppe contenant une énigmatique clef à tête de lion et un plan sommaire conduisant à une bâtisse isolée dans les montagnes, elle se dit que la maison recèle peut-être le secret de son mal-être. Elle demande à son ancien petit ami de l’y accompagner. Ils découvrent une construction apparemment abandonnée. L’entrée a été condamnée. Toutes les horloges sont arrêtées à la même heure. Dans une chambre d’enfant, ils trouvent le journal intime d’un petit garçon et comprennent peu à peu que cette inquiétante demeure a été le théâtre d’événements tragiques…
Mon avis :
La vie de Sayaka commence à l’âge de 5 ans. Tout son passé est effacé. Le présent est difficile pour elle, car elle n’arrive pas à avoir des relations normales avec les autres, et en particulier avec sa petite fille, qu’elle ne supporte pas, qu’elle a envie de maltraiter pour soigner ensuite. Ces relations anormales avec les autres et les enfants en particulier pourraient-elles avoir un rapport avec cette enfance dont elle ignore tout ? À la mort de son père, elle trouve une carte et une clé. À quoi cela peut-il correspondre ? Elle demande à son ancien petit ami de l’accompagner sur place. Une construction isolée, au milieu de nulle part… Ils décident de tout fouiller et petit à petit, ils trouvent certains éléments, quelques souvenirs remontent… Ils tentent de reconstruire la vie des personnes qui hantent les murs de cette maison. Inhabitée depuis plus de 23 ans, elle semble toutefois avoir été entretenue…
Un roman à suspense, psychologique. Ce n’est pas un polar. C’est une quête d’identité, la recherche de construction d’un passé basé sur des impressions éphémères plutôt que sur des souvenirs. La lecture du journal intime du petit garçon donne des pistes, mais encore faut- il comprendre à quels évènements et à qui il fait référence. Un indice amène souvent plus de questions que de réponses… Pourquoi toute la vie s’est arrêtée un certain jour à une certaine heure ? Les habitants sont-ils partis, ont-ils été tués, personne ne le sait… Personne dans la région ne se souvient avoir vu des gens dans cette maison, qui semble pourtant avoir été habitée par une famille. Quel est le lien entre Sayaka et la maison ? Existe-t-il vraiment ?
Un petit livre que je recommande vivement.
La maison où je suis mort autrefois – Keigo Higashino. Éditions Actes sud
Date de parution : 03/04/2010
Article publié par Yves Rogne le 21 janvier 2013 dans la catégorie
Grand vin
Présentation de l’éditeur :
« Je ne chercherai pas dans ce livre à me justifier ni même à présenter les choses sous un jour avantageux pour moi. Je ne ferai pas non plus l’apologie de ce que j’ai commis. Je comprends qu’on m’en veuille et, dans une certaine mesure, je comprends qu’on fantasme ma mort. (…) Je tiens d’ailleurs à m’excuser pour la véritable indécence que constitue ma vie. Je suis bien obligé de constater que ce défaut dans mon caractère m’a valu des succès… »
Le narrateur est un homme dominé par ses pulsions. Des plages normandes aux boulevards parisiens, du collège à l’Assemblée Nationale, il poursuit les femmes de sa passion destructrice. Ironie du sort, il deviendra pourtant responsable d’une association féministe. Mais pourra-t-il cacher indéfiniment ses penchants ?
Comment mener sa vie, comment fonder une famille lorsque des actes inavouables rythment et défigurent votre quotidien ?
Mon avis :
Avec ce court roman, l’auteur fait un pari risqué. Il mise tout dans la psyché d’un seul personnage, un pervers à qui le lecteur aura peine à trouver la moindre circonstance atténuante. L’auteur nous le livre sans fard, sans tenter d’atténuer sa responsabilité. L’homme dont il est question est détestable au plus haut point. On aura du mal à le comprendre, quand, dès les premières pages, il frappe tout à coup une femme qui l’aime. Alors que tout auteur normalement constitué tente d’émouvoir le lecteur, en lui présentant des personnages qui peuvent être mauvais mais s’amendent d’une façon ou l’autre, se remettent en question, ou sont rattrapés par la justice ou par les victimes, celui-ci poursuit ses violences purement gratuites tout au long d’une vie, sans quasiment être jamais inquiété.
La question : est-ce que ça le fait ? comme on dit. Je dois vous avouer que chez moi la méthode n’a pas vraiment marché, mais que le texte a suscité mon intérêt, mon effroi même… Et puis, en annexe, l’auteur nous livre quelques pages d’un “essai”, où il nous dévoile sa motivation et ses craintes à la publication de son ouvrage. Et finalement, ces quelques pages absolvent un peu cette histoire accablante… Dans le fond, son personnage serait un phantasme, une projection des idées lugubres de l’auteur, de son trop plein d’adrénaline, qu’il ne parvient pas à canaliser. Alors je me suis quelque peu retrouvé, j’ai pensé qu’on avait tous un surplus de hargne qui errait en nous et qu’il suffisait d’un accroc pour que le contenu se déverse. Il reste que le personnage de “l’homme qui frappait les femmes” est déroutant, voire décevant, parce qu’il frappe trop, trop vite, trop souvent, sans véritable raison, trop jeune, avant même que la vie, la boisson ou la drogue ait pu l’affecter. Toutefois le sujet est consensuel, et j’aimerais un peu plus de bouquins sur la violence de la femme, et un peu moins sur le leitmotiv rabâché et très à la mode de l’homme violent. Je ne me suis pas reconnu dans le personnage de l’auteur, et je n’ai reconnu aucun homme, peut-être par un a priori. Il me semblait que la violence, si elle est innée, ne peut s’épancher que dans certaines circonstances.
L’homme qui frappait les femmes de Aymeric Patricot. Éditions Léo Scheer
Date de parution : 06/02/2013
Article publié par Noann le 20 janvier 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
Il amoncelle tous les ennuis, les coups du sort et les malchances et sa vie n’est jalonnée que de drames, de soucis, de tristesses… Le héros vit un véritable enfer et ne comprend pas ce qui lui arrive…
Alors qu’il est licencié pour faute grave après avoir frappé un collègue malsain, sa femme demande le divorce. Soudain le voilà perclus de douleur au dos, une douleur intense et insupportable qu’aucun médicament ne peut soulager. Il cumule les examens, les scanners, I.R.M. et aucun de ceux-ci ne montre quelque dysfonctionnement que ce soit.
D’aucuns penseront à un mal-être tellement grand qu’il en devient pathologique et engendre une douleur physique. Somatisation ? On peut dire que le héros porte le poids de ses soucis sur les épaules… ou les lombaires.
L’auteur nous invite à suivre le chemin de croix de ce héros en perdition mais cela pourrait être n’importe qui d’entre nous, l’histoire étant sommes toutes d’une banalité affligeante.
Il y a certes quelques passages émouvants, mais ceux-là même montrent encore un homme qui se bat au quotidien pour sortir de ce magma de soucis, espérant trouver un jour l’amour, le salut, la sérénité.
Un récit qui prend tantôt l’allure d’un film dramatique tantôt celle d’une farce aigre-douce mais qui n’arrive jamais à emporter le lecteur, à le détacher de sa propre vie, fût-ce le temps de quelques escales d’euphorie puisqu’ici le héros se fourvoie dans les méandres de la calamité.
Après moult divagations, réflexions, errances médicales, le narrateur va mieux… Le lecteur en est ravi ! Mais pour ma part, après avoir refermé le livre, je me suis rendue à l’évidence. A l’instar des autres livres de l’auteur, il s’agit d’une succession de petits bouts de vie, d’aventures, d’épisodes parfois dramatiques suivis de clins d’œil pleins d’humour, mais chaque ligne de ces petits quotidiens chaotiques exhale un parfum de répétition qui lasse un peu le lecteur…
La dérision et l’humour de l’auteur sont omniprésents, mais l’histoire s’essouffle rapidement faute d’émotion et de sentiments. On est à mille lieues de « La délicatesse » qui donnait de beaux passages empreints de sensibilité.
L’écriture est mièvre parfois, sans envolée littéraire. Dans cette chronique de la vie quotidienne, je me suis alanguie en attendant le bruissement de la dernière page tournée…
Dommage…
Je vais mieux de David Foenkinos, éditions Gallimard
Date de parution : 10/01/2013
Article publié par Catherine le 18 janvier 2013 dans la catégorie
vin de table
Présentation de l’éditeur :
Mouche’, drôle de surnom pour une mère, surtout avec cette apostrophe en coin comme un clin d’oeil espiègle et affectueux.
Dans ce signe transparaît la fantaisie qu’elle partage avec sa fille romancière. Marie Lebey esquisse une caricature de sa mère, légèrement ridicule, avec son côté Madame Verdurin pour qui l’art et la beauté sont partout, sauf chez sa fille qu’elle ne voit pas. Elle va jusqu’à moquer ses origines belges dont Baudelaire dresse le portrait au vitriol dans Pauvre Belgique !
Après la mort de son mari et de sa fille aînée, Mouche’ a un peu perdu la raison et enfermé sa fille dans un musée peuplé des fantômes de ses ancêtres et de ses écrivains fétiches.
Pour lui échapper, celle-ci n’avait pas d’autre issue que de devenir une femme, belle et séduisante, captant le regard des hommes dans le seul but d’exister enfin aux yeux de quelqu’un.
Avec tendre ironie, originalité qui la caractérise, dont on comprend la source, Marie Lebey raconte l’histoire de sa relation avec cette femme, mais sans jamais régler ses comptes, bien au contraire, Mouche’ est une véritable lettre d’amour.
Mon avis :
L’auteure possède une plume remarquable, tendre et piquante à la fois, avec une véritable signature, ce qui devient rare à notre époque.
On prend plaisir à feuilleter les pages, ce qui ne se fait pas forcément dans l’ordre, ce récit est constitué de tranches de vie dont on peut se servir à sa guise, en commençant par le début ou le milieu. Remarquable aussi est le sens de l’observation de l’auteure, qui constelle son récit de petites notes, tantôt sur les lieux, tantôt sur des écrivains, Mouche est une littéraire, comme tout la famille, qui a un penchant pour Proust. Ces petites anecdotes agrémentent le récit et lui confèrent une ambiance.
Le livre de Marie Lebey est touchant, drôle mais pas désopilant, berçant plutôt dans un esprit léger, avec un zeste d’auto-dérision, où la mère Mouche est le point de mire, comme elle le fut pour sa famille. Personnage truculent, charmant, qui méritait bien un petit opus dans les bibliothèques. L’auteure a une façon de retranscrire son passé, de le revisiter d’un esprit cocasse et singulier.
Mouche’ – Marie Lebey. Éditions Léo Scheer
Date de parution : 16/01/2013
Article publié par Noann le 16 janvier 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
Il y a des livres qui vous font découvrir le monde, d’autres par une sorte d’enchantement vont plus loin, ils vous instruisent sur vous-même. Ils pénètrent l’âme jusque dans ses méandres, interpellent comme par un dialogue complice. Ils révèlent quelque chose qui n’a rien d’extraordinaire au fond, mais qui se cache depuis longtemps, une réponse à un questionnement dont les solutions sont là, sans jamais se faire vérité manifeste. Et tout à coup, en quelques mots, le sens apparait, ça y est, l’auteur a donné la clé d’une énigme irrésolue au lecteur, il a pénétré l’esprit, l’a repu, l’a renseigné. Et c’est alors une grande découverte.
J’avoue être le candidat idéal pour cette lecture, après douze années d’enseignement jésuitique, ouvert sur le monde et tolérant avec la science, mais qui abolissait toute forme d’éveil sensuel, jusque dans les cours de biologie, où toute reproduction reposant sur une pénétration était soigneusement éludée. On sort grandis de ce genre de milieu, mais pas indemnes…
Car la clé de voûte de ce roman est la dualité entre la spiritualité catholique et les premiers désirs sexuels de quatre jeunes hommes, Bobby, le Saint, Luca, et le narrateur. Quatre jeunes gens comme il faut, éduqués dans des familles aisées, strictes, dans la plus pure tradition chrétienne, dogmatique, prétendument seule vraie, seul salut, unique vérité…
Mais voilà que cette éducation est ébranlée par la confrontation avec une bande de jeunes aux habitudes opposées. Les deux groupes ne sont pourtant pas très différents. Ils sont mus par le même désir de s’ouvrir, de découvrir l’autre, le pendant féminin, de se découvrir à travers elles. Il y a surtout Andrea, que tout le monde appelle Andre…
Andre est a priori l’incarnation du mal absolu. Une adolescente délurée, à la sexualité sans limite, provocante, luxurieuse… Une ado bouleversée, qui a tenté un suicide, et semble se réfugier dans des comportements… extrêmes, déviants diront certains. Elle bouleverse les quatre jeunes hommes, autant qu’elle les fascine. Ils en sont amoureux, affirme la quatrième de couverture. Rien n’est moins certain. Le Saint la fuit, Bobby suit une quête effrénée de spiritualité, quant aux deux autres… Un tel conflit moral ne peut-il se résoudre autrement que par le drame ?
Roman intimiste profond et sensible, “Emmaüs” ne laissera pas indifférent. Curieuse antithèse que l’auteur développe dans le détail, entre ferveur bien ancrée et sensualité débordante, dans un style classieux, un peu maniéré cela dit, avec quelques fioritures… Les pensées de ces quatre amis sont complexes, profondes, voire alambiquées. Ils sont sensibles, torturés à l’extrême… Voyage dans l’âme de jeunes gens en perdition, dont les croyances se heurtent à la réalité. L’auteur impose son style, il le fait de façon châtiée mais n’hésite pas à utiliser des mots crus tels qu’il en vient à la bouche de jeunes, si guindés qu’ils soient, et on parlera de baise, sans détours. Si ces apartés triviaux m’ont parfois dérangé dans certains romans, ils m’ont ici donné une impression de sincérité. Par éclaircies revient l’inspiration chrétienne, avec le soutien de la Bible, qui éclaire ce roman contrasté, dense, singulier… Curieux, cet entrelacs de citations bibliques, de recherche spirituelle, et de frasques…
Mon roman préféré de l’année, mais nous ne sommes que le 10 janvier…
Emmaüs d’Alessandro Baricco. Éditions Gallimard
Date de parution : 02/11/2012
Article publié par Noann le 10 janvier 2013 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Ce livre, rangé dans un coin d’étagère au milieu d’une librairie m’avait interpellée. Ceux mis en exergue sur un présentoir éclairés de spots et disposés debout comme pour ignorer les autres ne me séduisent pas souvent… Je leur préfère, sans conteste, les romans plus discrets qu’il faut aller rechercher pour les découvrir et s’imprégner de quelques lignes, cachés dans la pénombre d’un rayonnage se distinguant par le seul ordre alphabétique.
L’auteur a la dégaine d’un chanteur lyrique porte les cheveux longs et une lavallière. En le voyant, on le croit d’emblée littéraire jusque dans les os, grand maître des mots, homme de lettres, usant et abusant des richesses de la langue française, à travers des mots qui, déclamés naguère, résonnaient à l’oreille en mélopées majestueuses et couchés sur le papier ravissaient les yeux érudits.
Mais détrompez-vous et faites donc fi des apparences…
C’est dans l’univers des mathématiques qu’il va nous emmener. Et il nous parle de ses nuits sans sommeil, de ses jours dénués d’émotions, nous saoule de formules complexes qui donnent la migraine et auxquelles on ne comprend rien, fruits de ses recherches.
Voici donc le journal de bord d’un brillant chercheur qui tente de mettre au point un nouveau théorème qui le gratifiera plus tard d’un glorieux prix.
Avec un rythme effréné, il tient le lecteur en alerte, jouant tour à tour avec ses nerfs et sa mémoire. Par tous les moyens il tente de nous convaincre qu’à force de persévérance, il est possible de trouver dans méandres du monde des nombres.
Au fil des pages, on s’essouffle et abrutis de chiffres, on se dirige en chancelant vers la pharmacie pour ingurgiter une bonne dose de Paracétamol…
Pourtant l’auteur réussit un tour de maître et arrive à baigner de poésie cette balade cartésienne. Et l’on finit par se laisser prendre au jeu et aimer même les équations qui nous donnaient du fil à retordre dans notre vie de lycéen. A travers les mots de cet auteur passionné de mathématiques, l’inconnue devient magie, les théorèmes s’ornent de splendeur…
D’abord épuisée, les méninges en bouillie, je voulais bannir ce livre de ma bibliothèque et après une lecture assidue et moult réflexions, je l’ai refermé sereinement et il a trouvé sa place parmi ses voisins de poésie et d’émotions…
Moi qui suis un peu « vieille France », qui use parfois de mots désuets, férue de la langue française, j’ai fléchi… En lisant cet opus, j’ai regretté d’avoir tant abhorré les cours de mathématiques, n’y voyant alors que l’étude d’une matière bien contraignante et stérile…
Surprenant… Captivant…
Théorème vivant de Cédric Villani, éditions Grasset
Date de parution : 22/08/2012
Article publié par Catherine le 10 janvier 2013 dans la catégorie
Grand vin
“En souvenir d’André”. C’est par ces mots que les interlocuteurs d’un médecin, qui est aussi le narrateur, annoncent leur quête ultime : Ils sont en phase terminale d’une grave maladie, et souhaitent abréger leurs souffrances. Le médecin qui livre ici son témoignage est en effet connu pour se rendre aux chevets de certains grands malades. Il a une empathie particulière, qui se ressent très bien tout au long du récit, une façon à lui d’envelopper la douleur du patient, de le considérer, une manière d’accompagner le malade, de l’écouter sans le juger, de lui parler sans rien lui dire. Au fil des années, le médecin s’est pris au “jeu”, après son service, il passe chez des personnes dans le besoin d’en finir, et leur délivre la méthode qui les rendra enfin… Heureux…
L’histoire s’annonce grandiose dès les premières lignes, le lecteur ne manquera pas d’être intéressé, sinon capturé, par la quête de cet homme, sa façon d’appréhender la vie et son inéluctable contrepoint : la fin. En ce qui me concerne, je dois avouer que j’ai été emporté par certains passages, et que cette lecture fut agréable. Cependant, j’émettrai quelques bémols. D’abord tout n’est pas intéressant, si certains chapitres sont captivants, d’autres le sont moins. L’écriture a le mérite d’être facile à lire mais est assez basique…
En souvenir d’André – Martin Winckler. Éditions P.O.L.
Date de parution : 04/10/2012
Article publié par Noann le 8 janvier 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois