Grand vin

Gros-Câlin – Romain Gary

Couronné en 1975 par le Prix Goncourt pour son magnifique roman « La vie devant soi », Romain Gary nous revient… du Paradis avec un récit dont il estimait la fin trop écologique et qu’il voulait voir publier après sa mort…

Voici donc un récit décalé où l’auteur se retranche derrière le personnage d’Emile Ajar pour nous livrer avec candeur, humour et émotion la dérive d’un homme en quête d’amour. Il nous parle aussi de solitude dans un monde où chacun cloisonne ses petits bouts de vie sans s’ouvrir à autrui, sans se soucier des âmes qui dégringolent un peu plus chaque jour faute de rencontrer l’amour, le vrai, celui qui donne une lumière nouvelle, celui qui chasse la grisaille du quotidien.

Et notre personnage désabusé et meurtri en arrive à faire n’importe quoi pour survivre à cet amour déficient. En perpétuelle recherche de bras réconfortants et d’étreintes qui font défaut, il fait l’acquisition d’un python, sorte de symbole qui représente pour lui l’idée d’être enfin entouré, enlacé, serré comme il en rêve ardemment. Dans cet appartement parisien, notre héros en perdition partage la vie… d’un serpent de deux mètres.Gros câlin

Interpellée de prime abord par cette histoire un peu loufoque et conquise ensuite, je me suis laissé emportée par le héros, un homme touchant et sensible perdu dans le tumulte de la ville, où il se débat pour sortir de la sinistrose. Dans sa traversée au pays de la solitude, j’ai été émue de son acharnement à survivre dans un monde dénué d’émotion, de sensibilité et d’amour.

L’auteur déploie à merveille toutes les ficelles de son talent pour nous donner une analyse de la solitude dans une société où tout n’est que superficiel, dérisoire, plat.

Une fable étrange qui invite à la réflexion. Que sommes-nous dans cette jungle de pacotille où chacun survit vaille que vaille, suit une route toute tracée, espérant parfois un avenir baigné de lumière, ou des lendemains d’amour et de félicité ?

À travers son héros ingénu et charmant, l’auteur dépeint le monde moderne où chacun se désole et se fourvoie, trébuche et chancèle, pour trouver le salut, l’Amour, l’aboutissement…

Gros-Câlin de Romain Gary, Folio anniversaire, édition augmentée de la fin souhaitée par l’auteur

Article publié par Catherine le 5 janvier 2013 dans la catégorie Grand vin
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
Cru bourgeois

Lausanne – Antonio Soler

« Nous étions trois cœurs tressautant sur le plateau tournant d’une roulette un peu bancale. Aucun des trois n’était meilleur que les autres. »

Entre Genève et Lausanne, Margarita remue son passé. Dans ce train, elle médite, se souvient et se mêlent dans sa tête les souvenirs d’une vie jalonnée de souffrances larvées, de bonheurs avortés, d’images mélancoliques, de douleurs qui ne se cicatrisent pas.

Un voyage en train pour voir défiler une vie et analyser le présent qui n’a pas guéri les blessures de l’enfance, un aujourd’hui ambigu et l’espoir d’un lendemain baigné de lumière, enfin, in extremis…Lausanne

Le lecteur est bercé doucement par le bruit des crémaillères sur les rails et se fait le confident de Margarita, perdue entre Jesus, son mari épris d’une amie violoniste et un amant… Tous les personnages qui l’entourent dans ce train d’amertume sont hostiles et finissent par devenir des figurants dérangeants que Margarita condamne et compare un peu à ceux de sa vie, comme cette femme qui ressemble étrangement à Suzanne, son amie, sa confidente, jusqu’à ce fameux jour où elle la présenta à son mari…

L’auteur nous livre un récit grave et misérable. L’on essuie une larme à l’œil en s’effleurant doucement les paupières pour l’éponger mais on finit par ne plus cesser de pleurer jusqu’au mot de la fin.

Une plume magistrale, certes, pour traduire cette désespérance mais aussi une invitation au mal être et à la déception à travers la pensée d’une femme à l’âme fracturée, dédaignée, qui se lamente en sourdine, laissant au lecteur un goût d’amertume et entraînant celui-ci dans une dégringolade vers la spleen et le chagrin. Tandis que les yeux se brouillent de larmes, le cœur chancelle et chavire de détresse et de mélancolie…

Pourtant derrière le masque de tristesse et les yeux cernés de larmes, se cache un pâle espoir, la volonté d’une femme désireuse de reconquérir un cœur perdu, à n’importe quel prix.

Un roman à mettre dans les mains de lecteurs bien dans leur tête et dans leur peau…

Lausanne d’Antonio Soler, éditions Albin Michel

Date de parution : 31/10/2012  
Article publié par Catherine le 29 décembre 2012 dans la catégorie Cru bourgeois
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
Grand vin

Le chat philosophe – Kwong Kuen Shan

En cette fin d’année, entre les achats de cadeaux, les embouteillages, la pression engendrée par les medias au sujet de la crise ressentie plus que jamais, les résultats navrants du football, les affres des politiciens et la fin du monde pour demain, tous ces abrutissements qui rendent l’homme fou, il y a encore des petites parcelles de bonheur, des instants intenses, de belles personnes, de belles amours qui nous poussent à continuer malgré tout…

Et il y a aussi de petits achats qui font du bien. En poussant la porte d’une librairie, un petit ouvrage m’a attirée. Passionnée par les chats, je n’ai pu résister et en ai d’emblée fait l’acquisition.

Ils sont autonomes – parfois même les trouve-t-on un peu hautains, vivent dans l’instant présent, vous adoptent s’ils sentent en vous un complice qui les comprenne, qui soit réceptif à leur philosophie.Le chat philosophe

Ils sont à mille lieues de se soucier des tumultes et de la vie stressante des humains toujours sous pression, toujours sur l’échafaud et déambulent nonchalamment en toisant du regard ces bipèdes qui n’ont rien compris à la vie.

Entre proverbes asiatiques, poèmes et belles citations, l’auteur nous invite à une promenade de sérénité à travers quelques toiles glissées entre les lignes. Elle nous donne une belle leçon de vie et nous livre un opus succinct mais baigné de béatitude et de douceur.

Et le lecteur se laisse emporter dans le monde de la gent féline, où ne règnent que la paix et la quiétude. En refermant le livre, l’on aspire à une chose, les suivre dans leur chemin merveilleux.

Un petit livre qui envoûte et transporte… Un petit arrêt sur images, une pause tendresse pour Noël…

Le chat philosophe de Kwong Kuen Shan, éd. Pocket

Date de parution : 08/11/2012  
Article publié par Catherine le 23 décembre 2012 dans la catégorie Grand vin
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
Grand vin

Le jardin perdu – Jorn de Précy

Présentation de l’éditeur :

Première traduction française du précis sur l’art des jardins de Jorn de Précy, une des voix les plus énigmatiques et originales de l’Angleterre victorienne. A la fois traité fondateur, manifeste existentiel et réflexion sur le rapport de l’homme à la nature qui préfigure les théories contemporaines de l’“écologie profonde”, cet essai rappelle que jardiner est avant tout une façon d’être au monde. Mais il affirme également que le jardin est devenu un lieu de résistance, en rupture avec la société de masse dominée par l’économie. Qui est Jorn de Précy ? On sait peu de choses sur cet Islandais mystérieux et solitaire, né en 1837. Il aurait quitté très jeune son pays pour visiter l’Italie et la France, et plus précisément leurs célèbres jardins. Il se serait ensuite établi en Angleterre, pour façonner patiemment, durant près d’un demi-siècle, son célèbre “ jardin sauvage” de Greystone.

En 1912, à la fin de sa vie, il rédige ce précis, qui est bien davantage une réflexion sur le rapport de l’homme à la nature et une biographie jardinière qu’un traité technique. Il y expose ses idées sur les jardins mais aussi ses observations sur les mutations sociales d’une époque où se manifestaient les prémisses de la modernité : la perte du spirituel, le matérialisme triomphant, l’urbanisation et la dégradation des paysages.Le jardin perdu Au fil d’un récit où le lecteur voit défiler les grands jardins de l’époque, des jardiniers et des philosophes amis de l’auteur, Précy laisse apparaître peu à peu sa vision du monde : comment renouer avec la nature, comment comprendre et respecter l’esprit d’un lieu, comment, pour citer Hölderlin, “habiter le monde en poète”. Chez Jorn de Précy, le jardin devient un espace propre à sauver l’homme des fléaux modernes, seul apte à le ressourcer et à lui faire prendre conscience du fait qu’il appartient à cette Nature qu’il prétend dominer.

Tour à tour badin, mélancolique, ironique, féroce et touchant, ce texte frappe par sa stupéfiante actualité. Les idées de Jorn de Précy parlent de notre monde contemporain et semblent paradoxalement très en avance sur leur temps : la solitude de l’homme-masse, la prolifération des “non-lieux”, le nomadisme de l’individu moderne… En matière de jardins, Précy semble anticiper sur les pratiques “écologiques” d’aujourd’hui, de même que sa conception du wild garden préfigure des théories contemporaines comme le “jardin en mouvement” ou le “jardin planétaire” de Gilles Clément. Depuis sa sortie en 1912, ce court et brillant essai circule presque clandestinement en Angleterre.

Mon avis :

Ce petit essai est assez particulier. Il a été écrit il y a un siècle, et pourtant il n’a rien perdu de sa valeur et reste tout à fait d’actualité. La philosophie est intemporelle il est vrai. Pourtant, on croirait que ce livre a été rédigé très récemment… L’auteur nous incite à admirer les vertus de la nature, dans une écriture soignée et agréable à lire. Mieux encore, il nous met en garde contre les pièges de la modernité, contre les villes qui nous privent des merveilles de la nature et nous déshumanise. C’est en même temps plein de bon sens, et criant de vérité. Lisez plutôt :

“Je n’ai jamais pu dépasser mon allergie pour la technologie moderne. Toutes les grandes nouveautés qui déferlent constamment sur nos vies et les transforment de fond en comble, de la machine à vapeur à l’automobile, en passant pas le télégraphe, m’indisposent. Pour quelque raison impénétrable, ces appareils sont toujours laids, produisent des sons disgracieux, et, surtout, ils appauvrissent le monde.”

L’auteur prône un retour aux sources, à Dieu, aux véritables valeurs. Il nous communique sa ferveur, son amour pour le vrai, les jardins, les merveilles naturelles. À consommer sans modération.

Le jardin perdu de Jorn de Précy. Éditions Actes sud

Date de parution : 07/09/2011  
Article publié par Noann le 22 décembre 2012 dans la catégorie Grand vin
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
vin de table

On a tous à y gagner – David Jones

Le livre

Loin d’être deux sujets distincts, les réseaux sociaux et la responsabilité sociale sont, au contraire, étroitement liés. Avec l’avènement des Facebook, Twitter et autres, les milieux d’affaires, les politiciens et dirigeants se voient poussés, enfin, à s’engager véritablement sur la voie d’un futur responsable.

Comment ? C’est tout l’objet de cet ouvrage dans lequel David Jones nous explique comment Millenials et Prosumers, ces jeunes de la génération Y et consommateurs activistes, peuvent faire ou défaire une réputation en un tweet ou en un simple clic.

Clients, salariés, ou même actionnaires, tous aujourd’hui tiennent pour acquis ou presque l’obligation morale des entreprises à bien agir. Ils attendent d’elles authenticité et transparence. Et si tel n’était pas le cas, ils n’hésitent plus à le faire savoir sur les réseaux sociaux.

Fini le greenwashing donc, ou la propension à rehausser artificiellement son image. Place aux engagements fermes. Faire le bien n’est ni un phénomène de mode ni un simple avantage concurrentiel, c’est une exigence à inscrire au coeur de l’ADN de toute entreprise.On a tous à y gagner

Véritable plaidoyer en faveur d’un changement de paradigmes, ce livre propose de nombreux exemples et études de cas aussi éloquents que stimulants, qui convaincront même les derniers réfractaires.

Car les entreprises et les organisations qui souscriront à l’idée de « good business » seront largement récompensées.

L’auteur

Le Forum économique mondial a décerné le titre de Young Global Leader à David Jones, remarqué pour ses qualités de visionnaire, et pour sa défense de la responsabilité sociale des entreprises et du changement social. Il est le plus jeune directeur général de l’histoire de la publicité : actuellement à la tête de Havas et de Havas Worldwide, et seul dirigeant britannique d’une société française cotée. Il a joué un rôle moteur dans la campagne de Kofi Annan, campagne pour la justice climatique, qui a recueilli 18 millions de signatures d’adhérents à la lutte contre le changement climatique, ce qui en fait l’un des plus grands succès pour une grande cause. Il est le cofondateur de One Young World (que CNN décrit comme le «Davos des jeunes»). C’est une organisation sans but lucratif qui offre une plateforme mondiale aux jeunes talents afin qu’ils puissent initier des changements positifs. Il a également travaillé en collaboration étroite avec David Cameron et le parti conservateur britannique, entre 2007 et l’élection de M. Cameron comme premier ministre en 2010.

David est l’inventeur de la Social Business Idea®, et auteur d’un livre à grand succès Who Cares Wins: Why Good Business Is Better Business, publié en anglais en 2011 par Pearson/FT Publishing et traduit dans plusieurs langues (chinois, français, portugais, coréen, japonais et espagnol).

David a été inscrit au Hall of Achievement de la Fédération américaine de la publicité en 2005, proclamé l’un des deux meilleurs dirigeants de la décennie par les lecteurs de Adweek, nominé par CR Magazine parmi les PDG responsables de l’année 2011, et inclus dans la liste des « 40 de moins de 40 ans » par Crain’s New York Business et aussi par Advertising Age. Il est membre du Comité Clients de Facebook.

Mon avis :

Quel bouillonnement, quel foisonnement d’idées ! L’auteur est non seulement maître de son sujet, mais aussi très doué dans l’art de la dialectique… Il connait parfaitement sa thématique, et nous parle avec un enthousiasme communicatif. Il entend changer le monde, et pour ce faire, il est convaincu que tout est à notre portée, et que l’avenir sera, sinon radieux, du moins que l’être humain profitera des nouvelles technologies pour évoluer. Et pour ce faire, il dispose déjà d’outils merveilleux : Facebook, Youtube, etc… En effet, une vidéo ou un message sur un de ces sites peut rapidement faire le tour du monde… L’auteur est persuadé que ces techniques vont être d’une aide fort appréciable pour les petites organisations et même pour les particulier, et bouleverser le monde…

Personnellement, si je trouve le concept intéressant, et que la philosophie dégagée par l’auteur est digne d’intérêt, je constate aussi que pour un message qui fait le tour du monde, des millions d’autres se perdent dans les arcanes de Facebook and co… Et que ce genre de média est devenu un fourre-tout indescriptible, où une chatte ne retrouverait pas ses jeunes, même sur la page de Chamitié… L’information ne peut pas être vérifiée le plus souvent, les intoxs circulent comme les courants d’air. Force est de constater que ce genre de site n’a pas changé la face du monde. Enfin, l’auteur développe avec talent  ses hypothèses… Mais sans citer de source fiable, se contenant d’arguments spécieux comme “une étude a dit que…” mais sans nommer ladite étude… Dommage !

On a tous à y gagner – David Jones Éditions Pearson

Date de parution : 28/11/2012  
Article publié par Noann le 22 décembre 2012 dans la catégorie vin de table
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
Premier Grand Cru Classé

La fin des temps – Haruki Murakami

Un informaticien talentueux mène une vie dissolue dans des lieux de perdition imbibés d’alcool, se gave d’amours éphémères, de bonne chair et de musique jusqu’au jour où un vieux savant reclus dans les sous-sols d’un immeuble, inventeur d’un programme informatique de grande envergure va l’inviter à collaborer étroitement afin de troubler ce programme…

Le héros va connaître alors une aventure inattendue … Il se retrouve plongé dans des abîmes hantés de licornes et autres créatures à la fois merveilleuses et effrayantes, une sorte d’univers dénué de sentiments, sans plaisir ni tristesse. Un lieu au parfum de fin du monde où fantasmes et vérité se mêlent. Et la mission de ce héros déluré sera de sonder les crânes des créatures et leur subconscient pour détecter ce que révèlent les os et les chairs de nos cerveaux.

Dans ces profondeurs abyssales, le héros a l’âme en plein chaos, lui faisant imaginer que les deux univers peuvent coexister et s’accorder en harmonie.

Le récit foisonne de références philosophiques et côtoie un univers fantastique qui happe d’emblée le lecteur et le transporte longtemps encore lorsque sonne le mot de la fin.La fin des temps

L’auteur nous invite à le suivre dans un dédale d’émotions qui font frissonner et nous accueille dans un univers mystérieux et surnaturel. L’auteur ne se borne pas à nous faire voyager dans un récit au bord de la science fiction mais il parle du Japon de la fin des années 80 et nous donne une belle réflexion sur la difficulté de se situer, d’être soi dans un monde gorgé de superficialité, dénué de valeurs et d’émotion. Il nous parle du quotidien, de la vie de son Japon natal mais aussi d’un ailleurs où tout bascule, où tout n’est que qu’une lente descente vers la paix intérieure, la mort aussi…

Science et fantastique embrasent les paragraphes de ce récit grandiose. On croise çà et là des êtres extraordinaires se heurtant à la vérité et au rationnel mais jamais le lecteur n’est gêné de cette bousculade d’un monde à l’autre et se laisse porter aux antipodes sans rebrousser chemin.

Le roman est saisissant par sa profondeur et le style de l’auteur, tout en légèreté et en finesse nous désarme mais l’on se sent guidé aussi, se retrouvant comme un funambule en équilibre au-dessus de deux entités.

Les chapitres se succèdent, intenses, et l’on ne sort pas indemne de cette balade entre deux mondes parallèles. Ainsi, le cœur tressaute et frémit de soubresauts émotionnels. Un livre à vivre plutôt qu’à lire, une leçon de vie magistralement couché sur le papier.

Robuste et délicat à la fois, un roman que j’ai cloisonné dans mon âme et dont je porterai les stigmates longtemps encore…

La fin des temps de Haruki Murakami, Edition Collector Poche

Date de parution : 08/11/2012  
Article publié par Catherine le 16 décembre 2012 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
Cru bourgeois

L’amour commence en hiver – Simon Van Booy

Deux histoires parallèles… Bruno est un violoncelliste mélancolique, qui emporte partout un souvenir, la moufle d’une fille qu’il a connue il y a vingt ans, Anna, disparue de façon tragique. Par chapitres entrelacés, nous découvrons Hannah, une femme perturbée par la mort de son frère, tombé d’une branche. Elle garde un souvenir de lui, des glands d’un arbre, soigneusement dans sa poche.

L'amour commence en hiverLes deux personnages se rencontrent de façon impromptue et étrange, dans un grand hôtel américain… Une bousculade. Ils sont intrigués l’un par l’autre, se revoient dans un parc… Ils s’éprennent lentement l’un de l’autre, se confient leurs secrets les mieux gardés…

Court roman d’une centaine de pages, “L’amour commence en hiver” est écrit dans un style agréable, métaphorique, comme des petites touches de peinture fluides, qui forment une sorte de grande aquarelle assez diluée. Les couleurs viennent discrètement et à doses homéopathiques, de sorte que le lecteur est attisé par la curiosité de savoir ce qui va se passer, et comment Bruno et Hannah vont se rencontrer et parvenir ensemble à communier leurs douleurs.

L’ensemble parait très mélancolique, léger, éthéré, éclairé cependant par de petites lueurs d’espoir, et l’amour qui sauvera ces deux êtres perdus, au delà de la mort. Si le style est léger globalement, il fait néanmoins usage de quelques formules de style parfois sibyllines, voire stériles, ce qui casse le charme. Certes la traduction de l’anglais n’a pas aidé. Il y a une beauté cachée dans les non-dits et les métaphores, mais assez discrète… Qui laissera perplexe un lecteur trop rationnel. Cependant, j’ai eu le sentiment que l’auteur donnait dans l’affection de façon trop constante, et parlait avec un enthousiasme que lui seul, finalement était le seul à ressentir. Si la lecture fut agréable, je reste assez dubitatif, la dernière ligne tournée, avec une impression d’être passé à côté de quelque chose, mais de quoi ?

L’amour commence en hiver – Simon Van Booy. Éditions Autrement

Date de parution : 05/09/2012  
Article publié par Noann le 14 décembre 2012 dans la catégorie Cru bourgeois
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
 
Grand vin

La vérité sur l’affaire Harry Québert – Joël Dicker

Résumé :

À New York, au printemps 2008, lorsque l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois.

Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.La vérité sur l'affaire Quebert

Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?

Mon avis :

Une fois de plus je trouve que le Goncourt des lycéens récompense un bon livre. C’est un pavé mais il vous colle aux mains… Une fois commencé je ne l’ai plus lâché. Certes on ne va pas s’extasier sur le style, et pourtant, il est fluide, agréable à lire et il change en fonction des personnages, des circonstances, des supports, des époques. Subtilement… C’est un excellent roman, un polar très bien construit, une analyse de la société américaine bien-pensante… Une histoire d’amour, une enquête policière, un coin de voile soulevé sur les dessous des agissements de la société religieuse, policière, littéraire, publicitaire… le poids des regrets, des soupçons, des partis-pris, de l’ambition, de la société mercantile….. On va de rebondissements en rebondissements… On sent que l’auteur aime tous ses personnages… Et il y a plusieurs histoires, plusieurs romans en un seul, et tout finit par se recouper, prendre la place dans l’intrigue….. On enquête dans le présent et le passé… et on découvre l’Amérique et ses excès….. et on est accrochés de la première à la dernière page…..

La vérité sur l’affaire Harry Québert – Joël Dicker.  Éditions de Fallois

Date de parution : 19/09/2012  
Article publié par Yves Rogne le 14 décembre 2012 dans la catégorie Grand vin
Facebook Twitter Netvibes Mail
 
« 1 2 ... 35 36 37 38 39 ... 83 84 »

Blog de littérature. Critiques, extraits, avis sur les livres…

Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés