Blanche anime un atelier d’écriture dans une maison de retraite en plein bocage normand. Elle se retrouve malgré elle complice d’une coterie en cavale… Ainsi le gang conduit par une septuagénaire en fauteuil roulant qui a perdu la tête et ses deux acolytes armés jusqu’aux dents, est bien déterminé à faire parler de lui, quitte à se montrer parfois un peu violent…
Blanche, tourmentée, tente de panser les douleurs de son passé, s’investit corps et âme pour suivre ces personnes au cœur fracturé. Et chacun y va de son expérience, s’épanche et se confie, livre des secrets larvés, des révoltes intérieures. De toutes ces confidences, Blanche apprendra de lourds secrets au sujet de son père…
Voici l’histoire d’un petit groupe de retraités… pas tranquilles.
Un titre qui interpelle et intrigue…
Dès les premières pages, le lecteur est entraîné dans cette histoire loufoque qui lui donnera de beaux moment d’émotions, mais parfois une larme à l’œil aussi
À travers une plume tantôt enjouée, tantôt plus ténue, l’auteur nous livre une drôle d’histoire qui fait tomber les clichés sur le troisième âge… Les personnages sont attachants, pleins d’humour, mais on sent en eux une grande détresse, non celle de vieillir trop vite mais peut-être celle de n’avoir pas dit le dernier mot, celle d’être sans doute passé à côté de l’essentiel, d’avoir attendu trop longtemps pour vivre pleinement ses désirs et ses envies.
Un récit délicieux et cocasse qui exhale la folie en retard, mais que le poids des ans n’émousse pas…
J’ai aimé cette façon qu’a l’auteur de dire la vieillesse avec des mots infiniment forts dénués d’images négatives.
Je vais beaucoup mieux que mes copains morts de Viviane Chocas, éditions Héloïse d’Ormesson
Date de parution : 12/01/2012
Article publié par Catherine le 8 juillet 2012 dans la catégorie
Grand vin
Traduttore, traditore est une paronomase italienne, c’est à dire une expression qui joue sur la ressemblance entre deux mots… Littéralement, cela signifie “traducteur, traitre”. Une manière de dire que toute traduction est une interprétation, forcément infidèle à l’original…
Cette expression illustre bien le dernier livre d’Erri De Luca, traduit dans notre langue… Il contient quelques phrases imbuvables. Or sur Livrogne.com, nous aimons les grands vins qui coulent aisément dans le palais. Mais quelques exemples valent mieux qu’un long discours :
“Elles étaient adressées avec le “tu”, car chacun est un morceau solitaire à tenir serré pour le travailler au tour”
“La terre est notre hauteur piétinable.”
“Il était parti pour la montée un jour à rester à l’abri sous la tente.”
En revanche, d’autres sont riches et pleines de sens :
“Quand un homme agit pour défendre une femme, il fait le seul geste qui justifie sa force.”
“En montant, il rencontrait des arbres, il s’arrêtait près du dernier, celui qui avait pris racine à l’écart des autres, le plus exposé à la foudre. Celui qui s’approche d’un arbre sait qu’il est enlacé par son ombre.”
Le style d’un livre est évidemment à même de modifier une grande œuvre, la porter, la transcender, ou la détruire, à lui tout seul… Aussi suis-je très étonné que les chroniqueurs dont j’ai lu les articles passent ses défauts sous silence, et s’extasient devant le contenu. Il est vrai que même les blogs de particuliers perdent leur indépendance, à recevoir service de presse et cadeaux en tout genre.
Quant au contenu, l’auteur évoque les dix commandements, qu’il présente tour à tour, avec une certaine indépendance mais un éclairage tout de même judaïque. Dans une première partie, l’auteur amène la genèse sous forme d’une historiette. Un montagnard robuste escalade le mont Sinaï. Le ton est évidemment allégorique… La montagne c’est le sommet, mais aussi le point de départ. C’est la frontière avec le Ciel, séparé par une mince peau. La montagne se prête aux plus douces allusions idéologiques, ainsi qu’à des développements d’essence poétique. Ah s’il n’y avait le massacre de la traduction… Ces mots doivent couler dans l’oreille et résonner dans l’esprit, en version originale. L’alpiniste, appelons-le Moïse, entend la voix de Dieu. Il devient l’élu, le messager de son peuple. Il délivre son message aux hommes, les fameux commandements. L’auteur ne les voit pas comme des ordres, mais plutôt comme des guides spirituels aptes à édifier le monde… Il termine par deux courts chapitres, l’un présentant les bienfaits de la voix prophétique, et l’autre où il explique sa motivation, son intérêt pour le judaïsme, mais aussi la distance qu’il entend garder.
Ce court opus entrera plus ou moins en résonance avec les intérêts et convictions religieuses du lecteur. Il ne laissera pas indifférent en tout cas… Mais il ne faudra pas le lire avec un esprit trop rationnel. Le propos est dense et demande une certaine attention et des relectures. Mais quel dommage que la version française soit si hasardeuse… Inacceptable pour un auteur connu et un éditeur qui possède des moyens !
Et il dit d’Erri De Luca. Éditions Gallimard
Date de parution : 07/05/2012
Article publié par Noann le 3 juillet 2012 dans la catégorie
vin de table
Voici un récit sur le désormais célèbre ouragan Katrina. Un récit de plus, allais-je dire. Katrina c’est un phénomène climatique, mais aussi un événement médiatique. C’est un peu comme le Titanic, Nostradamus, ou Claude François… Dans un siècle on en parlera encore ! Aussi quand j’ai lu la présentation me suis-je dit : encore du ressassé, encore une mise en évidence du drame humain, et du pathos ajouté au pathos. Eh bien pas du tout ! “Zeitoun” est à la fois assez banal et très particulier…
Particulier, avant même sa première ligne… Car la genèse de ce livre est philanthropique. Au départ, l’association “The voice of witness” avait pour objectif de dénoncer les inégalités sociales. Quelques bénévoles ont parcouru le sud-est des USA en vue de recueillir des témoignages concernant l’ouragan, et le clivage social qu’il a révélé. En 2005, l’auteur rencontre Kathy et Abdulrahman Zeitoun (appelé “Zeitoun” tout au long du récit). Il sent tout de suite que leur témoignage est intéressant, et qu’il transcende les autres. La famille Zeitoun en soi est spéciale. Abdulrahman est d’origine Syrienne, issu d’une famille de marins. Il a émigré aux USA où il a rencontré Kathy, fervente catholique convertie à l’Islam. Kathy a décidé de quitter la ville pour s’abriter dans sa famille, à 80 kms. Son mari lui a cru bon de rester et d’affronter le déluge, qu’il croit sans conséquence. On voit dans cette séparation toute la difficulté qu’il y a de se concerter dans un couple, et à prendre une décision commune. Le résultat sera lourd de conséquences. Zeitoun, reclus dans leur maison, se croit à l’abri. Et en effet, a priori l’ouragan passe, semblant n’occasionner que des dégâts mineurs. Mais quelques heures plus tard, l’eau monte lentement. Des digues se sont fissurées. La catastrophe ne fait que commencer.
Mais le plus dur ce n’est pas l’ouragan, ni les inondations. C’est après, la désorganisation, le manque de moyens, les pillages, les luttes pour la survie. La faim, la promiscuité, les vols. Certains engagent des mercenaires armés pour se défendre. D’autres luttent de leurs mains. Zeitoun est pris pour un terroriste et incarcéré. Les a priori contre les musulmans font rage. Loin de là, Kathy n’a plus de nouvelles de lui. Les téléphones sont coupés. Le pire ce n’est pas l’ouragan, mais ses conséquences… La défense des minorités religieuses opprimées, c’est le thème secondaire du livre.
Au-delà du phénomène climatique, l’auteur dresse un portrait intéressant de cette famille, de ses difficultés, son éclatement. Le récit est nourri de petites anecdotes, ce qui lui donne du relief et permet au lecteur d’entrer dedans comme dans un film. L’écriture est sobre, sans excès, sans grands effets de style. Les mots s’effacent pour laisser la place aux faits. Les cent premières pages sont un peu lentes, les hésitations de la famille, les tensions de couple. Mais le paysage se dessine. Alors on se laisse lentement enlacer par Katrina. C’est finalement une fresque qui se dresse. Le témoignage est intéressant, simple et sans affect, rapporté d’une façon neutre, excepté peut-être une certaine tendance à défendre les minorités musulmanes et le port du voile… Loin de lui enlever du poids, la distance de l’auteur donne une lumière crue et naturelle. En comparaison, on est ici aux antipodes de Gaudé et son “Ouragan”, dont l’écriture stylée s’éloignait des faits.
Zeitoun – Dave Eggers. Éditions Gallimard
Date de parution : 01/02/2012
Article publié par Noann le 2 juillet 2012 dans la catégorie
Grand vin
Anne Sinclair raconte dans son dernier livre “21 rue la Boétie” l’histoire de son grand père maternel, le célèbre marchand d’art Paul Rosenberg. Ami intime de Picasso, Braque ou Léger, Paul Rosenberg défendait leurs œuvres, jugées trop modernes à l’époque, dans sa galerie située 21 rue la Boétie à Paris. Pendant la guerre sa collection a été pillé par les nazis ou les collaborateurs. Anne Sinclair retrace dans ce livre l’itinéraire de ce passionné des arts et des artistes.
Quatrième de couverture :
“Vos quatre grands parents sont-ils français ? me demanda le-monsieur-de-derrière-le-comptoir.”
Cette question, on l’avait posée pour la dernière fois à des gens qui devaient bientôt monter dans un train, venant de Pithiviers, de Beaune-la-Rolande ou du Vel d’Hiv… et cela suffit à raviver en moi le souvenir de mon grand-père, Paul Rosenberg, ami et conseiller des peintres, dont la galerie se trouvait 21 rue La Boétie.
Attirée, malgré moi, par cette adresse et par l’histoire tragique qui y est attachée, j’ai eu soudain envie de revisiter ma légende familiale. Je me suis plongée dans les archives. J’ai voulu comprendre l’itinéraire de ce grand-père lumineux, intime de Picasso, de Braque, de Matisse, de Léger, devenu paria sous Vichy.
Ce grand-père fut un grand marchand. À Paris jusqu’en 1940, puis exilé à New York pendant la guerre. Il était français, juif et amoureux des arts.
Ce livre raconte son histoire – qui, indirectement, est aussi la mienne.”
Mon avis :
Je l’ai pris et lu d’une traite. Ce livre est un témoignage familial sur le monde et le marché de l’ art… Une enquête, quelques souvenirs… Le style est simple, fluide, journalistique. Pas de poudre aux yeux, pas larmoyante. Elle fait parler les archives . La France sous l’ occupation, les transactions, le nazisme, l’art et l’argent, l’amitié… Elle farfouille dans des vieux cartons, elle part à la découverte de son passé… et j’ai suivi… Du vol des toiles à la bataille de Paul Rosenberg pour tenter de récupérer ses biens… On y croise les grands noms de l’art “moderne”… Des anecdotes, des souvenirs… Attention ce n’est pas la vie d’Anne Sinclair… C’est celle de son grand-père.
21 rue La Boétie – Anne Sinclair. Éditions Grasset
Date de parution : 01/03/2012
Article publié par Yves Rogne le 2 juillet 2012 dans la catégorie
Cru bourgeois
Présentation de l’éditeur
Comme souvent au début des histoires il y a une femme sur un quai de gare au petit matin. Mise élégante, talons hauts, gants de cuir, elle dénote parmi des passagers apeurés qui n’osent croire que la guerre est finie. Isabel fait partie du clan des vainqueurs et n’a rien à redouter de ces phalangistes arrogants qui arpentent la gare de Mérida en ce rude hiver 1941. Elle presse la main de son plus jeune fils et écrit à l’aîné, qu’elle s’apprête à abandonner, les raisons de sa fuite. Le train de 4 heures en direction de Lisbonne partira sans elle. L’enfant rentrera seul chez son père, appâté par le sabre de samouraï de ses rêves qu’un homme vient de lui promettre. Isabel disparaît pour toujours. Quarante ans plus tard une autre femme a commis un meurtre et doit comparaître devant la justice des hommes mais pour cette brillante avocate, cela n’a guère d’importance. Elle est atteinte d’une tumeur cérébrale et c’est à sa mémoire qu’elle doit des comptes.
Au cours d’un procès mémorable, quelque temps auparavant, elle a réussi à faire condamner un policier véreux, ouvrant sans le savoir la boîte de Pandore. Elle a été manipulée en raison d’une tragédie ancienne dont elle ignore tout. Les rejetons d’une famille maudite cherchent à lui faire payer quatre décennies de vengeance et de haine. Des premières années de l’après-guerre à la tentative de coup d’état de février 1981, après un détour par les steppes de Stalingrad, la saga familiale est lourde de complots, d’enlèvements, de trahisons. Sous un léger vernis de démocrates, les ex-phalangistes continuent de tirer les ficelles. Les personnages et les situations se répondent, marquant trois générations au fer rouge. Les carences affectives ont transformé les enfants en psychopathes, les victimes en bourreaux, le code d’honneur des samouraïs en un effroyable massacre. Et quelqu’un doit laver le péché originel. La Tristesse du samouraï est un étonnant roman policier qui se joue à merveille de l’opacité d’un contexte historique et un intense thriller psychologique qui mène les personnages aux limites de leurs forces pour sauver l’honneur de la lignée. Énorme succès en Espagne, il est en cours de traduction dans plusieurs langues.
Mon avis :
C’est un des bons livres lus cette année ! Ceux qui me connaissent savent que j’aime les auteurs espagnols. Une fois encore je craque!
Un polar oui… mais aussi un roman…
Complots, torture, enlèvements, violence contre les femmes, silences… enquête et ambition politique… Tout est là. magistral ! Un crime qui gangrène 3 générations. Des années 40 aux années 80.. Une tragédie, une enquête. Un livre pas toujours facile à suivre car les cheminements des vies et les retours en arrière se croisent… Des êtres fracassés, les vies des parents conditionnent les enfants qui se vengent et cherchent à comprendre… Sommes nous responsables des actes de nos parents ? Devons nous en porter le poids ? Est il possible d’en échapper ? Parfois on se demande comment les vies s’imbriquent mais petit à petit on comprend comment les destins des protagonistes se mêlent. Les victimes sont les coupables, les coupables les victimes. Un roman fort, impitoyable…
La langue est belle, ce qui ne gâche rien!
La Tristesse du Samouraï – Victor del Arbol. Éditions Actes sud
Date de parution : 04/01/2012
Article publié par Yves Rogne le 1 juillet 2012 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Pour fêter les 30 ans de sa petite amie Laure, Félicien va passer une journée entière à courir de boutique en boutique pour lui trouver le cadeau exceptionnel. Il veut lui prouver son amour et lui faire une surprise hors du commun. Une journée de stress jalonnée d’incertitudes. Après toute cette fatigue accumulée et moult hésitations, il finit par craquer pour une paire de bottes hors de prix. Mais quand on aime on ne compte pas et il allonge 869,95 € – le montant de son loyer – pour faire plaisir à sa belle.
Félicien doit se rendre au bureau et le voici dans le métro avec un énorme sac qui porte la marque d’une boutique de luxe. Que va-t-il lui arriver ? Certes il fait quelques rencontres douteuses mais l’on s’attend à le suivre dans une succession d’aventures … Mais en vain. RIEN ne se passe et l’on se sent rapidement envahi d’une lassitude tant le récit est soporifique, dépourvu d’intérêt.
On est censés s’esclaffer, se réjouir d’accompagner Félicien dans cette journée mais on s’arrête en chemin, préférant faire une pause devant un bon café en laissant s’éloigner le héros.
De même, les personnages croisés sont dénués du moindre émoi, n’accrochent pas le lecteur. Félicien lui-même est insipide et, hormis ses démonstrations de stress larvé, il ne se montre pas le moins du monde un peu attachant ou attendrissant.
L’auteur se fourvoie dans cette histoire saugrenue, décevante, et l’on attend une seule chose, celle d’en lire le dernier mot…
Et je m’en suis voulue d’avoir acheté ce roman dont la couverture tout en couleurs d’été m’avait tapé dans l’œil et présageait peut-être de passer un bon moment de détente.
Luxe et superficialité, tels sont les mots-clefs de ce pamphlet moderne exempt d’amour et d’émotion …
Un cadeau d’Eliane Girard, éditions Buchet Chastel
Date de parution : 05/04/2012
Article publié par Catherine le 28 juin 2012 dans la catégorie
Comestible ?
Le cœur et la plume en plein fléchissement pour le moment, je me suis faite plus rare ici et me voici de retour vaille que vaille… Avec des kilos de lecture en retard, j’ai préféré me tourner pour l’instant vers des romans courts, espérant y trouver un peu de détente et une certaine quiétude.
Voici ma chronique à propos d’un récit qui m’a tantôt enthousiasmée, tantôt bouleversée voire désarçonnée…
Vienna rêve de revenir sur cette plage ensoleillée. Elle avait six ans et passait des vacances sereines. Tout semblait couler comme dans un conte de fées, mais les choses ont pris une autre tournure, tout a soudain basculé, tout s’est métamorphosé en cauchemar. Vienna se bat contre un destin qui s’acharne. Alors que sa mère se consume dans une lente agonie, Vienna sonde les âmes de ceux qui l’entourent, ceux qui l’entraîneront dans un naufrage.
Des années plus tard Vienna se souvient … Elle repense au désarroi qui l’envahissait lorsque, petite fille, elle a disparu dans la dune. À présent elle vit une solitude morbide, se claquemure dans le silence car elle n’a pas d’interlocuteur à qui confier ses secrets, qu’elle garde scellés à jamais dans son cœur. Même le lecteur voudrait se montrer complice mais il ne sait pas grand-chose des drames du passé, ce qui a réellement consumé la vie de Vienna. En cela, l’auteure laisse libre cours aux divagations, imprègne subtilement le récit d’une atmosphère suggestive où le lecteur tient les rênes de l’énigme à sa guise et s’égare un peu.
À la lecture de ce récit – il s’agit de bouts de vie sous la forme de minis nouvelles – mon cœur a été secoué de soubresauts, à la fois de frayeur, mais aussi d’émois. Et secouée je l’ai été encore davantage lorsque la fin a sonné à la manière d’un gong, inattendue mais aussi un peu précipitée…
Un roman court mais lourd d’émotion … Une plume imprégnée de délicatesse et de poésie qui donne du baume à l’âme mais qui remue aussi à l’intérieur.
Un bémol tout de même, puisqu’il y a un et de poids, pourquoi cette fin si irascible, si brusque ?
La salle de bains du Titanic de Véronique Ovaldé, éditions J’ai Lu
Date de parution : 04/04/2012
Article publié par Catherine le 19 juin 2012 dans la catégorie
Cru bourgeois
Chez Livrogne.com on aime bien les éditions de la Musardine. La Musardine publie des ouvrages non-conventionnels… C’est un éditeur qui ose ! Un manuscrit fût-il accepté par un seul éditeur, parmi plus de 2.000 éditeurs français, ne cherchez pas… Ce serait chez eux. Leur catalogue va de l’érotisme au porno pur et sans manière, en passant par quelques titres originaux. Les maîtres mots sont l’impertinence, la licence, le libertaire.
Présentation de l’éditeur :
Tout ce que voudriez savoir sur la sexualité des militantes de droite comme de gauche ! Étienne Liebig, spécialiste de la séduction, auteur comblé de Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle nous revient pour un nouveau et passionnant défi : séduire les militantes de chacun des principaux partis politiques. Préférant visiblement manifester entre désir et plaisir qu’entre Bastille et République, Étienne n’hésite pas à multiplier ruses et stratégies, mensonges et déguisements pour parvenir à ses fins lubriques. Il nous permet ainsi d’approcher le discours politique et la fonction militante par une porte d’entrée intime, rarement explorée. Un premier constat : en missionnaire, à la hussarde ou en levrette, la variété domine, aucun parti politique ne peut prétendre au monopole sexuel, mais rassurez-vous on baise aussi bien à droite qu’à gauche !
Mon avis :
Que dire de ce livre ? Il n’est pas aisé à commenter. Le titre en fait résume bien à lui seul toute la teneur de l’ouvrage. Etienne Liebig, mandaté par son éditeur et dans la logique de “Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle”, s’est mis en tête de pénétrer les cercles politiques… Par la ruse. Il se fait d’abord passer pour un militant UMP, puis un socialiste, un extrême-droitiste, un écologiste, etc… Son livre est en fait un résumé romancé de ses vicissitudes dans tous ces milieux forts divers, mais qui ont tout de même un dénominateur commun. La quatrième de couverture résume la chose de la façon suivante : “Rassurez-vous on baise aussi bien à droite qu’à gauche”, et ma foi, on n’aura aucun mal à le croire.
Perso je m’attendais à en apprendre des vertes et des pas mûres. Pour les vertes, le chapitre “écolo” m’a largement satisfait. Pour les autres, je pensais apprendre comment Ségolène, par exemple, pratique le sexe. On sait qu’elle est très douée en léchage de couilles, mais pour le reste… Est-ce qu’elle crie, quelle position préfère-t-elle ? Je parierais sur l’Andromaque… La Ségolène au-dessus, c’est évident. Mais faute d’en savoir plus, je reste un peu sur ma faim, si je puis dire. L’auteur est tombé sur des militantes de seconde catégorie. Mais tout de même, le compte-rendu est salé, voire salace. Eh oui on est chez la Musardine, éditeur qui préfère la langue de chair bien mouillée à la langue de bois. Tradition éditoriale oblige, l’auteur ne nous ménage pas. Le propos s’éloigne parfois de l’érotisme, voire de la séduction, pour se centrer sur la politique à la sauce Liebig. Les partis de tout poil en prennent plein la tronche, pour notre plus grand plaisir ! Le sarcasme est la règle. L’auteur éclabousse toutes les obédiences.
J’ai trouvé certains passages extrêmement jouissifs, pour peu qu’on ne prenne pas tout au premier degré… C’est aussi une des lignes de conduite de l’éditeur. Après, selon ses affinités politiques, on appréciera… Ou pas. En ce qui me concerne, vu du Nord, j’ai savouré ! De petits traits, parfois grossis ou forcés, vus par une loupe grossissante à la Liebig. L’auteur possède une voix forte, égrillarde, et ne se prive pas d’en abuser… Il ne me laissera pas un souvenir éternel, mais j’avoue avoir passé une bonne soirée, entre rire et étonnement. Me voici près à affronter la militante quelle qu’elle soit… On en apprend tous les jours !
“Eh oui, la langue de bois, qui, dois-je le rappeler, n’est pas seulement une variété de cunnilingus pratiquée par Pinocchio mais un langage à part entière, un sabir, un dialecte, un idiome.”
“C’est la moins populaire de toutes les organisations politiques. Le QI y est si élevé qu’il leur est impossible de prendre une décision à la majorité car une meilleure idée vient toujours supplanter la meilleure idée précédente. Un débat chez les Verts, c’est la rencontre entre Questions pour un champion et le Jeu des mille euros!”
Comment draguer la militante d’Etienne Liebig. Éditions de la Musardine
Date de parution : 08/03/2012
Article publié par Noann le 17 juin 2012 dans la catégorie
Cru bourgeois