Grand vin

Un pur hasard – Frédérique Deghelt

Frédérique Deghelt publie ce petit livre d’une cinquantaine de pages, très curieux. Curieux parce qu’il est affublé d’une couverture rose bonbon typiquement chick lit… Curieux aussi parce qu’assez bref. On n’imaginait pas l’auteure de “La nonne et le brigand” écrire une chose pareille… On la connaissait plutôt prolixe, aimant les tirades et les paraphrases sur la vie et l’amour, et tout ce qui s’ensuit… Eh bien voici donc une surprise de taille ! Une nouvelle avec une économie de mots. Pari gagné en ce qui me concerne  : commencé à 1h35, terminé à 3h10, et me voilà en pleine nuit à rédiger un articulet sur cet opus qui réserve des surprises…

Quelques mots sur l’histoire : Benoit, pianiste de jazz expatrié à Los Angeles, et ses déboires amoureux… Sa femme Anna le brime, le trompe, l’insulte. Il est perdu… Lorsqu’il rencontre un vieil ami, Yann. Celui-ci a connu un parcours tout à fait différent, des difficultés à rencontrer l’âme sœur, une femme défunte, et enfin une nouvelle rencontre prometteuse. Yann décrit avec fougue ses états amoureux, à Benoit qui parcourt le chemin inverse, celui du désamour… Les deux hommes se racontent leurs existences qui résonnent en contrepoint…

un pur hasardCe qui m’a séduit dans ce livre c’est le naturel, l’authenticité des deux hommes. Naturelle aussi, la femme, Anna, dans ses colères non contenues, celles d’une femme déçue. On n’aura aucun mal à plonger dans les états d’âme de ces personnes aux destins si proches des nôtres… Les dialogues sont très présents, dans un langage simple, parfois cru, comme deux complices peuvent en avoir. J’aime Deghelt, la façon dont elle traite la douleur amoureuse, sans chichis, sans affect, avec profondeur et densité. Ici, même si l’expression est plus précipitée, on retrouve la justesse de ton, et le fait que chaque mot parle au lecteur, pour peu qu’il ait un brin de finesse et de sensibilité. J’aime ces gens sincères qui évoquent sans fard leurs écorchures, ces êtres authentiques en proie aux difficultés de vivre ensemble. Ça sent le vécu, et le vécu a une odeur prenante…

Mais un point négatif tout de même, la fin est prévisible avec trente pages d’avance, d’autant que le titre nous met la puce à l’oreille ! Le titre contient tout simplement la solution de l’énigme. La chute m’a semblé un peu (mais juste un peu)  facile et improbable. Dommage, car le reste est crédible et réaliste. Cette brouille de couple parlera à tous ceux qui ont déjà vécu une rupture amoureuse, donc toute personne âgée de plus de 13 ans environs. Les descriptions des lieux, pourtant courtes, donnent aussi du crédit au récit, de même que la vie de musicien…

À noter aussi que cet éditeur peu connu publie quelques inédits d’écrivains notables, comme Foenkinos, Vavasseur ou Joncour… Collection à suivre donc…

Un pur hasard de Frédérique Deghelt. Éditions du moteur

Date de parution : 01/03/2012  
Article publié par Noann le 29 avril 2012 dans la catégorie Grand vin
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Cru bourgeois

La liste de mes envies – Grégoire Delacourt

Voici l’histoire originale de Jocelyne, mercière dans un petit bled, racontée par elle-même en personne. Jocelyne, ou Jo pour les intimes, partage sa vie entre son commerce, ses amies portées sur le cancan. Elle tient un blog de couture… Et puis il y a son mari, qui s’appelle… Jocelyn, ou Jo pour les intimes. Celui-ci travaille dans une entreprise de fabrication de glaces, il rêve d’avoir une grosse voiture, un écran plat, et de devenir contremaitre… Un couple comme il en existe tant quoi, d’autant que l’homme boit et est méchant, surtout quand il arrête, et que la femme est toute sage, ne rêve que de bonté, de réussite pour ses enfants, et pardonne tout à son mari. Y en a qui vont adorer…

Mais voilà qu’un beau jour, Jocelyne, enfin Jo, gagne le gros lot au Loto ; 16 millions… Loin de se réjouir, la quadragénaire s’inquiète de tout le mal que pourrait lui apporter ce magot. Elle décide de garder son gain secret ! Est-ce que ce choix va lui porter chance ? En dire plus serait dévoiler l’intrigue, assez simple mais efficace…

La liste de mes enviesL’auteur a pris le parti de raconter cette petite guimauve sans prétention sous le regard de Jo(celynE), une femme simple et sans grands besoins, à part d’être heureuse en amour. Globalement, j’ai trouvé ça réussi ; cette Jo est sympathique, elle parle avec son cœur, dans des phrases simples. Qu’on ne s’attende pas à de grandes envolées lyriques… Toutefois, sous la simplicité se cache une profondeur et une philosophie de vie intéressante (faut chercher un peu). J’ai souligné quelques citations qui donnent à réfléchir, sur le sens du bonheur, de la vérité, du rôle de l’argent, et finalement l’amour qui est plus fort que tout, et tout le truc. Une fable philosophique se dessine en filigrane.

Mais, car il y a toujours un mais dans un bouquin – pour peu qu’on soit un peu critique – de temps en temps, on sent que l’écrivain reprend le dessus. Alors notre Jo(celyne) se fait plus académique, elle emploie des mots savants, utilise l’imparfait du subjonctif : “À regarder leurs sourires, on eût dit qu’il n’y avait aucune horreur humaine qu’elles ne pussent concevoir et donc pardonner”… Dites donc, en voilà un langage élaboré pour une femme peu lettrée, qui disait un peu avant : “Il a dit que la vie était dégueulasse, que la vie était une pute, une putain de pute.” Quand un écrivain essaie de se mettre dans le peau d’un simple ou d’un enfant, parfois il oublie son rôle et redevient le vieux scribouillard… À ces quelques détails près, on n’a aucun mal à se fondre dans les pensées de cette femme comme tout le monde !

“C’est drôle comme souvent les laquais donnent l’impression de posséder la richesse de leurs maitres.”

“Plus les mensonges sont gros, moins on les voit venir.”

“Je comprends aujourd’hui que je fus riche de sa confiance ; ce qui est la plus grande richesse.”

La liste de mes envies – Grégoire Delacourt. Éditions Lattès

Date de parution : 01/02/2012  
Article publié par Noann le 27 avril 2012 dans la catégorie Cru bourgeois
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Premier Grand Cru Classé

Leviathan, Tome II. La nuit – Lionel Davoust

Présentation de l’éditeur :

Un thriller au ton sombre, où les mythologies les plus obscures s’invitent dans notre quotidien pour symboliser l’exploration de l’inconscient, la perte des repères et la folie.

Plusieurs heures après avoir été aspiré dans les eaux glaciales de l’Antarctique, le corps de Michael Petersen, le chercheur en biologie marine de Léviathan, est inopinément découvert, échoué sur une grève, par les employés de la base polaire. Contre toute attente, le naufragé a survécu, mais il semble plongé dans un profond coma. Le verdict des médecins est aussi troublant qu’énigmatique : Michael Petersen est en train de rêver. Une autre circonstance défie l’entendement : une troupe d’orques, non loin du rivage, paraît veiller sur le miraculé.

leviathan IICes faits inexplicables ont manifestement un sens précis pour le Comité, dont la surveillance s’exerce sans relâche autour de l’innocent chercheur. Les agents de la puissante organisation secrète s’empressent pour tirer Michael de sa léthargie peuplée de visions, et le réinstaller au centre de son petit monde familier. Pourquoi tant de prévenance envers un modeste père de famille, chez ceux qui se targuent d’ignorer l’altruisme ? Et quelle corrélation faut-il établir entre les rêves de Michael et les tentatives d’homicide qui ciblent subitement, les uns après les autres, les membres de son entourage ?

Alors que Masha, initiatrice de la quête dans Léviathan, engage désormais une partie défensive dans son rôle d’épouse, le FBI s’invite dans le jeu en la personne d’Andrew Leon. Tout semble désigner Michael, à la personnalité notoirement fragile et clivée, comme l’auteur des crimes en série qui visent son cercle familial. Mais l’enquêteur, en mathématicien que l’invisible n’effraie pas, entrevoit une autre hypothèse, capable de faire vaciller même un esprit aussi solide que le sien. D’autant qu’elle rejoint les données produites par un système de mesure des manifestations de l’énergie mentale, dont il est le génial concepteur.

L’avis de Martine :

Cette histoire est très dense et comporte de nombreuses ramifications. Le suspense est très prenant. À la réalité s’entremêle un univers surnaturel envoûtant. L’intellect du lecteur est suscité de manière continue…

La force de ce roman tient à la fois dans l’enchevêtrement complexe des événements, qui maintient la curiosité du lecteur, mais aussi dans sa dimension fantastique.

L’imagination de l’auteur prend toute son envergure quand il nous décrit les voyages intérieurs de Michael Petersen. Il nous émerveille et fait tanguer nos sens. Il nous initie à un voyage sans entrave, à une célébration enthousiaste des forces et de mystères de la nature.

C’est un tour de force réussi, celui d’exprimer des choses aussi intangibles, et de leur donner du crédit, en exploitant nos peurs naturelles, les frayeurs légitimes qui naissent de notre simple confrontation au monde.. C’est tout cela que l’auteur va chercher au fond de nous. Il reste irréprochable quant à la solidité de son raisonnement et la construction de la fiction.

Les éléments concrets du récit sont très convaincants et ont du poids. En réalité, la vie réelle de Petersen est une supercherie, ses proches agissent pour une organisation qui le surveille.

Un bouquin bien costaud, où l’attention est maintenue de bout en bout…

Leviathan, Tome II. La nuit de Lionel Davoust. Éditions Don Quichotte

Date de parution : 12/04/2012  
Article publié par Martine le 24 avril 2012 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Cru bourgeois

Les oiseaux noirs de Massada – Olivia Elkaim

Un dimanche soir à Paris, lors d’une soirée juive, Klara interprète une chanson. C’est son truc, le chant, mais elle vivote, entre soirées privées, Bar-Mitsva(s), cabarets. Un homme, Ron Uchovski, la regarde avec attention. À la fin du spectacle, il lui propose de jouer dans une comédie musicale à Tel Aviv. Il s’agit de la légende de Massada, qui raconte comment, en ’73 après JC, un millier de juifs s’est réfugié sur une colline et ont fait un pacte : pas un ne se rendra. Ils tueront leurs propres femmes et leurs enfants.

Dans un premier temps, Klara accepte, mais la chanteuse va vite… déchanter, au propre comme au figuré. Elle perd sa voix, éprouve de la nostalgie pour sa grand-maman, Mouna, restée en France, avec qui elle a une complicité très forte… Et puis ce Ron est un type bizarre. Il lui promet monts et merveilles, se permet de coucher avec elle. Mais voilà qu’une fois arrivés en Israël, il se dégage d’elle, délaisse ses projets, s’enfuit au sud du Pays, près de le bande de Gaza. Ron a une femme et des enfants, mais surtout, il a un lourd passé, qui l’obsède et qu’il traine comme un fantôme son boulet.Les oiseaux noirs de Massada

Klara évolue entre une grand-mère fusionnelle mais secrète, une mère fugitive qu’elle voudrait aimer, et voilà à présent cet homme et ses projets ambitieux, qui ne se concrétisent pas.

C’est avec beaucoup de pudeur et de simplicité que l’auteure nous conte cette histoire de femmes complices. L’une vit avec des souvenirs de vieille juive, le chaos de la guerre, et les années de renaissance qui ont suivi. Et sa petite fille, qui voudrait comprendre mais se heurte à un mur ; sa grand-mère a enfui son passé et refuse de l’exhumer. Petit-à-petit, nous découvrons les secrets de ces femmes, ce qui les unit. Le lecteur avec un brin de sensibilité sera toujours tenté de tourner les pages pour parcourir leurs univers…

Ce roman – mais en est-ce bien un, ou une histoire vraie – est intimement lié au peuple juif, la Shoah, la diaspora, l’exil en Terre Sainte, les 60 années de conflit qui ont suivi. La douleur des bombardements, les civils estropiés. Parler du peuple juif revient inéluctablement à évoquer ses affres. L’auteure donne beaucoup de crédit à son histoire par d’infimes détails qui font toute la différence. Il confine au parfois au journalisme. Les personnalités sont attachantes et fouillées…

L’écriture est d’une grande sobriété. Pas de pathos, d’effet ou d’émotion excessive. Le style est éthéré et sans ajout. Les événements suffisent, ils sont assez fort en eux-mêmes. La narratrice fait un choix judicieux en optant pour cette sorte de détachement, qui donne du poids aux faits. Cependant, il est une chose curieuse : presque tout le texte est écrit au plus-que-parfait. Elle avait fait, il avait dit. En principe, ce mode du verbe décrit une action qui est antérieure à une autre action. Or ici, il n’y a point d’antériorité, s’agissant pour la plupart d’événements qui se déroulent dans la même période… Ce mode utilisé de façon répétitive peut donner une impression de monotonie, voire de lourdeur. “Jusqu’à quel point peut-on détourner la grammaire pour personnaliser un style ?” L’usage du passé simple ou du passé composé eût été moins pompeux. “elle a été” est tout de même plus simple que “elle avait été”…

Les oiseaux noirs de Massada – Olivia Elkaim. Éditions Grasset

Date de parution : 12/01/2011  
Article publié par Noann le 23 avril 2012 dans la catégorie Cru bourgeois
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Cru bourgeois

La belle impatience – Annie Lemoine

Elle a la quarantaine accomplie, connaît les premiers balbutiements de la cinquantaine qui s’annoncent doucement, une profession intéressante à laquelle elle consacre toute son énergie, une vie ordinaire, sans émois jusqu’à en oublier l’amour. Ses proches la serinent sans cesse et lui rappellent que l’amour existe et qu’il ne faut pas laisser passer trop de temps, qu’il faut le cueillir et s’y attacher. Mais elle reste sur sa position, plus rien ne l’emballe, plus rien ne colore son ciel gris.

Elle voit souvent Ben et Marc, ses copains de longue date et se satisfait pleinement de leur amitié. Un jour, Marc tombe malade et dans le cœur quelque peu endormi de la narratrice surgit tout à coup une étincelle, sous la forme d’un personnage inattendu …La belle impatience

On savoure la façon très personnelle qu’a l’auteur de dessiner ses personnages, et l’on sent en nous résonner en écho le cri de nos souffrances, de nos questions, de notre quotidien qui s’endort parfois …

L’écriture est simple, sans fard, pleine d’émotions mais nous touche en plein cœur. D’un bout à l’autre du récit, l’amour règne en point de mire, même s’il est larvé dans le cœur de l’héroïne, même si celle-ci n’y croit plus, même si elle se claquemure dans sa thébaïde, n’espérant que très peu de la vie puisqu’elle laisse celle-ci courir sans jamais s’arrêter un instant, le temps de s’émouvoir ou d’aimer.

L’auteur nous livre une histoire ordinaire, banale, mais l’héroïne est touchante et on devient sa complice parce qu’elle porte le même masque que nous, un masque de sourire derrière lequel se cachent mélancolie et tourments. À travers son héroïne, l’auteur nous place face à notre chemin de vie, jalonné de bonheurs, de tristesses, d’imprévisibles instants, de lendemains qui basculent.

Une belle apologie de l’amour aussi, parce qu’il est notre moteur. L’amour, seul mât de cocagne qui nous empêche de chavirer quand l’âme en pleine bourrasque nous entraîne vers le fond … jusqu’au jour où tout s’éclaire, même s’il est déjà tard, même si le temps grouille …

D’aucuns s’interrogeront peut-être quant à mon classement de ce roman dans la catégorie « cru bourgeois » même s’il ne ressort de mon billet qu’enthousiasme et émotion. Après moult hésitations entre deux ou trois verres, j’ai tranché et lui ai attribué deux verres, peut-être tout simplement parce que le récit manque un peu d’originalité.

«La personne qui me plaisait le plus au monde depuis quelque temps, celle que j’avais rencontrée et dont j’étais tombée folle amoureuse, celle que j’aimais au point de la protéger, la choyer, lui faire des déclarations à n’importe quel moment de la journée, à laquelle je faisais des cadeaux somptueux, celle que j’embrassais, invitais au restaurant, promenais sur les quais de Seine le dimanche, emmenais en week-end, que je ne quittais plus maintenant que je l’avais trouvée, avec qui je passais tout mon temps sans le partager, ivre de bonheur… C’était moi».

«Grâce à lui, grâce à ce regard vibrant posé sur moi, cette façon naturelle de se tenir à mes côtés le soir de notre rencontre comme si nous nous connaissions depuis longtemps, grâce à ses mots sincères, directs, en réponse à mon premier SMS prudent, neutre et timide, je m’étais réveillée. Le baiser du prince en quelque sorte.»

La belle impatience d’Annie Lemoine, éditions Flammarion

Date de parution : 04/04/2012  
Article publié par Catherine le 23 avril 2012 dans la catégorie Cru bourgeois
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Grand vin

Bataille de chats : Madrid 1936 – Eduardo Mendoza

Présentation de l’éditeur :

Au printemps 1936, un Anglais nommé Anthony Whitelands arrive en gare de Madrid. Il doit authentifier un tableau inconnu appartenant au duc de la Igualada, un ami du chef de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera. La valeur du tableau peut-être décisive pour favoriser un changement politique crucial en Espagne. À peine arrivé à son hôtel, Whitelands va se trouver bien malgré lui au centre d’un imbroglio politique mêlant policiers, diplomates, espions, ministres, femmes du petit et du grand monde, tous lancés à ses trousses dans une atmosphère de conspiration et de veillée d’armes.

De rebondissement en rebondissement, Bataille de chats renoue avec le meilleur de Mendoza: des événements dramatiques, une intrigue policière et un humour à toute épreuve sont au rendez-vous, rappelant au lecteur que la tragédie est l’un des masques de la comédie humaine.Bataille de chats

Prix Planeta 2010. Traduit de l’espagnol par François Maspero

Mon avis :

Tout d’abord… Une précision, les chats… Ce sont les Madrilènes. Il faut donc lire “Bataille de Madrilènes”..
Le roman a obtenu le prix “Planeta”, une référence pour l’Espagne ( l’un des deux prix littéraires espagnols avec le prix Cervantes). 509 romans, dont 83 en provenance d’Amérique latine, concourraient pour le prix.

C’est un mélange de romanesque, d’histoire, de quête… Mais il manque le coté déjanté des personnages des livres précédents. Une plongée dans l’histoire, dans l’art, dans la vie des nobles et dans les coulisses de la politique… Cela bouge bien, il y a des rebondissements, ça roule… et pourtant.. il manque quelque chose… C’est bien mais c’est un peu sage, un peu fade pour du Mendoza …… pas assez abouti… Il manque la folie de Mendoza pour moi….. Mais si on ne s’attend pas à du Mendoza, alors il faut foncer !

Et pourtant… Cet Anglais est parfait dans le rôle du brave type à qui rien ne devrait arriver et qui est toujours là pour provoquer des drames et s’attirer involontairement les pires ennuis ! Il est toujours là ou il ne devrait pas être.. il se fourre dans tous les pétrins… Au final un livre qu’il faut lire ! le Madrid d’avant la guerre civile… si on aime Madrid… la ville est présente… glauque ou lumineuse… vivante…. Une belle peinture de cette époque de l’histoire de l’Espagne, au moment où tout va basculer…….. Une peinture de la société, de ses peurs, de ses dérives, de ses angoisses… et du caractère des habitants..

Bataille de chats : Madrid 1936 – Eduardo Mendoza. Éditions du Seuil

Date de parution : 01/03/2012  
Article publié par Yves Rogne le 20 avril 2012 dans la catégorie Grand vin
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Cru bourgeois

Devenir immortel, et puis mourir – Eric Faye

On commence à avoir l’habitude. Quand un auteur s’épuise, il retourne ses tiroirs, fouille son grenier, va rechercher ses essais d’il y a vingt ans, ses petits mots laissés sur des tickets de tram, ses lettres d’amour. Et il en fait un “livre”… En l’occurrence, le présent recueil reprend quatre textes assez hétéroclites, de longueurs et factures fort diverses…

*** L’Inachèvement : un écrivain planche tous les matins à sa table de travail. Il cherche le mot juste, l’expression idoine. L’écriture est un sacerdoce. Mais de l’autre côté du mur, des bruits insolites résonnent. C’est d’autant plus étrange que le logement est vide. L’écrivain n’aboutira pas, à l’encontre d’un autre, une sorte de double.

* Le second texte est relatif à Kafka. Je ne devrais pas le dire car cet élément est la chute même de cette nouvelle, mais la quatrième de couv’ le dévoile, c’est malin. Donc rebelote, nous revoici à suivre les déboires d’un écrivain, ses difficultés à écrire dans une ambiance peu propice.

** Le troisième texte a donné son nom au recueil. Un empereur chinois, grand amateur de champignons, apprend que le secret de l’immortalité est jalousement gardé par un mage. Celui-ci exige que des milliers d’hommes soient mis à sa disposition. Pour obtenir cet élixir de jouvence, l’empereur accepte. Mais l’expédition traine. L’empereur perd patience. Dépassé par son royaume, il décide de se faire passer pour mort afin d’obtenir la tranquillité…

** “Le Mur de Planck”, c’est ainsi qu’on appelle l’instant infinitésimal après le big bang, cette fraction de seconde inexplicable. Aucune théorie n’en vient à bout, ni la relativité, qui explique l’infiniment grand, ni la théorie quantique, qui dévoile le sub-atomique. D’ailleurs les deux sont antinomiques. La physique est enlisée dans un beau merdier. Les deux grandes théories sont incompatibles ! Dans ce dernier texte du recueil, un physicien tente de résoudre ce défi. Parallèlement, il part au Japon pour une conférence, et cherche inlassablement le mont Fuji…

Ces textes exploitent une problématique que nombre de personnes connaissent, scientifiques ou artistes, c’est la quête d’un absolu, que ce soit la démonstration mathématique, l’idéal de perfection ou de beauté. Quelquefois cet absolu est impossible à atteindre. Les personnages de ce recueil sont en proie au doute, aux échecs, au mur de l’impossible… Leur recherche ne les conduit pas forcément où ils croyaient aboutir, mais les amène à de curieuses découvertes. Et si nous faisions tous une grosse erreur, en nous dirigeant toujours obstinément vers une destination  unique?Devenir immortel puis mourir

Ce recueil ne manquera pas de susciter réflexions et interrogations, et renverra peut-être un certain nombre de lecteurs à leur propre perplexité. Pas évident de s’approprier le sens de ces textes qui s’éloignent vers des contrées étranges et étrangères. Ils restent parfois énigmatiques, sibyllins. Si l’ensemble ne manque pas de qualités, les défauts, sans être rédhibitoires, sont bien réels et plus faciles à expliquer que le Mur de Planck ! Les deux premiers textes sont précipités, certains passages eussent pu être paraphrasés. Un peu court,un peu bref, il faut être attentif, décoder ces maigres mots qui font toute la différence. Les deux derniers par contre sont injustement longs. Ce chercheur qui passe trente pages à se demander où est le mont Fuji devient un soupçon agaçant. En résumé, l’ensemble m’a paru inégal. Certains passages eussent  mérité quelques coupes, d’autres des développements. Un rien par ci, un autre rien par là. La qualité d’un livre tient à d’infimes détails.

Devenir immortel, et puis mourir. Eric Faye. Éditions José Corti

Date de parution : 01/03/2012  
Article publié par Noann le 18 avril 2012 dans la catégorie Cru bourgeois
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vin de table

Francesca la trahison des Borgia – Sara Poole

Présentation de l’éditeur :

Été 1493. Rodrigo Borgia, désormais Alexandre VI, est pape depuis près d’un an. Hantée par les fantômes de son passé, Francesca, qui a joué un rôle crucial dans son ascension au trône de Saint-Pierre, doit à présent faire en sorte qu’il y reste. Étant l’empoisonneuse de la plus tristement célèbre et de la plus dangereuse des grandes familles italiennes, cette maîtresse de la mort va affronter moult périls, intrigues et duperies qui menacent d’éteindre la lumière de la Renaissance.

Alors que le danger l’encercle de toutes parts, Francesca élabore un plan désespéré, mettant sa propre vie en danger. Elle va se confronter à la folie d’un homme bien décidé à détruire tout ce qu’elle s’est engagée à protéger. Des cryptes cachées de la Rome du XVe siècle à ses rues grouillantes, pleines de sensualité et de traîtres, Francesca va se battre contre ses propres démons pour déjouer un complot visant à détruire les Borgia, à s’emparer du contrôle de la chrétienté et à plonger pour toujours le monde dans les ténèbres.La trahison des Borgia

Après Francesca, Empoisonneuse à la cour des Borgia, Sara Poole nous plonge dans une nouvelle aventure de son héroïne. Toujours aussi bien documenté sans être jamais didactique ou lassant, La Trahison des Borgia permet au lecteur d’appréhender la richesse de l’Italie de la Renaissance et de comprendre la fascination qu’elle continue d’exercer de nos jours.

L’avis de Céleste :

Je n’ai pas lu les précédents opus de cette longue saga des Borgia donc je me bornerai à donner un avis succinct sur ce dernier volet. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, ayant pris le train en marche … C’est ma mémoire qui m’y a aidée, parcourant les cours d’histoire enseignés au lycée et balayant les événements majeurs de l’époque.

En 1493, alors que Christophe Colomb découvre une terre devenue l’Amérique, la Cour des Borgia suscite beaucoup de remous. La famille Borgia est accusée tour à tour d’inceste, d’empoisonnement, d’assassinat … et Francesca, nièce du pape Alexandre VI (Rodrigo Borgia) restera à jamais l’empoisonneuse…

D’entrée de jeu donc, on rencontre Francesca au cours d’un concile secret où se mêlent trahison, mensonges et non-dits.

Le lecteur est donc suspendu à l’intrigue qui promet d’être sulfureuse … mais il n’en est rien. Le suspense s’émousse rapidement pour laisser place à une sorte de lassitude et l’on a rapidement l’impression de s’accrocher tant bien que mal à un thriller de série B, espérant à chaque page un soubresaut, un nouveau rebond mais à défaut de cela, l’histoire devient une spirale qui ne mène à rien.

Dommage car l’héroïne entraîne le lecteur dans une sorte de course diabolique, les personnages de ce nouveau volet sont énergiques et les chapitres se suivent de façon rythmée mais est-ce là l’essentiel pour mener de main de maître une aventure qui aurait dû faire palpiter le cœur du lecteur ?
J’ai donc refermé ce livre … un peu frustrée.

Francesca la trahison des Borgia – Sara Poole

Date de parution : 18/04/2012  
Article publié par Catherine le 17 avril 2012 dans la catégorie vin de table
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Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés