vin de table

Quand j’étais normal – Marc Weitzmann

Gilbert n’a pas eu de chance … Des parents de gauche très engagés dans la lutte sociale, des idéalistes aveuglés par leurs bons sentiments. Quand Didier, un ancien ami de leur fils débarque dans leur vie, tout va basculer. Didier est un être inquiétant, malsain. Sous ses allures de charmeur, cet ex-délinquant apparaît comme le diable personnifié. Nous sommes en 2003. Alors que la France a un regain d’agressions antisémites, le héros se demande qui est ce type étrange ? Que veut-il ?
Il s’installe dans leur vie insidieusement …

L’auteur évoque une jeunesse de banlieue, à l’instar de celle des années 70 mais il se perd malheureusement dans les pièges du roman théorique mettant en scène des personnages simplistes qui deviennent des bannières … Et ce récit tourne rapidement à la dissertation. Pourtant le sujet traité aurait pu être intéressant : un être mauvais est-il toujours responsable de ses actes ? Aurait-il pu être autrement qu’il est ? Celui qui se croit bon a-t-il une âme aussi pure qu’il l’imagine ? Alors qu’on désigne les délinquants comme responsables de tous nos maux, peut-on rester muets devant les « faux gentils » qui portent parfois le mal en eux de manière larvée ?

Dommage pour ce récit qui tourne en eau de boudin, prenant les lambeaux du roman pédagogique …
Voici un livre qui surprend au début, aurait pu être captivant même … mais qui dérange aussi.
Une intrigue qui s’essouffle pour tomber dans le pamphlet social ennuyeux …

Quand j’étais normal  – Marc Weitzmann. Éditions Grasset.

Article publié par Catherine le 3 octobre 2010 dans la catégorie vin de table
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Cru bourgeois

Invisible – Paul Auster

A New York en 1967, un jeune poète  nommé Adam Walker rencontre Rudolph Born, trentenaire ambigu, qui se révèle rapidement  pervers et manipulateur. Born propose à Walker de s’occuper de la rédaction d’un nouveau magazine littéraire… et au passage lui offre de coucher avec sa copine. Walker outré refuse dans un premier temps, puis finit par coucher avec elle à l’insu de Born. Celui-ci découvrira le subterfuge, il éconduira son amie, sans en tenir rigueur à Walker.

De sortie un soir tous les deux, Born et Walker sont confrontés à un jeune paumé qui arbore un flingue en leur réclamant leur argent. Born profite d’un moment d’inattention, il sort un couteau et poignarde le gamin. Ils constateront que le flingue n’était pas armé… Born emmène le garçon mourant dans un parc et l’achève. C’est un acte que Walker ne lui pardonnera pas. C’est aussi la clef de voute du récit.

Ce roman est construit comme une boule à facettes, avec des sauts dans le temps et des changements de points de vue narratifs, fort heureusement car la monotonie rode. Une lecture pas désagréable. Paul n’a pas été austère. Il fait parler ses personnages, souvent fort longuement. Un ton narratif, et même explicatif. Auster analyse, démontre, nous donne sa vision des choses, une vision parfois à sens unique hélas !

C’est à travers les voix des personnages que le récit se dessine, par le prisme de leurs pensées.Des voix authentiques et sans fioritures, des hommes et des femmes de tous les jours, qui n’hésitent pas à s’épancher et confier au lecteur leurs misères et leurs phantasmes.

Globalement, l’histoire n’est pas très originale, hormis l’amour entre Walker et sa soeur, qui tourne à l’inceste… Amour décrit avec naturel et sans emphase ce qui le rend presque touchant et … pudique, oui j’ose le dire. Le réalisme m’a semblé au rendez-vous, à part peut-être la hargne de Walker qui dure presque 40 ans. Il y a aussi le talent d’Auster, qui permet de rendre intéressants des aspects qui seraient restés d’une triste banalité sous d’autres plumes. Cependant j’ai trouvé qu’il aurait pu moins se répandre et se répéter, et en venir plus vite aux faits. Je me suis ennuyé parfois dans la première partie, moins après… quand vient une certaine sexualité débridée. Ça j’aime bien. Livre intéressant pour son climat et les traits de caractère, mais pas non plus une épopée captivante. Un assez bon livre mais qui aurait pu être bien meilleur à mon avis, avec quelques élagages… 80 ou 100 pages de moins. Heureusement qu’il y a du sexe.

Margot lui explique que la sexualité est la chose qui compte le plus au monde pour elle., que si elle ne pouvait plus faire l’amour elle se tuerait sans doute afin d’échapper à la monotonie de se sentir prisonnière à l’intérieur de sa propre peau. Walker ne dit rien mais, au moment où il jouit en elle pour la deuxième fois, il comprend qu’il est du même avis. Il est fou de baise. Même dans les affres du désespoir le plus écrasant, il est fou de baise. La baise est souveraine et rédemptrice, c’est le seul salut sur terre.

Invisible – Paul Auster. Actes Sud

Article publié par Noann le 1 octobre 2010 dans la catégorie Cru bourgeois
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Premier Grand Cru Classé

Le cœur régulier – Olivier Adam

Sarah partage la vie d’Alain, un mari gentil, irréprochable, jusqu’à l’ennui … Deux beaux enfants, parfaits, qui peuvent à présent se passer d’elle, et un frère cadet en perdition, suicidaire, disparu trop tôt … Beaucoup de questions se bousculent dans la tête de Sarah : a-t-elle entraîné Nathan, fragile, vers le suicide, parce qu’il ne supportait pas la vie de sa sœur, si parfaite, si aseptisée aux côtés d’un bel époux, avec qui elle a eu de beaux enfants, une vie sans anicroche, sans passion aussi …

Elle va partir au Japon, abandonnant tous ces repères si rassurants, cette vie sans histoire … Elle sait que Nathan a vécu au Japon et espère retrouver la trace de ceux qu’il côtoyait là-bas. Ainsi se lie-t-elle avec Natsume, ancien policier, qui s’est donné comme mission de venir en aide à ceux qui, comme Nathan, ne voulait plus de cette vie ici-bas … Sarah apprendra que Nathan a vécu dans la maison de Natsume et s’y sentait bien.

L’auteur explore un thème qui lui est cher, le deuil. Avec délicatesse, il sonde les âmes abîmées, leur tend des perches pour s’en sortir malgré tout.

A travers une écriture sobre, limpide, pudique, il nous invite à suivre Sarah dans ses allers-retours entre Paris et le littoral japonais.

J’ai été séduite par le personnage de Natsume, sorte de devin au regard lumineux, magique, qui accroche les cœurs désespérés en haut d’une falaise, prêts pour le grand saut, les prend en charge chez lui pour un séjour, le temps de se reconstruire.

On se laisse porter par une écriture qui fait toute la place à la sensibilité, à l’intimité du voyage intérieur et extérieur de l’âme humaine. L’auteur pose aussi les grandes énigmes de ce qui dérange, les cœurs fragiles, perdus, martelés, incompris … Il met en exergue la quête d’une tendresse troublée, sans jamais tomber dans les grandes théories ni les grands discours psychologiques à deux sous …

Le cœur régulier – Olivier Adam, Éditions de l’Olivier

Article publié par Catherine le 26 septembre 2010 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Grand vin

La vie est brève et le désir sans fin – Patrick Lapeyre

Nora vient de lui blesser le cœur …Elle est fatale, passionnée, de celles qui plaît à tous les hommes. Provocante, vêtue d’un trench coat et de bottes en cuir, elle fait craquer notre héros qui s’effondre dans ses bras …

Voici l’histoire de deux amants, Murphy, Américain très chic vivant à Londres et Louis, Parisien en perdition. Deux amants … ceux de Nora, qu’elle rend fous à tour de rôle, fous de tristesse lorsqu’elle s’échappe pendant un temps sans donner de nouvelles, fous de joie quand elle leur revient et s’offre à eux avec fougue.

L’auteur ne parle ici que d’amour et encore d’amour. Il morcelle la passion par petites touches fragiles et mélancoliques. Il pose la délicate question de l’intensité des sentiments. Jusqu’où est-on capable d’aller par amour pour l’autre ? Jusqu’où est-on capable de faire souffrir l’autre ?

Un récit subtilement mené où l’on croise des images étranges, des instants de fougue volés à la désespérance la plus profonde. On se laisse bercer par une écriture fluide et limpide et entraîner entre la passion et le désamour, les instants de ciel bleu et les sombres ténèbres.

Voici un roman qui résonne dans le cœur de manière bouleversante … On se sent gavé de cette passion et lorsque la dernière ligne approche, on n’a qu’une envie : aimer, aimer, aimer … jusqu’au bout …

La vie est brève et le désir sans fin – Patrick Lapeyre, Éditions P.O.L.

Article publié par Catherine le 23 septembre 2010 dans la catégorie Grand vin
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Cru bourgeois

Beau Rivage – Dominique Barbéris

Un petit hôtel tranquille dans la montagne, près d’une frontière (Suisse ?), loin de toute habitation. A côté un ancien sanatorium, plus loin une ville non citée, “V.” Des pensionnaires gentils et calmes : la narratrice, X, et son époux, un universitaire fort occupé mais très prévenant, un couple, les Vasseur, dont la dame Christine, très jolie et blonde évidemment, est tombée dans la dépression suite à un échec. Son mari est gentil et très compréhensif. Vient Serge, un diplomate qui attend une mission après un retour d’Afrique, aimable garçon qui s’intéresse à tout le monde. Pour chapeauter le tout, la tenancière, une dame affable et très prévenante. Voilà les personnages aussi charmants qu’énigmatiques de ce huis clos touristique.

Ils passent leur temps à s’observer et à se jauger, comme l’explique très aimablement la narratrice, personnage principal mais effacé, dont on saura peu de choses. C’est étrange, un roman écrit à la première personne dont la narratrice ne parle que des autres. C’est gentil, pour une fois on ne nous bassine pas avec un ego et des états d’âme personnels. Très gentille narratrice qui prend bien le temps de nous expliquer et nous donner à voir cette région, à nous décrire par le menu les occupations somme toute ordinaires de ces gens, hormis Christine Vasseur qui jette un froid, mais la pauvre elle n’y peut rien, son armoire à pharmacie déborde. Elle est sous traitement, mais on sent une femme très bonne dans sa perdition.

Que dire d’autre ? Tout est dans l’ambiance, le suggéré, le non-dit, le non-su, le non-lu. C’est mignon tout plein. Ce livre m’a fait du bien, je venais de terminer “Ouragan” que je n’étais pas parvenu à lâcher avant l’aube. “Beau Rivage” m’a permis de passer une bonne nuit. C’est un roman qu’on met facilement de côté pour le reprendre des jours plus tard, il a le temps. Tout le monde a le temps. Tous sont bien gentils et bien intentionnés. Ça m’a fait penser à The Shinning sans l’épouvante. A moins que ce soit Alice au pays des merveilles, sans les  merveilles. Ni sexe ni violence, aucun vocabulaire abscons et  effets de style pour nous étourdir, pas de hargne. Un ton naturel et simple, pas d’intrigues à cachets d’aspirine. Enfin un écrivain qui évite les grandes démonstrations… A contre-courant du mouvement actuel. Ne pas oublier le thermos de café. Une tasse toutes les cinq pages.

“Je me souviens du silence, souvent, quelle que fût la distance qui nous séparait de la route. Il nous arrivait d’entendre aboyer le chien de l’ancien abattoir. Les parois déplaçaient le son, le prolongeaient de toutes sortes d’échos. On avait l’impression qu’il venait de l’eau froide du lac, qu’il montait d’entre les branches immobiles des sapins renversés”

Beau Rivage – Dominique Barbéris. Editions Gallimard

Article publié par Noann le 21 septembre 2010 dans la catégorie Cru bourgeois
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Premier Grand Cru Classé

Ouragan – Laurent Gaudé

Une négresse amère de près de cent ans. Un ouvrier de plateforme pétrolière usé, qui va retrouver envers et contre tout une ancienne amante après six ans, elle a un fils, fugueur. Une bande de taulards qui profite de l’occasion pour filer en douce, en tuant deux policiers au passage. Un prêtre un peu toqué, dont l’église est réquisitionnée. Voilà les personnages principaux de cette fresque, ceux sur qui tout repose. Ce fameux ouragan restera au second plan, il servira de toile de fond, de support, un moyen en quelque sorte. Le livre ne parle guère de l’ouragan, si ce n’est par allusions. Il parle de ces hommes et femmes, de leurs tourments, de leurs angoisses. Il faut reconnaitre qu’ils sont tous moroses d’un bout à l’autre, n’affichent quasiment aucune pensée positive. Ils se morfondent, et le déluge va les façonner encore un peu plus.

Chaque personnage intervient tour à tour, dans des paragraphes compartimentés, qui font parfois un quart de page. Ces bouts de textes forment une sorte de polyptyque, une œuvre avec de nombreuses facettes qui se complètent et servent toute le même dessein. Le dessein au fait, quel est-il ? On peut se demander si le but n’est pas simplement de nous secouer, de nous donner à lire ce que notre enfer intérieur apprécie. De ce point de vue là, Gaudé semble faire de la composition. Il nous sert le drame de façon rectiligne, abrupte, sans hésiter à puiser dans toutes les noirceurs de la nature humaine. Le procédé n’est pas nouveau il faut le reconnaitre. Il n’y a pas que le lieu qui est américain. Le traitement l’est aussi. “Ouragan” ressemble un peu à une histoire d’épouvante, où tout concourt à nous faire frissonner. C’est un livre façonné, où l’auteur semble avoir fait des calculs pour amener chaque ingrédient au bon moment. Malgré tout, le résultat garde un aspect naturel, et c’est sans doute là que l’on voit son talent, immense talent qui sait faire oublier la technique, et parvient à rendre l’anecdote  intéressante.

Ce livre n’est pas parfait pour autant. D’abord il faut une assez bonne concentration et un esprit déductif pour remettre en place les éléments de ce kaléidoscope. Les sauts fréquents de point de vue rompent la monotonie et donnent du relief, mais demandent aussi un effort pour entrer à chaque fois dans la peau d’un nouveau personnage. Le côté réaliste est assez réussi, mais comme on dit, l’excès nuit en tout. J’aurais apprécié un peu plus de nuance parfois, et quelques moments d’accalmie. Dans le fond, “Ouragan” est assez plat, dans son intensité, parce qu’il est constamment dans la puissance des émotions, si bien qu’il en devient excessif. Gaudé sait-il que même dans l’âme la plus noire, il y a toujours un rayon de soleil, un peu d’amour, de désir? Ses personnages sont tristes au point d’être parfois suffocants. Il y a un peu trop de tout. Après, on adore ou on déteste. En ce qui me concerne j’ai beaucoup aimé. Chaque ligne m’a parlé. C’est la façon d’amener les idées, de les exploiter, de les rendre palpables, la façon dont les mots s’appuient les uns les autres, comme les briques d’un édifice. On peut aimer on pas, mais personne ne peut nier que c’est un livre très bien écrit.

“Moi, Josephine Linc. Steelson, négresse depuis presque cent ans, j’ai ouvert la fenêtre ce matin, à l’heure où les autres dorment encore, j’ai humé l’air et j’ai dit : “Ça sent la chienne.” Dieu sait que j’en ai vu des petites et des vicieuses, mais celle-là, j’ai dit, elle dépasse toutes les autres, c’est une sacrée garce qui vient et les bayous vont bientôt se mettre à clapoter comme des flaques d’eau à l’approche du train.”

Ouragan – Laurent Gaudé. Actes Sud

Article publié par Noann le 19 septembre 2010 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Premier Grand Cru Classé

L’insomnie des étoiles – Marc Dugain

Le capitaine Louyre est astronome. Mais la guerre l’oblige à abandonner les étoiles pour explorer la terre et ses horreurs.

C’est l’automne 1945. Il dirige une compagnie de militaires français chargés de remettre de l’ordre dans une ville du sud de l’Allemagne. La catastrophe prédite fait naître des mystères inattendus. De lourds secrets vont peu à peu interpeller cet homme ordinaire …

Et voici que l’astronome se fait enquêteur … Il découvrira petit à petit que la ville recèle de lourds secrets … Le maire de celle-ci, professeur de philosophie, reste muet quand on lui parle de l’hôpital déserté à l’heure où il devrait crouler sous le nombre de blessés. Et puis, il y a Maria, exsangue et affamée, qui attendait le retour de son père …

Autant d’énigmes dont notre astronome sous l’uniforme devra découvrir les clefs dans les décombres de l’Allemagne vaincue …

Marc Dugain excelle dans l’art de disséquer l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus ignoble. Mais il démontre aussi à travers les individus qu’il scrute, qu’il y a des âmes qui valent la peine d’être sondées pour leur richesse.

A travers un plume éclatante, limpide, pudique, un style hors pair, il nous convainc que l’âme humaine peut changer … du moins il nous donne envie d’y croire …

L’insomnie des étoiles … Un titre qui inspire la poésie pour un roman grave, effroyable, qui dénonce le processus de destruction de l’humain vulnérable, par n’importe quel moyen …

Intense. Magnifique.

L’insomnie des étoiles – Marc Dugain, Gallimard

Article publié par Catherine le 16 septembre 2010 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Comestible ?

Photo-Photo – Marie Nimier

Une femme écrivain est conviée à une séance de photos organisée par Paris-Match à l’occasion de la rentré littéraire 2008. Elle y rencontrera le célèbre Karl Lagerfeld. Cette rencontre est le point de mire du roman, un leitmotiv qui revient et sert de prétexte à tout… et n’importe quoi.

Une vieille dame a remarqué les baskets couleur tilleul que portait l’écri-vaine (et même écri-très-très-vaine) et lui envoie une gentille lettre pour lui demander où elle pourrait s’en procurer. L’auteure tente d’en trouver sans résultat, mais piquée par la curiosité, elle rencontrera la dame à son hôtel. Il s’ensuit un imbroglio, une  suite d’anecdotes exploitées à l’extrême, comme si l’auteur n’avait rien à dire mais voulait le dire quand même. Ça ressemble un peu au babillage de ces vieilles personnes qui parlent de leurs souvenirs avec confusion, et passent d’un détail à l’autre sans ordre apparent, genre on passe de la grossesse d’Astrid au cancer du grand-oncle Henri en ’92 (1892). J’ai commencé réellement à attraper des petits boutons quand l’écri-vaine raconte ses visites chez l’ophtalmo, non pas une visite, mais X visites, sur 30 pages, avec une profusion de détails superflue et même agaçante.

Il y a des livres qu’on aime, ceux qu’on n’aime pas, et je viens de découvrir une nouvelle catégorie : ceux qui donnent des pustules partout. Pourtant ce livre comme tout autre doit bien avoir une qualité? Disons que l’auteur a une faculté d’exploiter le moindre détail et une capacité à allonger la sauce vraiment extraordinaire. Le style… Chargé d’afféteries, de lourdeurs. Au début j’ai lu attentivement. Mais au bout d’un temps, je me suis aperçu qu’on pouvait lire une ligne sur deux, sur trois, sur quatre. Finalement je ne lisais plus que la première ligne de chaque paragraphe.

Je profite du mauvais temps pour mettre par écrit le récit du voyage à Paris. Je me dis qu’il faudrait remplacer le mot chat par le nom du chat, son vrai nom ou un autre, inventé, pourquoi pas justement Baden-Baden, ou Guillaume, ou Milky, mais quand j’essaie de le faire les phrases sont bancales et l’angle ne tient plus. Ses branches se disjoignent. Peut-on parler des branches d’un angle, comme des branches d’un arbre ou d’une paire de lunettes ? Ce qui m’intrigue dans cette figure, c’est le fait que ses côtés, appelons-les des branches, peuvent se prolonger à l’infini, mesurer trois centimètres ou plusieurs milliers de kilomètres, et l’angle restera rigoureusement identique… Il se définira de la même façon, comme on dira d’une mère qu’elle est une mère, même si elle bat ses enfants.

Photo-Photo – Marie Nimier – Gallimard

Article publié par Noann le 14 septembre 2010 dans la catégorie Comestible ?
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Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés