Grand vin

La fille du gardien de phare – Ann Rosman

Nous sommes à Marstrand, une cité balnéaire de la côte ouest de la Suède, fief de l’auteur. Le portail d’un vieux cellier, propriété de la famille du gardien de phare, s’écroule sur deux maçons polonais, alors qu’au loin retentissent les cloches qui annoncent la messe dominicale. Les deux enquêteurs dépêchés sur place découvrent, derrière un mur une pièce jamais explorée jusqu’ores et dans cette muraille gît un corps. C’est celui d’un homme mort il y a près de cinquante ans. Devant cette macabre découverte, les ouvriers s’enfuient, effrayés… Les deux enquêteurs se voient alors chargés de trouver la clef d’une énigme jamais élucidée.

fille du gardien de phare
Je n’en dirai pas plus sur le préambule de cette histoire et vous invite à vous imprégner de ce roman noir où l’atmosphère est lourde, appuyée et vous laisser emporter par les paysages dramatiques, sauvages, merveilleux décrits par l’auteur avec beaucoup d’émotion.

De prime abord, l’on a envie de parler d’une histoire palpitante, une intrigue soutenue. Mais l’auteur se borne surtout à nous livrer, à travers une écriture magnifique, l’histoire de son pays pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le récit met d’emblée le lecteur en alerte, espérant trouver la clef d’une intrigue chargée de mystère mais le conduit surtout à en savoir plus sur ce pays dont on connaît peu de choses. Ann Rosman retrace avec talent des bouts de vie, des fragments d’histoire, avec en toile de fond un souffle de mystère, une mort étrange…

Le récit est mené de main de maître et nous invite à un plongeon dans le passé de cette Suède bousculée, confrontée à une période trouble aux mille secrets…

Un suspense intense, un voyage dans l’Histoire mais aussi une promenade dans la nature luxuriante des paysages nordiques.

La fille du gardien de phare d’Ann Rosman, Éditions Balland

Date de parution : 01/09/2011  
Article publié par Catherine le 27 novembre 2011 dans la catégorie Grand vin
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Grand vin

Dahlia – Hitonari Tsuji

Voici le septième roman – sorte de septième ciel aussi puisque tout ici est imprégné de l’univers de Sade – de cet auteur à la plume magistrale. Je n’ai pas lu les précédents opus mais cela ne m’a posé de problème de « prendre le train en marche ».

Le héros porte le doux prénom d’une fleur. Pourtant ce garçon à la beauté affriolante et dangereuse est bien déterminé à ruiner sa famille … Il n’a qu’une seule devise : se laisser aller à ses pulsions, balayer les interdits, donner un grand coup de pied à cette société de traditions et de conventions, triste à mourir.

L’histoire met d’abord en scène un grand-père qui perd pied. Il se rend chaque jour dans le parc voisin du quartier anciennement huppé, livré à présent à la délinquance. Lors de cette balade quotidienne, il croise trois amis qui lui proposent une partie de bridge. Embarrassé, il se rend chez lui pour demander à sa femme s’il peut rejoindre ses amis. Arrivé chez lui, il se ressaisit et doit se rendre à l’évidence : il vient de se recueillir sur la tombe de ses trois amis et sa femme est partie elle aussi au firmament depuis bien longtemps … Amnésie ? Délire ? Hallucinations ?dahlia

Puis l’on fait la connaissance de sa belle-fille, habituée elle aussi à fréquenter le parc pour y promener son chien. Elle rencontre alors un jeune homme très beau, qui l’invite à le suivre dans son appartement. Il se prénomme Dahlia. Elle tombe d’emblée sous le charme dévastateur de ce bellâtre et le suit sans se poser de question.  Mais Dahlia au visage d’ange se montre violent et insiste avec force pour qu’elle se déshabille, la dénigre et l’humilie ensuite. Puis il exigera qu’elle l’invite chez elle. Et, pour on ne sait quelle raison, elle obtempère. Le mari et les enfants se montreront d’emblée séduits par Dahlia allant jusqu’à lui proposer de dormir chez eux …
Et le lecteur de se laisser porter tout au long des 144 pages par ce jeune homme si beau, si doux, si perfide aussi.

L’auteur mélange avec talent plusieurs thématiques fortes qui vont de la perdition d’une famille en passant par la mémoire qui se fissure jusqu’à l’amnésie. Il nous parle aussi des déviances sexuelles dans un monde où tout est aseptisé, immaculé.

Fort, percutant, véhément même …

Dahlia de Hitonari Tsuji, Éditions du Seuil

Date de parution : 13/10/2011  
Article publié par Catherine le 21 novembre 2011 dans la catégorie Grand vin
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Cru bourgeois

Trois amis – Mario Tobino

Une fois n’est pas coutume, je commencerai la présentation d’un livre en parlant de son auteur, et pour ce faire, je recopierai simplement la courte page à son sujet dans Wikipédia :

“Écrivain prolifique, Mario Tobino débuta en écrivant des poèmes, puis il se mit à écrire principalement des romans. Ses travaux sont caractérisés par une inspiration autobiographique et traitent souvent de thèmes sociaux et psychologiques. Il a su transposer dans ses romans son expérience médicale.”

Ce n’est pas tant par fainéantise ou par nostalgie de potache que je fais ce copiage (ou juste un peu…), mais parce que ces trois lignes sont un bon résumé. L’auteur est donc médecin-psychiatre, et il a puisé beaucoup dans son vécu pour alimenter son œuvre…  “Trois amis” n’échappe pas à cette règle.

Turri, Campi et Ottaviani, qui est le narrateur, se sont rencontrés sur les bancs de la fac de médecine, en Italie, peu avant la guerre. On devine tout de suite, dès les premières lignes, le coté très personnel et intimiste du récit. Manifestement, Ottaviani et l’auteur ne font qu’un. Le narrateur est l’auteur, ou une bonne partie de lui. On sent le vécu, et même le vécu intensif, je dirais même la plaie encore grande ouverte. Dans les premières pages, il annonce la couleur, et elle est rouge sang. Campi est le révolté silencieux, le révolutionnaire. Il sera arrêté par les nazis, torturé pendant un mois afin d’obtenir des noms, puis pendu. Campi gardera le silence jusqu’au bout. Il deviendra un héros national, et un emblème pour ses compagnons. Turri est un résistant farouche, batailleur. Il sera une figure de proue du GAP, le Groupe d’Action Patriotique.Trois amis En dépit de son désir d’une Italie libre et de son aversion au fascisme, il fera de nombreuses victimes. Ottaviani lui est le plus calme de la bande. Il décrit avec de nombreux détails leurs vies et leurs relations tumultueuses à tous les trois. Son récit est imagé, fouillé, mais aussi un peu décousu. L’auteur laisse librement parler ses souvenirs, de la façon la plus simple qui soit, sans tenter de les ordonner, avec quelques répétitions…

“Trois amis” est une belle ode à l’amitié, et dans ce cas-ci, l’amitié a traversé les épreuves et s’est poursuivie entre les années ’30 et les ’60. L’auteur remonte le temps, fait des escapades d’une époque à l’autre, sans ordre précis. Le côté historique donne une dimension intéressante, l’arrivée du fascisme, et comment il embrase le pouvoir, la réaction des trois amis, leur engagement dans le communisme, par désir de lutte contre l’extrémisme, et par idéalisme. Le fait que ce soit une biographie, peut-être un peu romancée, donne une couleur particulière au récit, par sa crédibilité. Cependant, l’auteur semble se complaire dans ses souvenirs, qui m’ont parfois semblé trop personnels et détaillés. Là réside sous doute les  limitations et les pièges du genre… On passe par toutes les luttes et tous les événements de la vie de ces trois amis, sans que ça apporte forcément quelque chose au lecteur. Beaucoup d’anecdotes intéressantes, quelques unes sans grand intérêt. Pour le reste, l’écriture est agréable et de bonne facture, à part quelques phrases molestées par la traduction. Mais pourquoi les traductions de l’Italien donnent-elles si souvent des phrases caduques ?

Trois amis – Mario Tobino. Éditions Plon

Date de parution : 28/08/2011  
Article publié par Noann le 20 novembre 2011 dans la catégorie Cru bourgeois
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Cru bourgeois

Une nuit à Reykjavik – Brina Svit

“Une nuit à Reykjavík” est, comme son nom l’indique, l’histoire… d’une nuit à Reykjavík. Ça peut sembler une évidence, mais combien de titres n’ont rien à voir avec l’histoire … On cherche toujours où sont les bienveillantes dans le livre de Jonathan Littell, et où est le radiateur dans “Auto-portrait au radiateur” de Christian Bobin. Le lecteur est immédiatement saisi par la quête charnelle de Lisbeth, qui annonce d’emblée qu’elle a invité Eduardo, un Argentin, dans cette capitale dont il ignore tout, même le nom, il pense que Reykjavík est un hôtel ! En échange d’une nuit d’amour, elle lui a proposé la somme mirobolante de 5.000 euros, en coupures de 500.

Dans son pays, Eduardo est un danseur latino très prisé, qui se fait payer par des dames de toutes origines et âges, juste pour danser. À Buenos Aires, affirme l’auteur, les dames aiment se faire conduire au bal, et passer un bon moment dans les bras d’un danseur professionnel. Quelques Européennes spéculent, certaines voient en ce séducteur un bon coup. Lisbeth elle a un bon travail, gagne raisonnablement sa vie, parle cinq langues… et se lance dans le défi d’inviter Eduardo pour cette nuit dont elle n’attend rien ou dont elle attend trop…

Mais à Reykjavík, tout ne se déroule pas de la façon la plus simple et la plus naturelle. Tergiversations, atermoiements, on se cherche un peu, on chipote, se commande à manger, prend une douche. Eduardo s’endort. Lisbeth s’énerve, s’affole. Le lecteur comprend assez vite qu’il va être mené d’un bout à l’autre par une Lisbeth capricieuse, un Eduardo indolent, et surtout, un auteur qui sait exploiter nombres d’incidents et revirements.

L’auteur nous invite à une comédie truculente. On se prend sans problème au jeu de cette femme sommes toutes assez classique, un rien compliquée et méfiante, comme peut l’être une quadragénaire ayant un peu vécu, vivante et viveuse, émoustillée mais quand même sur ses gardes. Quelques passages sont assez amusants, voire carrément drôles, écrits dans un style léger, sans fioritures. Style qui traduit à merveille l’esprit vagabond mais aussi chichiteux du personnage principal, avec des changements, des hésitations, des interrogations, répétitions, peut-être un peu trop… Il y a aussi pas mal de parenthèses sur la vie passée de Lisbeth, sa sœur morte d’un cancer, ses amis, et les amis de ses amis. Ces digressions incessantes de plusieurs pages détournent du sujet, et personnellement je les ai souvent zappées pour tenter de rester dans le sujet ; il me tardait de savoir la suite…

Reykjavik

Gros bémol sur les descriptions de lieux… Perso j’ai été là en voyage d’affaires. Reykjavík sonne un peu faux, pour celui qui la connait. Le climat extrême, très froid, c’est un cliché. S’il ne fait pas plus de 25° en été, en hiver les températures descendent peu en dessous de zéro. Le climat est tempéré par le Gulf Stream. Par contre il change vite. La ville est petite affirme l’auteur… Lisbeth n’aura pas de mal à retrouver Eduardo quand il s’enfuit, et de fait ils se retrouvent comme par miracle. Mais n’oublions pas que cette ville compte plus de 100.000 habitants et grouille de monde, les bars sont nombreux et fort fréquentés. Peu de descriptions et pas très fidèles. Il suffirait de changer le nom Reykjavík par Vladivostok pour que le roman se passe en Russie. Pour ce qui est de l’histoire, elle souffre un peu à mon goût du mode et du ton constants, des dérobades un peu systématiques. C’est tout de même un petit récit simple et agréable, qui permettra de passer une bonne soirée de détente.

Une nuit à Reykjavík – Brina Svit. Éditions Gallimard

Date de parution : 01/09/2011  
Article publié par Noann le 15 novembre 2011 dans la catégorie Cru bourgeois
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Grand vin

Le cas Sneijder – Jean-Paul Dubois

Quelque part dans une ville du Canada, un ascenseur chute violemment et Paul Sneijder perd sa fille. Il sort seul indemne de cet accident … Bien sûr sa vie bascule et il passe désormais ses nuits blanches à scruter et potasser la nombreuse documentation sur les … ascenseurs. Par dépit, il trouve même un emploi minable. Il devient promeneur de chiens pour se rapprocher de la vie basique, loin de la vie feutrée et aseptisée où l’on passe de son appartement surchauffé  à l’ascenseur qui mène au bureau… nous faisant presque oublier la nature et la terre…

Notre héros, bouleversé, meurtri, décide de prendre des chemins de traverse, loin des conventions, loin de ceux qui partagent sa vie, enfin qui vivent à côté de lui … Il va délaisser le monde des gens bien pensants, bien assis dans leur vie professionnelle si ennuyeuse et petit à petit il sera jugé, toisé, traité de fou même.Le cas Sneijder

Cependant, au cours de son escapade marginale, il croisera quelques rares personnages sortant du lot, humains ou capables de le comprendre.
À travers un style élégant, l’usage de mots rares, l’auteur donne au drame du départ une autre connotation, livre une sorte de leçon de vie, de retour aux sources, loin du tumulte de la vie citadine. Il apaise même le lecteur, effondré par cette mort insensée du début.

Un roman doux-amer où l’auteur fait fi des conventions, des modèles de référence, des vies de pacotille entre béton et… béton.

Et le lecteur de se laisser porter par cette fable entre roman noir et satire ironique qui fait réfléchir et bouscule. Avec humour et dérision, l’auteur dépeint l’univers glacial et insipide de la modernité, en profitant pour mettre le lecteur devant le fait accompli.
Distrayant, mouillé d’acide aussi ce portrait de l’humain de nos jours…

En refermant cet opus, on n’a qu’une seule envie… fuir, partir mais sans tambour ni trompette, sans heurts, juste suivre un chemin de sérénité…

Le cas Sneijder de Jean-Paul Dubois, Éditions de l’Olivier

Date de parution : 06/10/2011  
Article publié par Catherine le 15 novembre 2011 dans la catégorie Grand vin
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Grand vin

Le dernier voyage – Bruno Poissonnier

Je voudrais vous parler d’un livre plus ancien, publié en 2008. Il m’a été offert récemment et je suis venue vous dire combien ce court roman est immense d’émotion et de sensibilité…

Raymond est un vieux marinier, attaché à sa vieille péniche des années 30 qu’il a appelée « le Gueule d’Amour ». Il accepte un ultime long voyage jusqu’à Arles, alors que deux mariniers issus de la nouvelle génération devaient assurer ce voyage à bord de deux péniches appartenant à des industriels-mariniers.

Finalement, les deux bateaux sont chargés et un pari est lancé : le premier qui arrive à destination gagne… Et voici notre Raymond qui embarque avec quelques nœuds d’avance pour faire le plus long trajet de sa carrière. Car depuis le décès de sa femme, il se bornait à de courts transports céréaliers ou de petites livraisons locales…

Raymond embarque seul…Le dernier voyage mais il emporte avec lui les fragments d’âme de sa défunte femme, le lourd tribut d’une vie éclatée, son vieux chien et l’histoire surannée de ce métier en perdition. Sa Gueule d’Amour perce à force d’avoir bravé tous les éléments, par tous les temps, passe de justesse les écluses, avance tant bien que mal … Le concurrent fonce et devance le vieux Raymond qui ne manque pas de faire une pause à chaque écluse, retrouvant quelques vieux potes avec qui il partage un bout de pain, quelques rondelles de saucisson. Vaille que vaille il poursuit son chemin, jalonné d’embûches…

L’auteur nous fait découvrir le monde des mariniers peu connu et peu décrit. L’émotion est omniprésente. On s’attache à ces mariniers qui, derrière leur épaisse cape et la dureté de leurs traits, cachent un cœur énorme. Les personnages sont touchants et sensibles.

Dès les premières pages, il nous fait partager le périple de ce marinier épuisé par le rude métier, le temps qui creuse les joues, le combat contre une mort annoncée, car même si celui-ci est larvé, on sent que la fin du récit est aussi la fin de l’homme, les douleurs du passé, les absences trop lourdes à porter – la perte de sa femme et un fils gravement malade – la poursuite malgré tout de cette dernière ligne droite…

Les mots de l’auteur sont vrais, riches et chargés de sensibilité. L’émotion rayonne de toutes ses forces, lorsque Raymond retrouve un ami perdu de vue avec qui il remuera les souvenirs avant de reprendre le cours du voyage coûte que coûte, qui se terminera par une course de péniches…
Avec un talent énorme, l’auteur nous invite à bord aux côtés de Raymond, nous guide à travers des paysages somptueux, nous fait traverser les écluses, nous livre aussi une belle histoire d’hommes en plein conflits entre les traditions et la modernité, une leçon de vie tout simplement…

Un ravissement…

Le dernier voyage de Bruno Poissonnier, Éditions Métailié

Date de parution : 21/02/2008  
Article publié par Catherine le 7 novembre 2011 dans la catégorie Grand vin
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vin de table

Tout, tout de suite – Morgan Sportès

Ils voulaient tout, tout de suite … C’était leur seul et unique souci. L’argent facile par n’importe quel moyen …
En 2006, cette bande de voyous dénués de la moindre maturité, de la moindre structure, enlevait un jeune juif, vendeur en téléphonie et lui faisait endurer les pires souffrances.

L’auteur se penche sur l’enquête et s’intéresse à ceux que l’on appelait le « Gang des Barbares ». Il nous livre tantôt le supplice de l’otage, tantôt l’angoisse de la famille jusqu’à l’assassinat.
Épouvantés, on suit le fil de ce roman qui a plutôt des allures de reportage-choc, de thriller de série B. L’auteur sonde l’intérieur de l’âme de ces malfrats – si tant est qu’ils en aient une – où ne résonne que l’écho d’un abîme, une absence totale de morale.Tout, tout de suite

Et l’auteur de nous dépeindre aussi avec force et violence l’indifférence de certaines personnes qui avaient connaissance de tout cela mais se montraient silencieux … par lâcheté, par peur des représailles.
Le lecteur se laisse emporter bien malgré lui dans cette sorte d’enquête malaisée où les nerfs sont mis à rude épreuve à chaque page tournée …
S’ensuivent une série d’explorations dans les tréfonds de la mémoire des enquêteurs : fausses pistes, sous-entendus et vérités que l’on repousse pour ne pas … bousculer trop fort sa conscience.
Morgan Sportès use et abuse de mots saisissants, poignants jouant de main de maître avec la sensibilité du lecteur et tente d’expliquer le caractère sordide de cette affaire … tout en restant impartial.

Voici un tableau noir qui montre la dérive de notre société où des jeunes privés de l’élémentaire base d’éducation et de la langue perdent leurs repères et deviennent sans foi ni loi …
Ça sonne creux, ça ressemble plus à un journal dont je ne citerai pas le nom ici, c’est lourd, trop lourd …

Tout, tout de suite de Morgan Sportès, Éditions. Fayard

Date de parution : 17/08/2011  
Article publié par Catherine le 6 novembre 2011 dans la catégorie vin de table
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Cru bourgeois

La petite – Michèle Halberstadt

La petite a douze ans et deux passions : la radio et l’écriture. Pourtant, elle éprouve une terrible difficulté à être heureuse, peut-être tout simplement parce que personne ne l’écoute. Sa mère est plus préoccupée pas son autorité que par sa fille. Le père est absent. Heureusement, il y a le grand-père… Mais celui-ci décède… Une raison de plus qui pousse la petite à quitter ce monde dans l’espoir d’en trouver un meilleur, là-haut. C’est d’ailleurs ainsi que nous faisons sa connaissance, par le biais d’une journée folle, commencée par une surdose de médicaments. Les enfants de cet âge, assure le psychologue, font juste une tentative, ils prennent deux ou trois pupilles pour attirer l’attention. Mais la petite, elle, c’était du sérieux. Elle a fait fort, et en réchappe de justesse.

Elle échappe à la mort. C’est normal, nous sommes seulement page 17. Alors, elle nous parle de sa famille, de ce grand-père bienveillant, un peu débonnaire, et de son oncle, tout le contraire, un avare diamantaire, qui a échappé de justesse à la Shoah, cet abîme qui défie la raison. D’autres se sont contentés de vivre après ce calvaire, lui a décidé d’être riche… Et odieux. Et puis il y a la grande sœur, un modèle difficile à suivre…. et surtout Bernadette, une copine de classe. La petite essaiera désespérément de s’en faire une amie, maladroitement… Elle se retrouve de nouveau seule. Va-t-elle sortir de ses difficultés existentielles ?

La petiteL’auteur suit une trame bouleversante ; celle d’une enfant isolée, en proie à des démons que personne ne voit ou ne veut voir. “La petite” est un court roman, facile à lire, fait de petits bouts de phrases simples, ce qui est assez logique vu l’âge conféré à notre “petite”. Mais parfois, l’écriture devient plus savante, proche de celle d’un prof de lettre à la retraite, qui radote un peu. Le style m’a donc paru assez inégal, mais toujours assez sobre et plaisant à lire. Il faut dire que la petite est une ado des années ’60, quand on ne parlait pas encore SMS. Elle parle bien, avec un beau vocabulaire. On notera au passage que nombre d’écrivains ont essayé de faire parler l’enfance, sans jamais y parvenir totalement. C’est chose difficile que de se glisser dans la peau d’une ado, et de faire de ses démons un livre.

D’anecdote en anecdote, nous suivons terrifiés son histoire. Un récit tout en obscurité et en infinités de noirs. Heureusement, la fin, même si elle semble un peu précipitée, donne un peu de clarté. Si l’histoire n’a rien de novateur et peut sembler convenue, avec des personnages sortis d’un tiroir, ce petit roman pourra tout de même donner un agréable moment de lecture.

“Petit à petit, les trois membres de ma famille, ceux qu’intérieurement j’appelais “ceux d’en face”, puisqu’ils étaient ailleurs, dans une bulle détachée de la mienne, se laissèrent abuser par ce que je leur donnais à voir. À force de me retrancher en moi-même, j’avais éteint mes couleurs. Je me voulais invisible, j’étais désormais insipide. Le malentendu était en marche.”

La petite – Michèle Halberstadt. Éditions Albin Michel

Date de parution : 17/08/2011  
Article publié par Noann le 3 novembre 2011 dans la catégorie Cru bourgeois
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Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés