Anaëlle est devenue auteure malgré elle… Suite à un accident, elle s’est réfugiée dans l’écriture pour retrouver un semblant d’équilibre. En quête de renseignements divers pour son nouveau roman, elle prend contact avec Hervé, un procureur, las du quotidien ordinaire de sa profession, qui ne lui laisse plus guère d’enthousiasme ni de motivation. La rencontre d’Anaëlle est une aubaine et lui redonne du baume au cœur. Hervé se réjouit de l’échange épistolaire que l’étudiante entretient avec lui, qui devient de jour en jour plus fort, jusqu’à frôler l’attirance. Mais la greffière d’Hervé fait montre d’agacement face à cette intruse.
Pendant ce temps, Thomas, menuisier, passionné de nature, s’en remet au pouvoir des arbres pour trouver de l’aide et assister son jeune demi-frère Simon, atteint de leucémie. Il l’accompagnera dans son combat en dessinant la nature et en lui contant des histoires de sous-bois et de forêt.
Les destins de ces personnages aux antipodes vont s’arc-bouter. Commence alors un ballet d’âmes en perdition, qui vont donner le meilleur d’elles-mêmes pour mener un combat de vie, mêlant tour à tour leurs forces pour sortir de la pénombre et ressusciter un peu, parce que l’instinct de survie surgit lorsque sonne le glas de désolation.
L’histoire des personnages frappés par le malheur nous touche en plein cœur et remue en nous d’intenses sentiments. Ainsi, l’on passe du rire aux larmes mais l’auteur évite avec brio les clichés et la sensiblerie de mauvais aloi. Les mots sonnent juste, tandis que le récit regorge d’émotions et sentiments. Le pouvoir de la nature résonne dans les cœurs des personnages et leur donne un courage infini. L’espoir s’immisce entre chaque ligne, donnant à ce récit une belle analyse de l’âme humaine dans ce qu’elle a de fissures et de vigueur.
L’auteure réussit ce tour de force de livrer à travers des personnages très touchants, en plein désarroi, l’élan nécessaire pour reprendre goût à la vie, renaître de l’abîme…
Je suis une fois encore conquise par la talentueuse plume d’Agnès Ledig. Ce nouveau récit exhale moult parfums de troubles et de ressentis. Sous le dais d’un ciel dramatique, l’auteure a réussi un coup de maître en y glissant subtilement une dose d’espérance, un rai de soleil dans la pénombre, une éclaircie. C‘est là toute la force de l’auteure, de donner le La dans la gamme de la vie, même si celle-ci est jalonnée d’embûches, de faux pas.
Dans le murmure des feuilles qui dansent d’Agnès Ledig
Date de parution : 28/3/2018
Article publié par Catherine le 7 mai 2018 dans la catégorie
Grand vin
« Je suis la voyante la plus en vue du pays et, depuis hier midi, je ne vois plus rien. »
Chloé est voyante et depuis vingt-cinq ans Albert habite son esprit. Une longue histoire sans anicroche pensait-elle… Jusqu’au jour où elle rencontre Zac, garçon de café et apiculteur en perdition. Du jour au lendemain, la vie du charmant garçon va basculer. Et celle de Chloé aussi fait un virage à 180° lorsqu’elle perd son don de voyance et qu’Albert Einstein qui séjournait dans son esprit a disparu, s’installant désormais dans la tête de Zac, mitraillant à qui mieux mieux son cerveau d’informations magistrales, urgentes et essentielles. Le pauvre garçon, las de toutes ces directives, se retrouve coincé dans un chaos dont il ne peut se défaire.
Chloé, à son tour, se demande pourquoi le fidèle Albert a soudain déserté son esprit au profit de celui de Zac, lui qui n’est pas le moins du monde spirituel, lui le garçon pragmatique qui ne voulait pas de cet envoûtement.
Les héros sont touchants chacun à sa manière. Chloé, éperdue et désemparée éprise de Zac, mécréant et paumé, agacé par les messages que lui insuffle Albert. Et l’auteur donne à cet estuaire amoureux une aura qui vous poursuivra jusqu’au mot fin.
Un récit qui ressemble à un scénario – d’ailleurs le film sortira en septembre prochain – et traite de sujets qui touchent le monde entier, notamment celui du sort des abeilles menacées de disparaître d’ici peu. Et que restera-t-il de la nature si elles disparaissent, elles, ces petits soldats au garde-à-vous de nos cultures de fruits, de légumes et qui nous récompensent de leur nectar bienfaisant ?
L’auteur nous livre une fable émouvante, où la spiritualité s’immisce entre les lignes et nous ouvre les yeux sur les défis de la planète. Une escale de lecture fort agréable pour ce roman qui jouxte entre le fantastique et l’absurde, mais est chargé aussi de messages lourds de sens…
À lire, tranquillement installé sur un banc. Mais à voir peut-être sur grand écran…
J’ai perdu Albert de Didier Van Cauwelaert, éd. Albin Michel
Date de parution : 28/03/2018
Article publié par Catherine le 24 avril 2018 dans la catégorie
Cru bourgeois
Une femme portée disparue. Une enquête bâclée. Un inspecteur de police, amoureux de la belle disparue et qui décide de relancer l’enquête en la confiant à son meilleur élément, quitte à contourner habilement la légalité… Voila les ingrédients de ce que nous pourrions appeler un thriller psychologique (j’ajouterais bien : “à la française” – par opposition au thriller américain, tant plébiscité). Tout y est, et d’emblée l’enquête s’annonce passionnante et mouvementée.
Et très vite les avis vont diverger, entre le mari, qui prétend que sa femme était dépressive et qu’elle s’est sans aucun doute suicidée dans un coin, et des collègues, qui assurent qu’il n’en est rien, mais au contraire, ledit mari n’avait pas un comportement irréprochable. Il pourrait avoir plus de responsabilité qu’il veut bien le reconnaitre. Le récit alterne entre la voix de la disparue, rétrospectivement, et celle du super-flic qui tente de démêler les fils de cet écheveau mystérieux. De page en page, nous découvrons l’emprise mentale qu’avait ce mari, la domination socialement silencieuse de cet homme qui est pourtant un notable au-dessus de tout soupçon…. Jusqu’à découvrir finalement une vérité insolite… De rebondissement en rebondissement, l’étrange vérité finit par apparaitre…
C’est de main de maître que l’auteure nous conduit de fil en fil, à travers le tissu dense et complexe d’une relation particulière, mais pas tant que ça dans le fond, puisque la domination est courante, et depuis peu sous le feu des projecteurs, en particulier l’emprise de l’homme sur la femme. C’est donc sur un sujet brûlant de l’actualité que l’auteure surfe habilement, par une démonstration implacable et bien argumentée, presque académique. Les rouages de cette histoire sont parfaitement huilés, pour nous conduire avec enthousiasme d’une page à l’autre, et jusqu’à la fin. Malgré la thématique tant rabâchée, l’auteure parvient à donner une singularité aux personnages et au récit. La densité psychologique seule peut suffire à porter le lecteur, bien que les personnages ne suscitent pas toujours l’empathie.
On l’aura compris, l’intérêt de ce roman n’est pas tant l’énigme ni la trame dramatique, mais la consistance psychique des personnages, la dénonciation de l’emprise et du harcèlement, ainsi que la fourberie dont l’homme est capable.Tous ces problèmes pourtant très anciens mais qui semblent ne jamais trouver de solution définitive, d’où l’utilité d’en parler encore. Ce roman démontre avec brio le processus de domination mentale et ses conséquences, qui peuvent être dramatiques. A contrario, il pourra laisser les amateurs de policiers et de thriller “classiques” (comprenez : à l’américaine) sur leur faim. Pas vraiment d’intrigue complexe, pas d’affaire policière à rebond, peu de cadavres, une violence larvée… Mais une ambiance, un style et une densité des personnages intéressants.
Les blessures du silence de Natacha Calestrémé
Date de parution : 28/03/2018
Article publié par Noann le 20 avril 2018 dans la catégorie
Cru bourgeois
Aujourd’hui l’air est suffocant, pas la moindre brise pour rafraîchir un peu l’atmosphère. C’est une île, une terre désolée, quelque part en Méditerranée, semble-t-il, la seule habitée de l’Archipel du Chien. Sous le dais de nuages de chaleur vit une communauté coutumière de l’isolement et de la nature très rude. Ce petit monde vit en autarcie et survit grâce aux produits de la mer. La mer, mamelle de tous les bienfaits, certes… Mais aussi celle qui sera source de malheurs.
Un matin, qui ressemblait à tous les autres, trois corps d’hommes noirs sont ramenés sur la côte par les vagues. La quiétude et l’équilibre de la communauté sont tout à coup bousculés. Des secrets enfouis se dévoilent tandis que les lâchetés de quelques habitants du hameau vont se révéler au grand jour.
Trois jeunes hommes avaient fui un pays qui ne pouvait rien leur offrir pour échouer en fin de compte sur une plage peuplée d’ermites qui nourrissent le rêve de ne pas avoir d’histoires, de ne pas être mêlés surtout à cet événement sordide qui pourrait ternir leur petite vie cloisonnée et nuire à leurs projets de développement de leur île. Alors, plutôt que se ranger à la raison et donner à ces cadavres de dignes obsèques, ils se retranchent derrière un mur de veulerie et préfèrent oublier très vite ce sinistre événement et archiver celui-ci à jamais dans les tiroirs de leur mémoire.
Ainsi le curé, le maire, une institutrice à la retraite, le docteur, tous acquiescent pour étouffer désormais cette tragédie. Hormis l’instituteur. Et comme il n’abonde pas dans le sens de la mêlée, ceux qui s’arrogent le pouvoir de décider, il sera considéré très vite comme celui qui dérange et devra subir la loi de la communauté, lâche et veule. Et il va payer très cher sa décision de faire cavalier seul…
Certains romans de Philippe Claudel sont gravés dans ma mémoire à jamais. Je pense à La petite fille de Monsieur Linh, Les âmes grises, L’arbre du pays Toraja, mes préférés, qui m’avaient particulièrement enthousiasmée. D’autres m’avaient aussi profondément déçue… En revanche, ce dernier opus, revêtu d’une belle jaquette m’a d’emblée inspirée en librairie. Indéniablement, certaines thématiques traitées sont intéressantes et universelles.
L’auteur nous livre ici un récit suffocant qui met en exergue la vilénie des hommes, leur recherche continuelle d’un bouc-émissaire pour fuir la réalité et esquiver leur responsabilité. Certains passages comportent des descriptions si réelles qu’elles en deviennent presque palpables. Les scènes et les rituels auxquels se livre le village relèvent d’un scénario de film d’aventures, les remugles et les parfums sont perceptibles.
Une île, un arrêt sur image, où se jouxtent à l’envi des humains ordinaires, déguisés en monstres, une alcôve où séjournent des hommes encroûtés dans leur confort, la compassion à mille lieues d’eux…
L’archipel du Chien de Philippe Claudel, éd. Stock
Date de parution : 14/03/2018
Article publié par Catherine le 14 avril 2018 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Le piano en tant que membre d’une famille. Il est là, redoutable, le petit Éric lui attribue des vertus mystérieuses, il fait peur, et si certains en jouent plutôt bien, pour l’auteur, cet instrument est indomptable… Jusqu’à ce qu’arrive Madame Pylinska ! Cette professeure de musique polonaise est des plus singulières. Elle possède un charisme étonnant, pour reprendre un mot à la mode, et elle a une vision grandiose de la musique. Son tempérament truculent fait d’abord fuir son élève, mais celui-ci persiste, il veut connaitre le secret de la musique, venir à bout de ses appréhensions, et savoir ce que cache le symbole magistral que représente Chopin.
« Je cherchais un professeur qui m’aiderait à résoudre le cas Chopin. Il m’obsédait. Sa lumière me manquait, sa paix, sa tendresse. La trace qu’il m’avait laissée, un après-midi printanier à l’occasion de mes neuf ans, oscillait entre l’empreinte et la blessure. Quoique jeune, j’en éprouvais de la nostalgie ; je devais lui soutirer son secret. »
Madame Pylinska a une façon de voir des choses qui peut sembler étonnante et déconcertante. L’élève devra commencer par se promener et observer, apprendre une autre valeur de la musique en cueillant des gouttes de rosée tôt le matin, par exemple, pour acquérir une délicatesse ou pour faire ressortir celle qui sommeille en lui. Apprendre le sens du rythme, et bien d’autres choses. Sous les mots de madame Pylinska, la musique prend une autre dimension, de l’ordre du mythe. Elle n’hésite pas à le comparer à d’autres maîtres et à les mettre en opposition…
“Liszt jouait piano ouvert, alors que Chopin jouait piano fermé. Cela dit tout : Liszt voulait en sortir, Chopin y rentrer. Liszt brillait à partir de la boîte à sons ; Chopin traquait les beautés qu’elle contenait.”
La maestria de l’auteur consiste à donner une grandeur singulière à chacun des moments vécus avec cette professeure, à chacune de ses exclamations, à la moindre de ces notes, au plus petit instant. Tout ici prend un sens, chaque mot glorifie la relation avec ce maître de musique si particulier… À lire sans modération, ou à écouter.
Madame Pylinska et le secret de Chopin – Éric-Emmanuel Schmitt
Date de parution : 04/04/2018
Article publié par Noann le 10 avril 2018 dans la catégorie
Grand vin
Adam, médecin et Eva, journaliste sont Londoniens, mariés (certes, l’auteur n’a guère fait preuve d’une grande imagination quant aux prénoms des héros de son roman…) De longues années d’étude, de beaux voyages, leurs amis Carmen et Henry puis leur mariage et l’achat d’un appartement les a soudés pour le meilleur et pour le pire…
Après une soirée bien arrosée, Adam meurt dans la nuit, laissant Eva meurtrie de tristesse, en pleine perdition. De longs mois s’écoulent et Eva gamberge, se remémore tous leurs souvenirs, jusque dans les moindres détails. Elle se rend à Berlin, la ville où s’échappait régulièrement son mari, aux fins d’en savoir un peu plus sur Lena Brachman qui hantait la boîte mails de son défunt époux.
Ce voyage à Berlin lui ouvrira les yeux et bousculera le cours de sa vie. Lena et Ulrich étaient intimement liés à Adam et l’ont soutenu dans ses recherches au sujet de la RDA et de l’Allemagne d’aujourd’hui.
Ainsi, elle vivra avec la mémoire d’Adam en écho et essaiera vaille que vaille de se reconstruire, en repoussant peu à peu les cicatrices laissées par la disparition inopinée d’Adam et en poursuivant sa quête pour en découdre avec le passé de son époux et ses secrets enfouis et recevoir, qui sait, une réponse à ses interrogations.
Avec habileté et délicatesse, l’auteure parle du deuil et de la difficulté à se relever de la perte d’un être aimé. Cette histoire d’amour entre deux êtres, que la mort sépare brutalement est relatée avec délicatesse et pudeur. En toile de fond de cette tragédie se tisse des fragments d’histoire allemande, et en particulier celle de Berlin, dont l’auteur parle avec beaucoup de talent et une grande connaissance.
Un premier roman bien rythmé, certes, mais où le passé et le présent s’entrechoquent, s’arcboutent puis se délient sans crier gare, au détriment du lecteur un peu désarçonné, voire gêné par cette trop rapide transition entre hier et demain. Certains détails peu intéressants sont mis en exergue alors que d’autres plus troublants qui concernent notamment la mère d’Eva, sont assez sibyllins. Qui est donc cette femme qui a fui l’Allemagne de l’Est, abandonnant même ses parents morts sous le joug de la Stasi ?
Néanmoins, dans l’ensemble l’on peut conclure à un récit intense et percutant, qui laisse cependant dans le cœur un arrière-goût de mystère…
La fêlure, de Kate Mc Naughton, éd. Les Escales
Date de parution : 18/01/2018
Article publié par Catherine le 27 mars 2018 dans la catégorie
Grand vin
Gwendoline, vingt ans, a une silhouette idyllique. Alanguie au bord de la piscine des « Lauriers Roses », la propriété cossue de BP – c’est ainsi qu’elle et sa mère le prénomment – elle se laisse caresser par les rayons d’un soleil généreux, savourant chaque minute avec délectation. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour Gwendoline… Au bord de la piscine, elle se laisse porter par la douce quiétude de l’endroit et se réjouit d’une très belle surprise, la publication prochaine de son livre.
Pourtant, BP, auteur célèbre, personnage glorieux qui fut ministre puis Grand officier de la Légion d’Honneur, ne partage pas la joie de Gwendoline. Pour elle qui n’est ni « bien née », ni nantie, mais simplement une fille dotée d’une plastique de rêve, les lendemains n’auront pas la couleur du succès espéré par la publication de son livre. Cet événement va quelque peu ternir la renommée de BP, du moins le pense-t-il, lui, cet homme prestigieux à l’ego démesuré. Lui qui considère que Gwendoline est juste une belle plante capable de réussir dans la vie « avec le corps qu’elle a… », et qu’elle n’a guère besoin de se hisser dans les hautes sphères, ni de marcher dans les plates-bandes d’un beau-père, auteur déjà réputé de longue date et issu de l’intelligentsia parisienne.
Et cette remarque désobligeante de son beau-père « avec le corps qu’elle a, ça va être facile pour elle » la plonge tout de go dans l’univers des femmes soumises, dénuées d’éducation et de lettres, la cloisonnant aussitôt dans le registre des filles qui doivent se réjouir d’être juste jolies.
C’est alors que commence la valse des affrontements sulfureux avec un beau-père odieux qui se targue d’avoir élevé la mère de Gwendoline au rang des personnes élégantes et raffinées, en l’ayant simplement épousée…
Ainsi depuis lors l’existence de la jeune fille auteure va basculer et la conduire sur les chemins de la détresse.
Un roman tout en émotion et sensibilité, où l’auteure, coutumière de l’analyse des sentiments humains, sonde les écorchures du cœur, les plaies invisibles plus meurtrières encore de l’âme d’une jeune femme bafouée et les cicatrices que le monde artificiel ont laissées à jamais, la vie d’une jeune femme à l’avenir prometteur, pas celui qu’elle avait tant espéré, mais les lendemains dorés et factices tout tracés sous le joug d’un beau-père qui la domine et ne s’émeut non de ses talents d’écrivaine mais de sa silhouette de sylphide.
Une très belle analyse de l’autorité d’un homme peu respectueux et sans scrupules, entraînant une jeune femme dans un monde où ne règnent que futilités et sournoiserie. Certes un roman coup de poing, quelque peu troublant, qui parle de domination masculine, d’humiliation larvée d’une femme de vingt ans qui finit par sombrer dans le désarroi.
Une belle plume mais un récit embarrassant, voire agaçant parfois par la lourdeur du propos…
Avec le corps qu’elle a… de Christine Orban
Date de parution : 1/2/2018
Article publié par Catherine le 11 mars 2018 dans la catégorie
Cru bourgeois
Dylan est un adolescent malchanceux et meurtri. Détesté par son père, maltraité par celui-ci, méprisé, sa vie est particulièrement sombre. Seul son frère connaît son calvaire et voudrait l’aider, mais que faire ?
Le sort de Lana est à peine plus enviable. Devenue souffre-douleur des jeunes de son école, sa vie est un enfer dont elle ne parvient pas à sortir. De plus en plus humiliée, voilà que ces tortionnaires menacent de la harceler par les réseaux et de diffuser des images compromettantes. Poussée à bout, elle finit par choisir le suicide.
Heureusement, une main providentielle vient en aide à ces deux jeunes perdus, et ils se retrouvent soudain à l’académie. Les voilà sauvés, guidés par des hommes généreux, qui ont créé ce lieu pour venir en aide aux âmes en grande souffrance.
Pour Sofian, ce sera un peu plus difficile. Il est tombé dans les mains de djihadistes qui l’ont enrôlé. Il doit partir le soir même, mais il pressent le danger. Il lui reste quelques heures pour se sortir de sa situation et s’arracher des mains de ses coreligionnaires, mais comment faire, alors que le piège s’est déjà refermé ?
Thierry Cohen nous fait rencontrer, dans ce roman, des personnages qui lui sont coutumiers, de belles personnes confrontées aux difficultés de l’existence, des âmes écorchées qui tentent de se reconstruite à leur façon. Ces ados sont touchants et vibrants d’émotions, réalistes aussi, ils pourraient figurer dans la page “faits divers” d’un grand journal. Cependant, cette académie des âmes abîmées est un lieu insolite, à nul autre pareil. On y dispense des matières usuelles, mais aussi de la philosophie adaptée à leur situation, des leçons de vie et même des cours de défense. Ici on rejoint un peu les livres de Frédéric Lenoir, par le côté morale inspirée de diverses tendances et de bribes de religions. Le tout avec le talent de l’auteur, vu par sa lorgnette singulière . Une excellente lecture, riche de sens et agréable, portée par une écriture fluide. Il me reste à le classer dans une catégorie de notre site… Je me résoudrai à lui donner trois verres. Il manque un rien pour lui attribuer le titre prestigieux de “premier grand cru”. L’histoire est peut-être trop bien écrite, qui défile comme une symphonie, un peu lisse et prévisible par moments. J’aurais aimé plus d’aspérités dans certains chapitres…
l’Académie des âmes abîmées – Thierry Cohen
Date de parution : 22/02/2018
Article publié par Noann le 5 mars 2018 dans la catégorie
Grand vin