Delphine Despero, une jeune éditrice parisienne, se rend chez ses parents en Bretagne le temps d’un week-end. Dans une bibliothèque insolite qui conserve des manuscrits refusés, Delphine découvre un récit qui ne manque pas de l’enthousiasmer. Elle est d’emblée conquise par ce texte jamais publié. Ainsi, elle se met à la recherche de son auteur, apprend que celui-ci est mort et que sa veuve avoue n’avoir jamais vu son défunt mari lire ou écrire au cours de sa vie quelque livre que ce soit…
Delphine s’interroge et n’a qu’une envie, celle d’en savoir plus sur cet auteur mystérieux. Qu’a-t-il fait de sa vie, lui qui se bornait à griffonner la liste de courses ou l’une ou l’autre bafouille ? Et alors que le livre publié in extremis devient un succès, a un impact considérable sur le destin d’une multitude de personnes, le mystère autour de cette œuvre reste entier. Jusqu’à ce qu’un journaliste remette en question la valeur réelle de l’écrit et la version officielle de sa publication. Peut-être ne serait-ce qu’une embrouille subtilement organisée, une opération de la dernière chance pour faire vivre une bouquinerie bretonne en mal de ventes, au bord du gouffre financier ?
Le début du récit, tout en émotion, dans un style enlevé et une rythmique bien dosée, mêlant tour à tour quelques bribes de psychologie larvée, quelques fragments de roman policier, laisse présager tout de même une atmosphère entre gris clair et gris foncé, haletante, aux mille rebondissements, une enquête menée de main de maître et tenue par des personnages attachants. Il n’en est rien… L’histoire s’essouffle, désarçonne le lecteur qui s’attendait à un bouquet final plus littéraire et non au scénario d’un policier de série B télévisé.
Autant j’ai adoré « La Délicatesse », du même auteur, autant je regrette que l’auteur se soit fourvoyé ici dans un récit qui aurait pu être élu « roman de l’été à emporter à la plage» par les lectrices d’un magazine féminin de grande diffusion…
Le mystère Henri Pick de David Foenkinos, éd. Gallimard
Date de parution : 01/04/2016
Article publié par Catherine le 17 juillet 2016 dans la catégorie
vin de table
Voici un petit livre érotique sans prétention, publié par un auteur méconnu en auto-publication… Mais dès les premières pages tournées, le lecteur découvre un univers en soi, bien campé et très intéressant. L’histoire d’Agathe, fille de riches bourgeois, lassée déjà par le faste et la bienséance familiale, malgré son jeune âge – elle sort à peine de l’adolescence. Elle et ses copines n’ont qu’une idée : briser les bonnes habitudes que leurs parents leur inculquent, profiter de la vie et connaitre les expériences les plus extrêmes.
Mais Agathe a une lubie encore plus singulière. Elle sympathise avec deux sans abris, Jarod, un enfant rom laissé pour compte, et Benny un quiqua dégouté par la vie, et qui a trouvé dans le rue une sorte de refuge. À ces deux âmes perdues, elle promet une soirée de Noël sans autre pareille : elle va leur offrir un cadeau inédit, elle, la petite bourgeoise, elle qui est à mille lieux de ces deux clochards d’apparence pouilleuse. Ils pourront lui faire tout ce qu’ils désirent. La nuit sera longue mais ne se déroulera pas comme prévu. Comment ces deux marginaux vont-ils se comporter, face à cette oie blanche qu’ils tiennent entre leurs mains ?
Derrière l’érotisme, d’ailleurs un peu discret et prudent, se cache une satyre sociale bien menée. L’on est conquis par cette confrontation de milieux, par l’amour qui grandit et se nourrit des différences. Les personnages sont bien campés et l’ambiance bien rendue. Les moments érotiques savoureux, qui cachent une vraie sensibilité mêlée à une sorte de perversion délicate. Bref, c’est une lecture que l’on ne quitte pas avant d’avoir lu le mot fin. Œuvre d’un auteur discret mais qui mérite d’être connu. Mon seul bémol se porte sur quelques fautes, assez rares.
Abri d’urgence de Théo Kosma. Auto-édition
Article publié par Noann le 15 juillet 2016 dans la catégorie
érotique
Fidèle lectrice de cette auteure depuis bien longtemps, toujours enthousiaste à me plonger dans chacun de ces nouveaux récits et convaincue qu’une fois encore je serais portée par ses mots, j’ai fait l’acquisition de ce nouvel opus. Habituée d’une plume tantôt remplie d’émotions, tantôt douce-amère, je suis quelque peu tombée des nues…
Annie Ernaux livre ici une sorte de journal intime de son adolescence au début des années 60, y peignant tour à tour son initiation sexuelle et ses expériences dans le domaine plutôt ratées, qu’elle ne manque d’ailleurs pas de décrire tout de go, faisant jouxter les mots grivois, exempts de sensibilité dans un style austère et impassible, ses premiers balbutiements en amour, la rigueur des usages, les douleurs encourues par une éducation sévère, sous le joug d’une France ballottée entre les événements historiques et politiques.
Ainsi l’auteur se déshabille et s’épanche à cœur ouvert sur ce que fut sa vie entre chaos et ressentiments. Et elle pointe du doigt les hommes qu’elle considère d’emblée comme vils et grossiers, ne poursuivant qu’un seul but, celui d’assouvir leurs pulsions les plus abjectes et de se soucier essentiellement de leur jouissance sans jamais n’y voir autre chose que le plaisir charnel. Et l’auteur, avec l’amertume à son paroxysme, dresse le portrait de l’homme de cette époque en le comparant déjà à celui d’aujourd’hui, plus égoïste encore et plus dénué de sentiments.
L’atmosphère de l’époque est bien relatée, entre bouleversements de toutes sortes, rigueur de l’éducation, étroitesse des mentalités, rêves et préambule d’une liberté des mœurs latente. Je regrette néanmoins la vision qu’a l’auteur de l’homme, qu’elle qualifie d’être monstrueux et basique, dépourvu de sentiments et d’amour….
Mémoire de fille d’Annie Ernaux, éd. Gallimard
Date de parution : 01/04/2016
Article publié par Catherine le 8 juillet 2016 dans la catégorie
vin de table
Soline est violoncelliste et Ilan un botaniste peu motivé reconverti dans l’immobilier. Ils ont tous deux la trentaine. Ils croisent Georges, professeur de linguistique retraité et sa compagne Yoa, une Amérindienne originaire d’Alaska. Tout devrait séparer les trentenaires et leurs aînés mais un point essentiel les unit, l’Amour fou. Yoa est gravement malade, en phase terminale même, et Georges conclut avec ses jeunes amis une sorte de contrat insolite et mystérieux destiné à gérer la succession de Yoa…
De prime abord, c’est l’habit de ce roman, d’oiseaux amoureux et de belles couleurs, qui m’a séduite et guidée vers la caisse de ma librairie, sans avoir même feuilleté l’une ou l’autre page, ni avoir été convaincue par la quatrième de couverture.
L’auteur nous livre ici un récit teinté d’amour, mais d’Amour grandiose et infini. Il met en scène deux couples à mille lieues l’un de l’autre, une rencontre improbable entre des personnages que tout éloigne, à commencer par le fossé de l’âge – les aînés ont trois fois trente ans – et les passions et activités professionnelles aux antipodes. Entre Soline, la belle et délicieuse musicienne, et Ilan toujours en plein doute, toujours tourmenté, l’amour passionnel séjourne, sublimé ardemment par Ilan. Tandis que Georges le scientifique s’émeut de sa Yoa, issue d’une terre délaissée d’Alaska. Et dans ce huis clos amoureux, chacun y va de son expérience, de ses anecdotes, de ses émotions. Mais le couple d’octogénaires se montre de plus en plus envahissant et leurs attitudes inquiétantes désarçonnent les jeunes tourtereaux… L’atmosphère devient pesante et l’on devine que derrière le pacte conclu se cache bien de mystérieux secrets…
Le style, certes bien rythmé et mouillé d’humour larvé ne rejoint pas celui de certains récits plus anciens de l’auteur, donnant en cela ici un sentiment de lassitude, surtout dans la deuxième partie du roman. Et le lecteur de s’essouffler rapidement de tous les désordres et confusion qui s’installent avant l’épilogue.
L’histoire est originale et les personnages attachants mais pour ma part il eût été opportun de donner plus de poids et d’harmonie à la fin du récit, trop légère, voire un peu bâclée…
Vient à présent la question du classement de ce roman sur notre site… Un seul ou deux verres ? Après moult hésitations, je lui attribuerai deux verres, pour la première partie du roman…
On dirait nous de Didier Van Cauwelaert, éd. Albin Michel
Date de parution : 04/05/2016
Article publié par Catherine le 16 juin 2016 dans la catégorie
Cru bourgeois
Abdel, un jeune professeur de lettres à Roubaix, se retrouve l’heureux héritier d’une librairie coincée dans une ruelle du centre-ville. Yvonne, la propriétaire de ce lieu, vient de décéder. Elle a légué à Abdel, non seulement une bâtisse désuète mais surtout les murs entiers de livres. Et dans ce joyeux fatras de papier, Abdel se souvient… De son avidité à lire les grands auteurs, même s’il ne les a pas toujours compris, des longues heures à fouiner pour découvrir des trésors de littérature. L’heureux héritier donc ? Pas si sûr… Lorsque, dans ses fouilles, Abdel trouve des photos compromettantes de son aînée, des archives de la guerre d’Algérie. Le passé ressuscite et remue en lui moult questions. Dans sa quête de vérité, il se fait aider par Saïd, un ancien employé de la librairie, la naïve Zita et la très spontanée et sulfureuse Rosa, sa collègue de lycée.
Tour à tour, les interrogations fusent et ne trouvent pas de réponse… Quel a été le rôle du vieil employé Saïd, que cachent les comportements mystérieux de Rosa ? Et dans la tête d’Abdel, le chaos s’installe. Admettre la succession relèvera pense-t-il d’une décision difficile. Les dettes d’argent d’une librairie en déficit et celles de cœur se côtoient, laissant à Abdel un sentiment doux-amer. Car, entre Zita et Rosa, son cœur balance…
À travers un récit succinct, l’auteur nous plonge dans les tréfonds de l’âme humaine en plein délabrement sous le joug d’une ville au parfum désuet et économiquement détériorée. Dans le paysage désolé de Roubaix, il y avait Yvonne et sa librairie, un antre de papier jauni, mais aussi sorte d’écrin d’espoir au milieu de nulle part. Mais Yvonne n’est plus et le sort des livres entassés se trouve à présent entre les mains du jeune héritier.
Le personnage d’Abdel est très attachant et l’on ressent combien il est désireux de redonner à la librairie nouveau souffle, un nouvel essor. Il n’y a guère de clichés ni de jérémiades stériles ni de larmoiements dans cette histoire où se jouxtent blessures d’antan et lendemains teintés de gris clair. Rien de cela car l’auteur distille subtilement entre les lignes un parfum d’espoir et de renouveau.
Un récit court mais rempli d’émotion et de sentiments. Aussi, un portrait acéré de ce bout de terre du Nord de la France, magistralement décrit.
Apaise le temps de Michel Quint, éd. Phebus
Date de parution : 01/04/2016
Article publié par Catherine le 8 juin 2016 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Voici un titre qui a abouti mystérieusement dans ma boite aux lettres… Et en feuilletant les premières pages, je vois que c’est l’histoire d’un homme qui reçoit mystérieusement un livre.. Dans sa boite aux lettres. Amnésique, victime d’un AVC, cet homme commence sa lecture et des morceaux de sa mémoire se remettent en place. Qui est donc cette petite Doriane qui raconte son histoire ? Qui est cette petite fille qui a tant souffert, sous l’emprise d’un monstre qui l’attaque la nuit, et qu’elle nomme “la bête”. Et qui est cette bête ? L’homme découvre atterré une bien sombre histoire d’inceste.
Le livre se présente comme un polyptyque, et nous suivons en parallèle la lecture de cet homme, le récit de la petite Doriane, mais aussi l’accident de Léa, qui tombe dans le coma suite à un accident de voiture. Quel est le rapport entre ces personnages ? Nous ne tardons pas à le découvrir, même si le fin mot n’arrive… Qu’à la fin. Ce qui se présente comme une intrigue est donc rapidement dévoilé… Mais qu’à cela ne tienne, la construction de l’ouvrage nous tient en haleine, et surtout le sort de cette petite Doriane, qui livre ses émois, de façon très réaliste et très convaincante. Si réaliste que l’on se demande si ce n’est pas une histoire vécue. Les mots sont touchants, douloureux, prenants. Le lecteur n’aura aucun mal à se glisser dans l’esprit de cette petite fille, maltraitée et pourtant aimante, qui cache son calvaire pour protéger sa famille. Les passages sur l’inceste sont hurlants de vérité, et la façon dont la petite fille conte son histoire, sa pudeur et son courage, ne peuvent laisser indifférent. Le sens du détail, les pensées intimes et les aléas de cette histoire donnent un tour particulièrement saisissant. Le temps va passer pour la petite Doriane et heureusement son avenir ne sera pas totalement morose. La suite est plus conventionnelle, des histoires d’amour, des exploits sportifs, moins détaillés et étayés que la première partie, plus romancés peut-être, on n’est plus vraiment dans le vécu mais dans la fiction romanesque.
Premier ouvrage semble-t-il d’une auteure belge, qui a connu un relatif succès suite à sa parution sur Internet. L’on peut toutefois regretter certaines tournures de phrase un peu ampoulées, à-côté d’autres extrêmement riches. Le fait d’avoir eu 15.000 lecteurs n’est pas tout, et comme le dit Werber : “ce n’est pas parce que vous êtes nombreux à avoir tort que vous avez raison”. Aussi l’ouvrage eût-il pu être mieux encadré et relu, de façon à l’épurer de quelques fautes de grammaire, de tournures hasardeuses. Les qualificatifs sont un peu trop présents, comme “terrible”, “grave” ou “triste” qui reviennent souvent, ajoutant un inutile pathos au pathos. En outre, l’expression “roman autobiographique” n’a pas de sens. Un roman est une histoire inventée et une biographie une histoire vraie.
Cela dit, l’auteure est extrêmement douée pour communiquer de l’émotion et c’est le principal. On vibre souvent en lisant ses lignes, surtout dans le drame que traverse la petite fille. Le reste n’est finalement que paroles, comme dans tout roman.
“Mon corps tremblant écrasé par le poids de cette masse mouvante s’écartela et se déchira sous ses œuvres. Comme un oiseau qu’on empale, quelque chose d’inconnu s’empara violemment de ce que j’avais de plus pur, de plus tendre et, avec une brutalité indescriptible, pulvérisa mon âme d’enfant. La terreur tuait peu à peu le raisonnement qui emmenait lentement mon esprit loin de mon corps meurtri. J’étais en enfer. Le temps avait suspendu son vol ; la douleur n’avait pas de fin ; je voulais me dégager ; je voulais qu’on arrête de me faire mal ; je voulais maman.”
La Pudeur des sentiments de Dalila Heuse. Éditions Mazarine
Date de parution : 6/6/2016
Article publié par Noann le 29 mai 2016 dans la catégorie
Grand vin
Un homme d’une soixantaine d’années, avocat allemand de renom, se rend en Australie et, alors qu’il visite une galerie d’art, se retrouve pétrifié devant un tableau montrant une femme qu’il reconnaît d’emblée. Il se remémore une affaire qu’il avait traitée au début de sa carrière. Une histoire de règlement amiable entre le peintre Schwind et l’industriel Gudlach, qui avait fait l’acquisition d’un tableau intitulé Femme sur l’escalier. Et le modèle était Irène, la femme de Gudlach. Gudlach qu’Irène quitta pour le peintre. L’industriel déchu propose alors au peintre et amant d’Irène de lui restituer la toile à la seule condition qu’Irène revienne vivre avec lui.
L’avocat est chargé de rédiger un contrat précisant les conditions d’exercice de cet échange, mais au cours de la mise en place du contrat et des réunions s’y attachant, l’avocat s’éprend d’Irène. Ils s’unissent et décident de tromper les deux parties au contrat, Gudlach et Schwind, se promettant de récupérer le tableau et de s’échapper ensemble…
Cependant, tout bascule… Irène a pris la fuite, seule, emmenant avec elle le tableau et laissant à leurs disputes les deux intéressés et l’avocat.
Une quarantaine d’années plus tard, le narrateur-avocat se décide à mener une enquête pour tenter de connaître des vérités tues jadis. Il apprend qu’Irène vit sur une île, seule, qu’elle est atteinte d’un cancer en phase terminale. Et il retrouve cette femme qu’il a aimée à perdre la raison. Désormais il ne s’éloignera plus d’elle, s’installe à ses côtés. Alors peu à peu Irène se livre, s’épanche et, sous l’emprise de la drogue qu’elle a prise ce soir, descend l’escalier, nue comme sur la toile, et le narrateur lui fait l’amour passionnément. Soudain un incendie dévaste l’île et les deux amoureux s’échappent à bord d’un bateau. Ils s’endorment enlacés…
Je tairai la suite de l’histoire pour laisser au lecteur la surprise de découvrir le mot de la fin, inattendu…
À travers une histoire entre intrigue policière et réflexions sur les aléas de l’existence, l’auteur nous invite à un compte à rebours de notre vie et à se poser les questions sur ce qu’elle serait ou eût pu être si elle avait pris une autre tournure, fait un virage à 180°. À cœur ouvert il nous parle de tous ces bouts de vie, ces chemins de traverse pris malgré nous, ces questions restées lettre morte, ces mots remisés dans un coin de la mémoire, qui ressurgissent un jour, ces amours jamais tout à fait perdus, ces rencontres improbables qui laissent des traces indélébiles.
Les mots sonnent juste la plupart du temps, le suspense est au rendez-vous mais une certaine confusion s’immisce entre les lignes, laissant parfois le lecteur un peu dans la nébuleuse.
Un récit à la fois surprenant et aigre-doux, jouxtant parfois l’imaginaire…
La femme sur l’escalier de Bernhard Schlink, éd. Gallimard
Date de parution : 01/03/2016
Article publié par Catherine le 25 mai 2016 dans la catégorie
Cru bourgeois
Au début du XXe siècle, dans une maison cossue vivent un père, une mère, une fille et un oncle. Cette famille italienne s’adonne à de curieux rituels. Un beau jour débarque une jeune fille d’une très grande beauté, promise au Fils qui a déserté le cocon familial pour travailler en Angleterre. Comme celui-ci semble retarder son retour au bercail, la famille se décide à prendre en charge l’éducation sexuelle de la jeune fille et à l’initier au plaisir…
Ainsi, pendant l’absence de son futur époux, la jeune fille est d’abord séduite par la Fille aînée qui entreprend d’initier la jeune naïve à une véritable éducation sexuelle, puis elle est emmenée par le Père dans une maison close de luxe, et enfin elle écoute un récit qui dévoile d’étranges rituels auxquels s’adonne cette famille bourgeoise. Son futur fiancé qui tarde de plus en en plus à rentrer, se borne à expédier au compte-gouttes une panoplie d’objets bizarres, les uns annonçant son retour proche, les autres faisant craindre plutôt sa disparition. Et, alors que la famille s’en va pour les vacances d’été, elle reste seule, se désespérant du retour de son futur époux.
À travers une plume magistrale, tantôt hardie, tantôt délicate, l’auteur nous plonge dans les arcanes d’une famille décalée, mêlant tour à tour un suspense distillé jusqu’à la dernière ligne, en semant çà et là quelques sous-entendus qui laissent croire que l’on approche de la vérité.
Les personnages sont anonymes, peut-être pour donner plus de mystère encore à cette histoire qui se lit à distance, avec le recul nécessaire pour mieux discerner ce que l’auteur a voulu exprimer à travers ces personnages insolites. Et d’ailleurs l’auteur lui-même se livre à une sorte de divagation, intervient entre ses héros pour nous inviter à la réflexion sur notre société et ses dérives.
L’érotisme est diffusé subtilement, s’immisce aussi parfois plus intensément mais sans jamais frôler la grivoiserie et la bassesse. La sensualité séjourne délicatement dans ce journal d’une famille.
Une belle lecture, certes, mais un roman qui laissera pour ma part un souvenir fugace, déplorant que la thématique approchée ait un parfum de « déjà vu » à moult reprises…
La jeune épouse d’Alessandro Baricco
Date de parution : 01/04/2016
Article publié par Catherine le 15 mai 2016 dans la catégorie
Cru bourgeois