Une rencontre improbable dans un cimetière … voilà qui n’est pas banal. Un homme et une femme, deux personnalités aux antipodes l’une de l’autre, qui se croisent, se jaugent, vilipendent, maugréent, mais finissent par partager un banc, entre les tombes de leurs disparus.
Puis viendront les échanges … des corps plus que des âmes. Ils y trouvent tous les deux un bien-être, une sorte de complémentarité, l’amour même …
Très vite cependant, le fossé entre ces deux êtres se creuse … Il est agriculteur, vit seul dans la propriété de ses parents. Elle l’assomme avec sa vie culturelle, ses « bons mots », sa vie de citadine. Il l’insupporte quand il ne parle que de sa ferme et de sa mère.
Elle le dénigre, n’accepte pas qu’il ne puisse quitter sa ferme pendant une semaine pour s’échapper avec elle. Il ne comprend pas qu’elle ne puisse se contenter des quelques moments passés à la ferme, entre les broderies hideuses que sa mère a accrochées au mur et l’odeur du bétail …
Puis vient l’abîme, l’incompréhension, l’irréparable …
C’est un roman divertissant, drôle parfois, mais l’on est vite agacé par les clichés dont l’auteur use et abuse.
J’ai été enthousiaste au début de l’histoire, tant par l’originalité de celle-ci que par les personnages que je trouvais émouvants mais très vite ce plaisir de lecture s’est émoussé, laissant place à un sentiment de déception… jusqu’à la fin du récit.
L’image de Désirée, bibliothécaire, citadine, férue d’art contemporain, frimeuse qui cherche l’Amour et celle de Benny, agriculteur, vieux garçon bourru qui cherche une femme à tout faire pour entretenir la ferme finissent par exaspérer.
L’auteur nous met en présence d’une snobinarde et d’un homme de la terre un peu rustre, deux êtres qu’a priori rien ne rapproche … Elle aurait pu, à mon sens, donner à ces personnages plus d’intensité et de richesse. Elle se borne à nous livrer de manière insipide et mièvre une histoire d’amour qui tourne au ridicule
Le mec de la tombe d’à côté – Katarina Mazetti, Poche
Article publié par Catherine le 4 mars 2010 dans la catégorie
vin de table
Second roman d’Isabel Allende, après « La maison aux esprits », « D’amour et d’Ombre » entraîne le lecteur dans un Chili ravagé par la dictature militaire ; période de drames et de terreur pour une majorité, de cécité confortable et têtue pour une grande bourgeoisie qui s’accroche à des privilèges en voie de délabrement.
L’histoire est celle d’un amour qui ne grandira pas sur un lit de pétales de rose, mais sur le terreau macabre des assassinats clandestins aux heures les plus noires de la répression militaire.
Irène Beltràn, jeune fille bourgeoise et bohème, étrangère aux convenances de son milieu social, est journaliste. Francisco Léal, issu d’une famille rescapée de la guerre civile espagnole, résistant par tradition familiale, est son photographe de presse. Depuis toujours, Irène doit épouser un capitaine de l’armée : Francisco doit se contenter de l’amitié de la jeune fille.
Tous deux vont réaliser un reportage presque ordinaire pour la région : Evangelina, une jeune paysanne épileptique qu’on dit un peu sorcière, fait des miracles. C’est ainsi qu’incidemment, ils soulèveront la chape de plomb scellée sur les massacres perpétrés par les acteurs de la répression. Poursuivis, menacés de mort, les deux jeunes gens se réfugieront dans l’exil.
Dans un style passant du tragique au comique, touffu et bigarré (ce qui n’est pas sans rappeler celui de Gabriel Garcia Márquez), Isabel Allende enchevêtre des univers que tout sépare, où vivent des personnages uniques et étonnants, parmi lesquels naturellement, se distinguent les femmes.
On ne peut ignorer le talent narratif de l’auteur, son sens du détail, son habilité à brosser en profondeur les décors et les personnages.
Pour qui, comme moi, apprécie tout particulièrement la littérature latino-américaine, ce roman est un pur bonheur.
D’AMOUR ET D’OMBRE- Isabel ALLENDE. Editions LGF/Livre de poche
Article publié le 4 mars 2010 dans la catégorie
Grand vin
Ce roman est tout à fait dans la même veine que “le labyrinthe du temps” ou “Neige”. Écriture simple, limpide, sans fioritures. Histoire simple. Un personnage principal et deux ou trois secondaires. Tout est simple, en fait. ce genre de récit a ses partenaires et ses détracteurs. Je fais partie du premier groupe, je n’aime pas trop l’inutile complexité.
En 1838, un lord anglais part à la recherche du “secret” de fabrication du thé, nouvelle boisson très prisée à l’époque. Son dessein principal est de s’enrichir et, comme tout bon anglais, d’acquérir la mainmise sur un domaine étranger. Il se retrouve dans la banlieue de Shanghai, aux prises avec le terrible Lu Chen, sorte de Bill Gates chinois de l’époque. Il y a aussi la évidemment-très-belle Luan, dont le évidemment-très-séduisant lord va s’amouracher au premier regard. Faut pas oublier les ficelles qui ont fait leurs preuves…
Cette historiette sans prétention m’a conduit jusqu’à la dernière ligne en un peu plus de deux heures. Ce fut un bon moment de détente.
Seul bémol : l’auteur décrit assez peu et mal l’atmosphère si particulière du Shanghai de l’époque. Changez Lu Chen par Jön, Luan par Frida, Shangaï par Oslo, jonque par drakkar, et nous voilà en Suède au Moyen-Âge. A peu près… Fermine aurait pu s’inspirer de Malraux à ce titre.
Un point m’a interpellé ; un dialogue entre un Irlandais et un Anglais : “Après quelques verres… les deux hommes se tutoyaient…” Je pensais qu’en anglais il n’y a jamais eu de distinction entre “tu” et “vous”… Me trompé-je ?
OPIUM – Maxence Fermine. Albin Michel – le livre de poche
Article publié par Noann le 2 mars 2010 dans la catégorie
Cru bourgeois
Marie se réveille un matin aux côtés de l’homme qu’elle a rencontré la veille … Douze ans se sont écoulés … Ils sont mariés, ont eu trois enfants. Que s’est-il passé ? Trou noir ? Elle décide se claquemurer dans le silence, de réapprendre le quotidien auprès de Pablo et tente tant bien que mal de survivre avec ce lourd secret …
L’auteur nous livre un récit intense, une réflexion sur la vie de couple. Un roman qui accroche, un voyage sans escale dans l’âme fracturée de Marie et la reconstruction de ce bout de vie envolé. C’est aussi une belle exploration intimiste, nostalgique des souvenirs, de ce que devient l’amour à travers le temps. Avec une plume intense, l’auteur nous entraîne dans la nouvelle vie de Marie, dans cette thébaïde obligée qu’elle traverse.
Et vient à l’esprit une question essentielle … Cette amnésie ne serait-elle pas une aubaine, une seconde chance, un nouveau souffle à l’amour que ces douze années de vie commune avaient érodé ?
La Vie d’une autre – Frédérique Deghelt – Le Livre de Poche
Article publié par Catherine le 28 février 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
« Dans la solitude de sa maison, près de Trieste, une femme âgée décide d’écrire une longue lettre à sa petite-fille, sous forme de journal intime. Elle sait que le temps lui est compté et veut, par cette lettre d’amour, renouer une relation rendue difficile non seulement par la crise de l’adolescence, mais aussi par la mort tragique de sa propre fille. Et c’est donc toute sa vie qu’elle est amenée à revisiter, son éducation rigide et bourgeoise, son mariage de convenance avec un homme gentil mais ennuyeux, sa relation clandestine avec le père de sa fille. Parcourant ainsi l’histoire de plusieurs générations de femmes, sans fausse pudeur, sans rhétorique, elle se raconte à sa petite-fille et l’invite à accomplir le même, ” voyage ” qu’elle : un voyage à la recherche de soi, loin des fausses valeurs et des clichés, et en écoutant avant tout la voix du cœur ».
Un roman épistolaire, où l’on rencontre trois femmes aux destins emboîtés les uns dans les autres comme le sont les matriochkas russes. Trois femmes cherchant une voie pour sortir des carcans, notamment de l’éducation, afin de se réaliser.
La quatrième de couverture annonce une lettre d’amour. Comme moi, d’autres y verront peut-être (et avant tout ?) un testament gonflé de révélations trop lourdes à porter pour les taire encore aux derniers jours d’une existence ; une tentative pour se libérer de secrets familiaux culpabilisants, le tout saupoudré de réflexions philosophiques sensées répondre aux sempiternelles questions existentielles : quel est le sens de la vie, comment parcourir l’existence, vers quoi, pourquoi, etc.
Ce livre me laisse perplexe. Sa trame philosophique est tissée de quelques gros fils new-âge, et dégage des relents « baba-cool ». Une sorte de roman-manuel « philo-pédagogique » à la Coelho, version italienne ?
Bref, j’ai surtout vu ici le besoin impérieux d’une grand-mère de se confesser avant de disparaitre…Car, tout de même, elle aurait pu offrir à sa fille et sa petite-fille les révélations concernant leurs origines, vérités indispensables à leur équilibre vital, bien avant que la première ne soit morte au terme d’une courte existence complètement déglinguée, et que la seconde ne se soit enfuie aux Etats Unis, fâchée, pour respirer autre chose qu’un air pollué par le mensonge. Il y a dans cette histoire comme un hiatus entre la personnalité ouverte, moderne et bienveillante de la grand-mère et la rétention d’informations capitales pour ses fille et petite-fille qu’elle s’impose.
Les personnages ne m’ont pas vraiment émue : trop caricaturaux à mon goût, les approches philosophiques simplistes ne m’ont pas étonnée. Pour autant, l’écriture est agréable et la forme du récit, originale.
VA OU TON CŒUR TE PORTE Susanna TAMARO. Éditions Plon- 1995-Réédition en 1998 (Omnibus), 2002 et 2006 (Pocket)
Article publié le 27 février 2010 dans la catégorie
vin de table
Depuis presque quarante ans, Patrick Cauvin publie, au rythme d’un métronome, des historiettes sans grande prétention littéraire, hormis une période où il s’était mis en tête de guigner le Goncourt. C’est à ce moment qu’il fut le plus ennuyeux.
Dans “une seconde chance”, il se met dans la peau d’un ado, style qui lui va à merveille. Heureusement, ce n’est pas un ado actuel branché ipad sms msn, c’est disons un ado à l’ancienne, comme on en faisait dans les année 60-70, quand on écrivait encore des phrases. Enfin on essayait, du moins.
L’ado en question, Zéphirin, est victime du syndrome de Stendhal, affection qui prend les âme sensibles à la visite d’un musée et leur donne des vapeurs. Stendhal a donné son nom à cette affection suite à une visite à Florence en 1817.
Zéphirin tombe en syncope devant le tableau vieux de 400 ans, portrait d’une fille. Il décide de partir à la recherche de cette fille qui l’envoute. C’est là que ça devient cocasse. Il aboutit on ne sait trop comment chez un photographe qui, ô miracle, expose une photo de ladite fille. Il tente de la retrouver sans succès, rentre chez lui, et ô miracle il tombe nez-à-nez avec elle, qui le cherchait. Elle avait lu un entrefilet de quatre lignes dans un journal au sujet de la syncope de Zéphirin et ô miracle s’était mise à sa recherche, elle aussi. Dans ce roman, la chance a bon dos…
La qualité de ce roman tient surtout dans son humour et la façon très réaliste dont les personnages vivent. Pour le reste, l’intrigue à la 6-4-2 est confondante de simplicité. C’est l’écriture d’un ado boutonneux avec un QI quelconque… Rien de bien exceptionnel dans ce livre, mais j’ai été, ô miracle, séduit par le ton jovial et ce livre m’a bien fait rire, en dépit de facteurs comiques éculés, comme les surnoms loufoques (ce type qu’on appelle 2 mètres 3 … devinez pourquoi) les exagérations et hyperboles. C’est le genre de livre à conseiller aux dépressifs ou en cas de cancer en phase terminale.
P.S. : je ris facilement…..
Une seconde chance – Patrick Cauvin. Plon
Article publié par Noann le 26 février 2010 dans la catégorie
Cru bourgeois
Arnold Spitzweg est un homme solitaire, résolument opposé à la conformité de ses collègues de travail. Il se complaît dans sa petite vie sans histoire et éprouve un certain bonheur à flotter dans un quotidien nourri de petits plaisirs simples. Il se délecte de cette vie de contemplation, de quiétude intellectuelle.
Un beau jour il se met à rédiger un blog où il fait l’apologie de la lenteur, de la satisfaction du présent. Il se réfugie dans cet espace de mots, non pour s’épancher mais parce que l’écriture est son refuge. Il va bientôt se rendre compte que son blog rencontre beaucoup de succès et qu’il commence à avoir ses admirateurs … De jour en jour il va sortir de son anonymat, jusqu’à être approché par des maisons d’édition qui s’intéressent à son récit et veulent le publier … ce qui a priori ne plaît guère à cet anti-héros.
Sans qu’il suscite mon emballement, je me suis laissé porter par ce récit à contre-courant qui fait l’éloge des petites choses simples de la vie donnant de grands bonheurs. A travers des mots sobres, l’auteur nous livre un panégyrique sur la douceur de vivre, l’anti-action et la solitude, non dans ce qu’elle a de négatif mais plutôt comme la recherche d’une sérénité spirituelle individuelle, où les autres semblent futiles …
Un joli roman, qui ne se distingue pas par une qualité littéraire exceptionnelle mais qui vous berce doucement. Un condensé d’émotions, une réflexion de vie tout simplement.
Quelque chose en lui de Bartleby – Philippe Delerm, Mercvre de France
Article publié par Catherine le 22 février 2010 dans la catégorie
vin de table
“Un très grand amour” est présenté comme un roman (toute ressemblance avec…). L’histoire, contée à la première personne, a toutefois une allure de vécu (et même de souvent vécu). On devine que l’auteur a amplement puisé dans sa vie personnelle, et qu’il s’est fait plaisir en racontant des anecdotes. Il n’a cependant pas oublié notre plaisir à nous lecteurs, et a nourri son livre d’ humour et de larmes, sur fond de maladie grave, de déceptions, de ruptures, enfin tout ce qu’il faut pour nous divertir.
L’histoire fait quelques références à des personnages connus, le président Mittérand, et surtout Julien Green, considéré par certains comme le plus grand écrivain du XXième siècle. Je dois vous dire qu’en tant que fan de Green, ma critique ne pouvait être qu’enthousiaste. Une nuit à quatre heures, j’ai lu trois pages de “Léviathan”… et j’ai pleuré tant c’est entré profond en moi…! Dans “Un très grand amour”, le personnage principal, Antoine, aurait rencontré Green. Celui-ci lui aurait affirmé n’avoir jamais vu le sexe d’une femme de son vivant – chose possible – mais aussi qu’il n’aurait plus eu d’activité sexuelle pendant les 40 dernières années de sa vie (il est mort à 97 ans!). Je paierais cher pour savoir si c’est de la fiction ou de la réalité !
Un très grand amour est aussi l’histoire… d’un très grand amour. L’auteur ne nous épargne pas les clichés; la femme très jeune et très belle, très blonde, taciturne, réservée, enfin l’archétype de poupée dont tout homme avec les organes bien fait tombe amoureux au premier regard. Il est aussi beaucoup question de tromperies, ce qui n’indignera plus personne de nos jours, sauf un certain Benoit. Au fil de quelques aventures et mésaventures, je me suis laissé conduire d’une page à l’autre avec délectation.
Un très grand amour n’est pas de la très grande écriture, Giesbert ne s’est guère inspiré de Green, mais c’est tout de même divertissant. En dépit des clichés et du vol en mongolfière au raz des pâquerettes, j’ai été séduit.
Un très grand amour – Franz-Olivier Giesbert. Éditions Gallimard
Article publié par Noann le 21 février 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé