Résumé
« Témoin d’un assassinat, le narrateur usurpe l’identité de la victime et s’octroie le poste qu’elle devait occuper : directeur des relations professionnelles au sein du ministère du Travail. Imposteur de génie, il
devient vite escroc, en profitant de l’absurdité des rouages bureaucratiques. Il fait de la corruption l’un des beaux-arts ».
Selon la quatrième de couverture, l’auteur a passé une quinzaine d’années au sein d’une administration centrale, ce qui lui a permis d’observer de près le fonctionnement de l’Etat. J’ai souri à cette étonnante réduction : l’Etat est fort heureusement une entité beaucoup plus vaste, et on l’espère plus efficace et moins crédule que le seul ministère qui sert de théâtre à l’histoire narrée dans ce premier roman.
Ce qu’on ne nous dit pas, c’est quelle place occupait l’auteur dans cette « administration centrale » pour l’avoir ainsi « observée ». Quel était son grade et ses fonctions, pour utiliser le vocable spécifique aux fonctionnaires. Je chipote…oui, c’est vrai, mais la réponse n’est pas sans conséquence.
La piètre image que l’auteur livre des ministères et de ses personnels, tous ou à peu près incompétents et/ou corrompus n’est pas sans faire songer à une forme de règlement de comptes par roman interposé.
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Article publié le 14 mai 2010 dans la catégorie
vin de table
Deux femmes. Emmanuelle, la quarantaine, mariée à Elias et mère de trois enfants se débat entre ses horaires de travail contraignants et sa famille. Et puis Lila, photographe, amoureuse de Malik disparu soudainement, la laissant anéantie. Lila est l’héroïne d’un livre qu’Emmanuelle dévore pendant deux jours. Ce matin, elle laissera même ses aînés à l’école, son petit à la crèche et ne se rendra pas à son travail …
Obsédée par cette femme de papier, elle erre dans Paris et savoure ce temps qu’elle a conscience de voler à ceux qui l’entourent et … la figent, l’emmurent dans un quotidien étouffant. Elle se raccroche à l’héroïne de son roman qui lui donne une bouffée de liberté jusqu’alors tant espérée.
L’auteur pianote sur la gamme de nos émotions … Fragments de vie, copeaux du quotidien, moments dérobés, magie de l’amour, tous ces ingrédients donnent un récit riche et touchant.
Au fil de la lecture surgissent mille questions sur les choix de vie, les tournants décisifs, les errances à la recherche d’un mieux, d’un ailleurs … et celle – fondamentale – un livre peut-il aider à la prise de conscience de soi, à se débarrasser des lourdeurs d’une enfance douloureuse, à aimer plus fort, ou mieux encore ? Peut-on s’identifier à un héros d’encre et de papier pour entrevoir un espoir ou guérir d’un passé pesant à porter ? L’auteur nous donne l’envie d’y croire …
Les âmes soeurs – Valérie Zenatti, Editions de l’Olivier
Article publié par Catherine le 8 mai 2010 dans la catégorie
Grand vin
E. Ethaire nous donne à lire les tourments d’une ado. Il écrit, paraît-il, toujours sous une identité féminine. Pourquoi pas ? Ce n’est pas le seul mâle qui essaie de se mettre dans la peau d’une femme, et c’est un exercice qui demande un grand talent (compte tenu de la complexité de cette dernière). Labro et Lamartine s’y sont risqué eux aussi…
Maleea, ado un peu masculine ne manque pas de caractère, et elle est décrite avec fougue. Tout repose sur elle. Pari difficile… Et réussi…! Elle m’a plu, dans son genre “je me fous du monde entier”, elle m’a souvent touché. La quatrième de couv’ nous annonce qu’il s’agit d’un “thriller psychologique au style incisif”. Et c’est vrai qu’il y a une psychologie dans ce texte, peut-être pas comme dans les romans du début du siècle dernier. Cependant cette jeune personne peut sembler un rien égocentrique et superficielle. Les épreuves ont l’air de lui couler dessus comme de la mayonnaise sur un boulet-frites à la liégeoise. Ce n’est toutefois qu’apparences !
Il y a beaucoup de bonnes idées.
Le style, précis et riche, aurait pu porter l’ouvrage encore plus haut. Le ton constant, toujours un peu ironique, est amusant mais parfois monotone (à mon goût).
En résumé, voilà un bon roman, qui aurait pu bénéficier de quelque chose de plus pour gagner un large lectorat en ces périodes difficiles, où le lecteur ne lit plus que sur écrans. Mais j’ignore ce qui aurait pu porter cet ouvrage plus haut. Peut-être l’auteur ne cherche-t-il guère le succès, et tourne-t-il volontairement le dos aux recettes trop commerciales… Liberté, choix d’artiste, indiscutables par essence.
La Langoureuse – Etienne Ethaire – Éditions du Somnambule Equivoque
Article publié par Yves Rogne le 2 mai 2010 dans la catégorie
Cru bourgeois
Résumé
« Un homme. Un homme parmi d’autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première et terrible confrontation avec la mort sur les plages idylliques de son enfance jusque dans son vieil âge, quand le déchire la vision de la déchéance de ses contemporains et que ses propres maux
physiques l’accablent. Entre-temps, publicitaire à succès dans une agence à New York, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D’un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d’un second, une fille qui l’adore. Il est le frère bien-aimé d’un homme sympathique dont la santé vigoureuse lui inspire amertume et envie, et l’ex-mari de trois femmes, très différentes, qu’il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte, c’est un homme qui est devenu ce qu’il ne voulait pas être. Ce roman puissant – le vingt-septième de Roth – prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l’expérience qui nous est commune et nous terrifie tous. »
L’histoire débute par la fin, dans un vieux cimetière juif où le personnage principal va être enterré, entouré par une famille désunie et quelques anciens collègues.
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Article publié le 1 mai 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
« La dernière à gauche en montant ». Ces mots ne seront désormais plus que souvenir. En 2007, l’auteur vend cette maison de Neauphle-le Château dont les murs sont imprégnés d’une voisine d’exception … Marguerite Duras. Lorsque l’auteur fait l’acquisition de cette maison en 1963, elle la choisit pour devenir la maison de famille dont tout le monde rêve. Mais dans ce foyer campagnard, elle vivra le départ d’Eric, son compagnon de vie, qui s’évadera en la laissant seule avec ses deux enfants. Puis il y a aussi le souvenir de tous
ceux qui ne sont plus là. Cette bâtisse de Neauphle ne sera plus le havre de paix espéré … Le sort touchera un à un ceux qui s’en approchèrent : Françoise se suicidera, Valérie mourra sur la route et … Marguerite disparaîtra bientôt elle aussi.
Un récit intime et une réflexion sur l’attachement aux lieux, aux choses, aux livres. Un texte bouleversant et âcre sur la destruction des illusions, une ode aux enfants qui grandissent et s’échappent si vite.
Quelque quarante années d’existence couchées sur un papier tantôt blanc imprégné de soleil pour relater les rires d’enfants, les nombreux amis qui passent ou s’y installent fût-ce un instant parce qu’il y fait bon vivre, tantôt un peu jauni pour dire les épreuves de la vie, la mort qui frappe et enlève des êtres aimés.
Et on finit par laisser s’envoler les souvenirs quels qu’ils soient, on enferme cette existence engloutie dans l’espace confiné d’un camion de déménagement …
La dernière à gauche en montant – Michèle Manceaux, Editions Nil
Article publié par Catherine le 26 avril 2010 dans la catégorie
Grand vin
Chrisine Aventin publie à 15 ans un roman “le cœur en poche”, assez réussi, presque trop abouti pour son âge. Vu ce succès précoce, on se serait attendu à une carrière fulgurante. Ce ne sera point le cas. Aurait-elle mal grandi ?
Je l’ai regardé comme une émission de Canal+ sans décodeur. Les images se devinent plus qu’elles se voient. Mais si le mode affichage sans décodeur convenait parfaitement à certains films du samedi soir, entre 3 et 4 heures – encore que… cet organe qui tremble, était-ce un bras ou autre chose ? – … en revanche cette écriture “brouillée” m’a parfois perturbé. Il faut un bon esprit déductif pour comprendre, entre les changements de point de vue sans préavis et les sauts du coq à l’ânesse.
Il y a de beaux passages, qui touchent… mais d’autres ont une moindre portance. Écriture dans la douleur, dans ses cicatrices, très personnelle…Trop ? Il faut un effort soutenu pour entrer dans les anfractuosités de cette écorchure vivante et en comprendre le sens. Le côté intime pourrait éloigner le lecteur. Une certaine liberté de style par rapport aux usages peut plaire. En excès elle déroute.
Extraits :
“Elle déteste la Toussaint, elle n’aime pas qu’on lui dise quel jour elle doit être triste.”
“Des lèvres maintenues séparées sont absorbés un à un tous les rouges, l’un après l’autre, se défont.”
Le Désir demeuré – Christine Aventin – Editions du Somnambule Equivoque
Article publié par Yves Rogne le 24 avril 2010 dans la catégorie
vin de table
Elena, brillante étudiante roumaine, malmenée par l’histoire épouse Jacob en 1958 contre l’avis de ses parents. L’antisémitisme régnant les pousse à s’expatrier aux Etats-Unis où Elena rompant avec le passé devient Helen. De cette union naît un fils à qui on prédit « un brillant avenir ». Mais Alex décide d’épouser Marie contre l’avis de ses parents…
Un roman fort qui traite de la peur d’une destruction du noyau familial. D’un bout à l’autre du récit on ressent très fort la psychologie des protagonistes et on entre sans le vouloir dans leur intimité jusqu’à se sentir imprégné par leur vie, leurs soucis. On a envie de les comprendre, de les aider même.
Le style est fluide, les personnages sont dépeints avec sensibilité. L’histoire est émouvante, palpitante et l’on a envie de poursuivre ce voyage riche de sentiments humains.
Un récit classique, construit autour de deux pôles : les souvenirs d’une jeunesse meurtrie et le plongeon dans une autre vie aux antipodes du cocon familial.
Seuls bémols peut-être les incessants va-et-vient entre les périodes éloignées (enfance d’Hélène/vieillesse d’Hélène) et les redondances multiples qui fatiguent un peu le lecteur et donnent à ce roman un sentiment de longueur inutile.
Un brillant avenir – Catherine Cusset, Gallimard
Date de parution : 25/08/2008
Article publié par Catherine le 18 avril 2010 dans la catégorie
Grand vin
J’ai longtemps hésité avant d’ouvrir un roman de Kate Mosse. Ce nom me faisait penser à la créature
filiforme qui hante les magazines et qui aurait pu figurer dans “Holocauste”… Mais bien entendu, à part l’homophonie du patronyme, modèle et romancière n’ont rien en commun. Les premières pages semblaient captivantes, j’ai donc sauté.
Fantômes d’hiver est un récit construit sur la douleur.
Freddie évoque la perte de son frère George durant la grande guère. Dix ans plus tard, souffrant toujours de cette cicatrice inguérissable, il part en errance et rencontre une jeune femme étrange, légère, transparente.
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Article publié par Noann le 18 avril 2010 dans la catégorie
Cru bourgeois