Nous sommes au début des années 70. Maria Cristina Väätonen a 16 ans lorsqu’elle quitte son grand Nord natal, une mère dévote, un père claquemuré dans son silence et une sœur envieuse. Elle s’installe à Los Angeles et tombe sous le charme de cette ville lumineuse où règne l’esprit libertaire.
Un jour, Maria Cristina reçoit un appel téléphonique de sa mère dont elle n’a plus eu le moindre signe de vie depuis vingt ans. Celle-ci la prie de venir chercher d’urgence Peeleete, le fils de sa sœur diminuée suite à un accident, afin de l’adopter… Le monde qu’elle s’était construit en Californie avec son amie et colocataire Joanne s’écroule soudain face à un retour obligé dans son passé à Lapérouse…
À Santa-Monica, elle vit pleinement sa passion pour l’écriture et savoure le succès de son premier roman. Certes, elle croise encore de temps en temps Rafael, un écrivain mexicain avide de succès et de gloire, dont elle fut l’amante auparavant mais tâche de prendre ses distances vis-à-vis de lui, bien décidée désormais à suivre son chemin d’écriture et de liberté.
Véronique Ovaldé nous conquit à nouveau. Comme dans ses précédents romans, l’on retrouve ici toute la magie et le merveilleux d’un conte doux-amer à la frontière de l’étrange, où la violence, les tragédies de l’enfance, les conflits intérieurs côtoient les petits bonheurs larvés, les joies inespérées, la sérénité enfin retrouvée.
Tout est dit avec finesse et élégance. Les personnages croisés, qu’ils soient nuisibles, malfaisants ou victimes, sont tous captivants et se démènent, pour les uns contre l’infortune et pour les autres contre les dégâts du passé, mais toujours avec bienveillance et grâce.
La force de l’auteur est aussi incontestablement cette façon qu’elle a d’ajouter à ses récits une pincée de fantaisie et d’extravagance. L’écriture est majestueuse et dans chaque chapitre, la vie réelle jouxte l’imaginaire et donne au récit le charme d’une balade chimérique.
Grave et frivole à la fois… Profond, indubitablement.
Un récit à mettre dans les mains de tous ceux qui ont des comptes à régler avec leur passé, leur famille, un entourage hostile, pour y puiser la force et se laisser bercer par la féérie…
La grâce des brigands de Véronique Ovaldé
Date de parution : 22/08/2013
Article publié par Catherine le 8 septembre 2013 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Présentation de l’éditeur :
À Paris, rencontre entre un homme qui a choisi de vivre dans sa voiture et un groupe de sans-papiers masqués. Se faisant appeler les renards pâles, du nom du dieu anarchiste des Dogon du Mali, ils défient la France. Comme l’homme solitaire, ils attendent la révolution. Un homme choisit de vivre dans sa voiture. À travers d’étranges inscriptions qui apparaissent sur les murs de Paris, il pressent l’annonce d’une révolution. Le Renard pâle est le dieu anarchiste des Dogon du Mali ; un groupe de sans-papiers masqués porte son nom et défie la France. Qui est ce solitaire en attente d’un bouleversement politique ? Qui sont les Renards pâles ? Leur rencontre est l’objet de ce livre ; elle a lieu aujourd’hui.
Mon avis :
Assez mitigée… Alors oui, sans conteste l’écriture est belle et poétique. La première partie du roman : une belle analyse sur la solitude du chômeur, sur la solitude tout court. L’homme élit domicile dans son break, garé dans une rue où le stationnement est illimité et il nous raconte comment il occupe ses jours et ses nuits… Dans cette première partie du roman, de très belles phrases qui permettent de s’évader par la beauté des mots et des lieux.. Jusqu’à « la rencontre » avec un dessin sur un mur. Et la deuxième partie… le combat des sans-papiers, la vie des exclus, l’exploitation des noirs par les blancs, la justification des voitures brûlées… Le combat politique et social… La liberté qu’il nous reste est de ne pas être fichés par la société… Pour y arriver, il faut brûler ses papiers, se cacher derrière un masque, cesser d’exister dans la société. C’est à cette condition qu’on sera libre d’exister et de vivre libre…
Tous les exclus du système, unissez-vous… Par-delà la couleur et la race… Ceux qui n’ont plus rien à perdre sont unis par la solidarité et cette force silencieuse et invisible fera la révolution… Que valent les biens et la société face à l’exclusion humaine ?
Les Dogons croient en un dieu unique, Amma. Il créa la terre et en fit son épouse qui lui donna un fils, Yurugu ou le Renard pâle. C’était un être imparfait qui ne connaissait que la première parole, la langue secrète sigi so. » (Wikipedia)
L’un des intérêts de ce roman est de nous donner envie d’en connaitre davantage sur les Dogons et leur culture, sur l’importance des masques, sur leur conception de la responsabilité des humains sur les désordres du monde.. Certes le roman est dérangeant et porte sur un sujet de société très actuel. Mais je n’ai pas été convaincue. La politique prime sur l’histoire et ce qui aurait dû être un roman est plus ressenti par moi comme une dénonciation de la société…
Extraits :
“Chaque fois que le soleil se couche, je ne désire qu’une chose : mettre fin au monde sensé. Je veux glisser vers ce fond d’étoiles qui rient dans le ciel et s’enivrent des épaisseurs du crépuscule. Je veux boire jusqu’au néant ces éclats rouges et noirs. Seule l’ivresse des étoiles m’arrache à la pesanteur du globe”
«Chacun est libre d’être là ou de ne pas être là. D’aimer ou de ne pas aimer. D’affirmer ou de se taire. De trouver des raisons de vivre ou de vivre sans raison.»
Les renards pâles – Haenel Yannick
Date de parution : 22/08/2013
Article publié par Yves Rogne le 6 septembre 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
Présentation de l’éditeur :
Le jour des obsèques du grand-père, la famille est en train d’attendre le prêtre dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, lorsqu’une petite dame énergique, portant un foulard rouge, s’approche du cercueil, pose un baiser d’adieu sur le front du défunt et, en souriant malicieusement en direction de l’assistance, actionne une vieille sonnette de vélo. Dans les premières rangées, on chuchote. Est-ce vraiment cette Louise ? Elle a donc osé ?
Léon et Louise n’ont pas vingt ans lorsqu’ils se rencontrent dans un petit village français vers la fin de la Première guerre mondiale. Connus, reconnus, perdus de vue, séparés par les hasards de l’Histoire, les deux jeunes gens ne s’oublieront jamais.
Avec un sens délicat du détail et un souffle narratif puissant et élégant, Alex Capus explore les ressorts complexes de deux existences. Surgissent alors le décor et l’ambiance des différentes époques durant lesquelles nous suivons les péripéties des deux héros : la Normandie pendant la Première guerre ; Paris sous l’Occupation ; le Quai des Orfèvres et la Banque de France ; l’action du préfet de police pour cacher les archives relatives à l’immigration ; l’opération de sauvetage de l’or de la République…
En réinventant la vie secrète de son propre grand-père sur plus de quarante ans, Alex Capus signe le roman d’un amour plus fort que le tourbillon de la vie, une irrésistible épopée qui a déjà séduit un grand nombre de lecteurs à travers le monde.
Traduit de l’allemand – Prix du public de la RTS (Radio Télévision Suisse ) 2013. ( écouter : www.rts.ch/espace-2/programmes/entre-les-lignes )
Mon avis :
Vrai coup de cœur pour ce livre. Plein de tendresse, d’amour, de finesse et de subtilité. Mais sans mièvrerie sans sentimentalisme. Une belle histoire d’amour dont le cours logique sera détourné par la guerre mais qui perdurera envers et contre tout. Mais qui ne ravagera pas tout autour d’elle. Un amour contrarié qui respecte la vie et les autres. Un roman sur la persistance des sentiments, sur « le grand Amour ». L’écriture est fluide. Le décor est l’entre-deux guerres en France, l’envers du décor, la vie des gens normaux dans la France occupée : en Normandie, à Paris ; on tournera aussi des pages d’histoire… Le sauvetage de l’or par la Banque de France, la destruction des archives par la police… De plus Capus réussit à rendre tous les personnages intéressants et attachants. C’est de plus une histoire vraie, celle de sa famille…
Extraits et citations :
“Nous sentons exactement pareil. — Nos odeurs se sont mélangées. — Je voudrais que ça reste comme ça. — À jamais.”
“La nuit, avant de s’endormir, Léon ne cessait de revivre en pensée le trajet en Torpédo, les moments passés avec Louise au Relais du Midi et les dernières heures, jusqu’à l’aube, en lisière de cette forêt d’où l’on apercevait la tour Eiffel. Il eut la surprise de constater que ses souvenirs ne s’estompaient pas au fil des semaines, des mois et des années ; au contraire, ils devenaient de plus en plus puissants, de plus en plus vivants.”
“La journée, il allait consciencieusement travailler, et le soir il plaisantait avec sa femme et se montrait auprès de ses enfants un père plein de tendresse ; mais au fond, les moments où il était le plus vivant étaient ceux où, tel un vieillard, il s’abandonnait totalement à ses souvenirs..”
« Debout devant la fosse ouverte, Léon s’étonna de ce rituel qui s’accomplissait sans aspérités – elle était presque offensante, la simplicité avec laquelle un être pouvait être enterré comme si de rien n’était, comme si cet être n’avait pas, après tout, aimé et haï durant une vie ou n’avait pas été, au moins, utile à ses proches d’une manière ou d’une autre ; un dossier classé qu’on expurgeait sans façon du quotidien. »
“Je vis bien, tu ne me manques pas, comprends-tu ? Tu es seulement un de ces points vides parmi tant d’autres, de ces blancs que je transporte à travers ma vie ; après tout, je ne suis pas devenue pilote de course automobile ni ballerine, je ne dessine pas et je ne chante pas aussi bien que je le désirais, et je ne lirai jamais Tchekhov en russe.”
« On s’y fait, à ces blancs, on vit avec, ils font partie de vous et on ne voudrait pas se priver d’eux ; si je devais me décrire, la première chose qui me viendrait à l’esprit, c’est que je ne parle pas russe et que je ne sais pas faire de pirouettes. »
« Et avec le temps, je me suis aperçue que je m’ennuie moins avec moi-même qu’en compagnie d’un monsieur qui ne me plaît pas complètement. »
Léon et Louise d’Alex Capus
Date de parution : 05/09/2012
Article publié par Yves Rogne le 3 septembre 2013 dans la catégorie
Grand vin
Je reviens vous parler d’un petit livre que j’ai à la fois aimé et pas aimé… Un avis mitigé donc.
“Le plus petit baiser recensé” est l’histoire poétique et métaphorique d’un homme qui reçoit un minuscule baiser, mais aussitôt après la gente dame qui le lui a prodigué disparait ! Il se met alors à la recherche de cette perle rare. Pour ce faire, il contacte un détective privé à la retraite, qui lui propose une solution insolite : un perroquet surdoué, capable de partir à la recherche des âmes en perdition !
Si j’ai adoré l’idée et ai accroché dès les première lignes, l’ensemble m’a paru inégal, et finalement le dénouement féérique que j’attendais n’est pas advenu… L’histoire est moins éclatante que les premières lignes le laissaient supposer.
L’auteur rivalise pourtant d’ingéniosité. À commencer par la langue qu’il s’approprie, défiant la grammaire et créant des néologismes à tout va… Un peu trop même. C’est souvent savoureux, et le côté inédit ajoute au plaisir de lecture : enfin un livre qui ne ressemble à aucun autre !
Cependant, j’ai cherché tout au long de ma lecture le sens profond, car s’il y avait métaphore, il y avait censément une autre dimension. Je ne l’ai pas toujours trouvé, et il m’est apparu que quelques phrases n’avaient probablement aucun sens. Ceci gâche un peu le plaisir de lecture et casse le rythme, du moins si on essaie de lire au second degré. Cependant, une lecture au premier degré serait plus jouissive, et peut-être vaut-il mieux ne pas être trop intello…
Cela reste tout de même une lecture amusante et même drôle. Mais j’en garde une impression de pas totalement abouti. Dommage !
Le plus petit baiser jamais recensé – Mathias Malzieu
Date de parution : 15/03/2013
Article publié par Noann le 2 septembre 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
Pour celle qui abhorrait les livres autant que l’huile de foie de morue, Agnès a soudain une lueur, un éclat… Un jour, elle découvre la littérature russe et c’est le coup de cœur. Puis elle ne cessera plus de lire jusqu’à devenir vorace et jamais rassasiée.
Au fil de ce parcours, elle deviendra écrivain et traductrice.
Elle fait ici le compte à rebours d’une vie de lectrice d’abord difficile à persuader, puis nous livre bout à bout ses souvenirs, nous invite à la suivre dans l’analyse de ce passé basculé entre tourments et passion. Et elle nous convainc à travers un récit magistral foisonnant d’exemples, que la littérature est un joyau essentiel qui mérite de trouver sa place dans chaque vie.
Le récit déborde de sincérité et d’humilité. La pensée de l’auteur est toujours restée intacte, pas frelatée, loin des clichés et du schéma que l’éducation et la scolarité exhortent à suivre. Non, l’envie de lire n’est pas toujours spontanée, peu importe d’où l’on est issu, peu importe le parcours scolaire suivi. Ce peut être une longue traversée du désert jalonnée d’incertitudes, suivie tout à coup d’un besoin de s’écarter du chemin, de faire un détour, nécessaire et essentiel. Un jour, un livre vous met le cœur en ébullition et vous ne pouvez plus décrocher, c’est là que naît la passion des mots, l’engouement de s’abreuver de littérature à l’envi.
Un roman captivant d’un bout à l’autre dont on s’imprègne avec délectation. Et avec ce récit, l’auteur nous donne l’envie démesurée de lire et lire encore, de se laisser envoûter par les mots. Tel un gastronome qui découvre de nouvelles saveurs culinaires, nous voici impatients de découvrir l’enchantement et le pouvoir des mots, la magie de l’écriture et le parfum délicat que laissent les souvenirs de récits inoubliables.
Une belle surprise pour ce récit paru en juin et laissé sur ma table pendant une longue thébaïde d’été…
Ainsi je reviens dans ce bel univers que Noann m’a laissé le temps pour lui de poursuivre un chemin d’écriture que je lui souhaite fécond et couronné de reconnaissance et de succès.
Comment j’ai appris à lire, d’Agnès Desarthe, éditions Stock
Date de parution : 02/05/2013
Article publié par Catherine le 1 septembre 2013 dans la catégorie
Grand vin
Parce qu’Adrien est las de cette vie insensée, il décide de mettre fin à ses jours. Mais avant d’ingurgiter ses médicaments, il envoie une missive à Nina qu’il aime depuis l’enfance mais celle-ci l’a toujours repoussé. Alors qu’il tarde un peu à passer à l’acte, il se remémore leurs vacances à Ravello, merveilleux joyau de la côte amalfitaine, les longues balades avec les amis, le bord de mer, les nuits sur la plage à la belle étoile. Nina brillait de mille feux dans les yeux d’Adrien mais Enzo s’intéressait aussi à la belle italienne.
Adrien est plongé dans un long coma… À moins d’un miracle, va-t-il revenir à la vie ?
Une histoire d’amour chaotique qui ressemble à un feuilleton d’été. L’écriture coule comme une rivière dans un paysage accidenté. Le style est rythmé, sans fioritures. L’écriture est délicieuse comme une liqueur sucrée et le récit s’oriente vers un dénouement heureux. Que vouloir de plus ?
Certes, le récit renferme tous les éléments essentiels à un roman éphémère, celui que l’on dévore sur la plage, sous la tonnelle ou au bord d’une rivière en pleine montagne. Les personnages sont ravissants d’émotion et de candeur.
Ainsi, on se laisse porter par cet intermède au parfum d’été, essentielle villégiature loin du tumulte du retour au travail et à la vie trépidante.
Une belle histoire, sans grande envolée littéraire mais l’on reste un peu sur sa faim… Pour avoir apprécié maintes fois la plume de Frédéric Lenoir et Simonetta Greggio, j’eusse espéré un récit plus aiguisé, plus abouti, moins léger, mais peut-être n’est-ce pas plus mal de reprendre le chemin de la chronique bercée par une histoire délassante tout simplement, sorte de préambule à la fougue de cette prochaine rentrée littéraire…
L’alliance de deux plumes aux antipodes, mais s’arc-boutant ici à merveille dans un opus teinté d’amour, celui que rien ne ternit ni n’efface… pas même la mort.
Nina de Frédéric Lenoir et Simonetta Greggio, éditions Stock
Date de parution : 22/05/2013
Article publié par Catherine le 28 août 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
Présentation de l’éditeur :
Au premier abord, cela ressemble à des suicides. Deux cadavres en une semaine – l’un flottant dans l’East River, l’autre électrocuté dans sa baignoire. Mais l’examen médico-légal indique que les victimes ont été droguées, puis assassinées. Tandis que les meurtres se succèdent, leur brutalité va croissant – et le tueur que l’on surnomme “le collectionneur de chair” continue sa moisson macabre.
Le profileur Lee Campbell, de la police new-yorkaise, se joint à la poursuite de ce meurtrier qui prend plaisir à narguer les enquêteurs en leur laissant des messages macabres. Ces crimes terrifiants recèlent la clé des motivations tortueuses du tueur en série. Mais l’affaire devient personnelle au point de perturber Lee. Se rapprocher suffisamment du monstre pour l’arrêter pourrait le rapprocher de sa propre mort…
Mon avis :
Lecture agréable et intéressante, mais sans grande surprise, sans rebondissement vraiment surprenant.
Dommage car tout y est : naturel des situations, personnages, décors, dialogues. L’auteur sait donner une vie à son histoire. Et si je suis un peu sévère, c’est que l’auteur est capable d’aller plus loin encore, et que les “petits plus” qui manquent feraient de son roman une œuvre que l’on se promettrait de relire un jour.
Certaines pages éveillent beaucoup la curiosité : un psychothérapeute et sa sœur, qui sont des personnages inquiétants sortis d’une imagination riche.
Mais on comprend mieux les angoisses du profiler, Lee Campbell, concerné par le crime depuis la disparition de sa sœur, hanté par ce deuil impossible, que les désordres de l’esprit du tueur.
La grande faille de cette âme meurtrière pourrait être évoquée avec plus de précisions, sans besoin de recourir à un excès de détails sordides, mais en allant davantage dans l’esprit où le rapport aux autres est si étrange…
L’auteur s’emploie à cet exercice, mais par petites touches pas toujours convaincantes.
Évidemment, une énorme difficulté réside dans l’analyse d’un personnage aussi terriblement abîmé. Mais je suis certaine que l’auteur a le talent nécessaire pour nous pousser plus loin dans l’identification du tueur et dans ses motivations macabres.
Le collectionneur de chair de C.E. Lawrence. Éditions Pôle noir
Date de parution : 20/08/2013
Article publié par Martine le 27 août 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
L’auteur de “Voyage en italique” nous convie à un double voyage : dans le temps et l’espace. Il nous conte sa recherche assidue et tourmentée de ses origines… Il devra batailler pour retrouver la trace de ses grands-parents, aller d’une maison communale à l’autre, se voir opposer des refus au nom du respect des données privées… Jusqu’au jour où un employé a la bonté de lui laisser accès, en dépit d’une législation qui le lui interdit, à un dossier de famille pourtant sommaire.
Voici notre narrateur lancé dans un périple au nord de l’Italie… Il fera, plus de 80 ans après, le même voyage que ses grands-parents, Maria et Osvaldo. Mais pourquoi suivre la trace de ses grands-parents et non de ses parents ? Peut-être parce que les aïeuls sont le point de départ de la migration. C’est eux qui ont, à l’instar de milliers d’autres, fui cette Italie en perdition, livrée aux griffes de Mussolini, quand le pays peinait à nourrir ses enfants, alors que la France commençait à songer que, tout compte fait, il manquait de main d’œuvre et que l’on pourrait assouplir la politique de l’immigration et même la favoriser.
L’on suivra le parcours de l’auteur dans les reflux de la mémoire, parsemée d’interrogation sur les conditions de l’époque et l’effroi que devait constituer le départ des migrants, l’abandon de son village, et la crainte de l’accueil en terre étrangère… À une époque où Italiens et Espagnols sont accusés de servir la cause fasciste, et d’être une menace plus qu’une aide. La diaspora s’organise pourtant. Aux émigrants, l’état donnera un livret de conseils, où il est recommandé par exemple de cultiver son identité… Souci qui reste encore très vif aujourd’hui, l’on reconnaitra bien le sens patriote des migrants italiens, leur fidélité aux racines, légendaire !
Ce pourrait être le récit d’une vie, une seule, particulière, anecdotique, mais à travers ce témoignage, chacun pourra se projeter, imaginer quel désarroi peut causer l’exil, et la difficulté de l’intégration, que nous avons tous connue de manière diverse. C’est un voyage tout en finesse et en richesse, jalonné de sentiments. Cela reste tout de même une auto-biographie familiale avec ses limitations : le récit garde un côté très intime et personnel, et le lecteur pourrait s’égarer peut-être dans les arcanes de cette famille, ou perdre le fil de cet écheveau dénoué par petites bribes dispersées. On peut toutefois se permettre une lecture dans le désordre, et des relectures de certains paragraphes seront utiles. Quant à l’écriture, elle est ouvragée, avec un vocabulaire riche et un sens du détail, qui nous plonge dans une vive réalité.
Voyage en italique de Pascal Corazza. Éditions Transboral
Date de parution : 23/03/2013
Article publié par Noann le 21 juillet 2013 dans la catégorie
Grand vin