À 9 ans, Rose Edelstein possède un talent insolite. En se régalant de mets divers, en particulier la pâtisserie, elle est envahie de mille émotions. Ainsi, en savourant un plat, elle imagine le comportement, la personnalité et les sentiments de la personne qui l’a concocté.
Entre son père, sa mère et son frère, tous dotés d’un don extraordinaire, un odorat supérieur pour l’un ou le pouvoir de fusionner avec le décor jusqu’à devenir transparent et disparaître pour l’autre, la vie semble s’écouler dans le meilleur des mondes… Pour Rose, c’est le goût qui donne un sens à sa vie et lui permet de sonder les cœurs et les âmes. Et derrière le délicieux gâteau au citron que sa mère lui prépare et qu’elle adore par-dessus-tout, Rose perçoit un malaise larvé et une sorte de manque indescriptible.
Ainsi, tous les desserts qu’elle dégustera seront un peu représentatifs d’un grand drame familial qui se dessine…
Au fil du temps, Rose va se livrer à une sorte d’enquête sur ses proches et découvrir que dans le moelleux d’un succulent gâteau se cache un chaos intérieur dans le cœur de celle qui l’a préparé.
Un récit qui côtoie le fantastique sans s’en approcher trop, mêlant sentiments exacerbés et magie. À travers les émois d’une petite fille bousculée par ses ressentis alors qu’elle déguste simplement un morceau de gâteau, l’auteur dévoile les mystères d’une famille dotée de pouvoirs un tantinet surnaturels.
Avec un talent indéniable et une plume tout en délicatesse, l’auteur nous dépeint le portrait d’une petite fille d’un autre monde, celui d’un château en sucre d’orge remplie de magie mais recelant aussi les secrets de cœurs engourdis par le désespoir.
Sous une couverture toute de bleu vêtue avec en arrière plan un gâteau alléchant, voici un roman tout empreint de féérie et de tendresse.
Une fable douce-amère imprégnée d’émotions ou comment une pâtisserie peut révéler à celui qui la consomme une vérité parfois difficile à approcher…
Le lecteur se laisse doucement porter par toute la sensibilité et l’effusion de sentiments qui émanent de chaque ligne et même au-delà des mots dans un univers parallèle…
La singulière tristesse du gâteau au citron d’Aimée Bender, éditions de l’Olivier
Date de parution : 14/02/2013
Article publié par Catherine le 24 mars 2013 dans la catégorie
Grand vin
Présentation de l’éditeur :
« On se tait, on se tient. » Telle est la devise des Saint Junien. L’arrivée de Nils, « l’enfant prodigue » que personne n’attendait, va faire voler en éclats l’unité de cette famille en apparence si parfaite…
Un beau château entouré de vignes, près de Cognac dans les Charentes : c’est celui d’Edmond de Saint Junien, exploitant du « nectar des dieux ». Autour de lui et de sa femme Delphine, leurs trois enfants et leur propre famille vivent sur le domaine. Une seule absente, leur fille Roselyne, qui s’est enfuie le jour de sa majorité, bien des années plus tôt, qui n’a plus jamais donné de nouvelles et qui vient de mourir.
Quand débarque Nils, le fils de Roselyne (dont personne ne connaissait l’existence), la surprise est de taille – bénédiction pour les uns, méfiance pour les autres. D’emblée, Nils gagne le cœur de ses grands-parents, et de sa cousine Fine, dont il tombe amoureux au premier regard. Charmant, intelligent, il semble se faire rapidement adopter par tous. Jusqu’au jour où un drame affreux se produit : Maria, la fillette des gardiens, est retrouvée assassinée dans la cabane qu’Edmond vient de faire construire à Nils pour ses 18 ans. Et tout l’accuse… Malgré ses protestations d’innocence, Nils est condamné. Libéré pour bonne conduite avant la fin de sa peine, il revient au château, bien décidé à démasquer le vrai coupable, dont il connaît l’identité. Il a enfin entre les mains la preuve qu’il a cherchée pendant des années. Il peut donc faire éclater la vérité. Éclater est le mot : en dévoilant le nom de l’assassin, il risque de briser le cœur de ceux qui lui ont tout donné, qui sont toujours restés à ses côtés, ses grands-parents…
Mon avis :
Ce nouvel et ixième opus de la désormais célèbre auteure populaire est fidèle à sa ligne de conduite : une famille cossue et tentaculaire, qui vit dans une maison bourgeoise, où la bonne morale est la règle ostensible de base. On l’imagine mieux dans l’histoire, au Moyen-Âge, au XIXième siècle au plus tard, tant ses mœurs et coutumes sont d’une autre époque. Pourtant non, elle connait le smartphone et le sms… Étrange dichotomie que ce milieu désuet confronté au monde moderne…
L’histoire est plus mouvementée et complexe qu’elle ne paraît a priori, et il y aura même une enquête policière, dont le dénouement apparaît au lecteur sagace avec de nombreuses pages d’avance… L’auteure nous donne à voir les turpitudes de ce milieu de façon très imagée, qui pourrait donner de succulents feuilletons à rallonge(s) du dimanche après-midi sur TF1. On se laisse (peut-être) bercer par cette écriture fluide et facile à lire, qui nous aura menés jusqu’à la page finale sans que l’on vît les secondes passer. Le temps passe d’ailleurs un peu vite, et l’on peine parfois à s’attacher aux personnages qui défilent, dans cette entité un peu compliquée.
“Et si on arrêtait de biaiser avec les mots, de vouloir tout minimiser, aplanir : tous dans le même panier, traités à la même enseigne. Si on acceptait d’appeler un chat un chat, de nommer la différence. Cela permettrait peut-être d’apporter plus vite les bonnes réponses.”
“On s’étonne parfois de ne pas sentir venir les évènements qui vont bouleverser notre vie, la changer pour toujours. Il me semble qu’au fond de nous un signal doit nous en avertir, comme pour les animaux qui fuient avant le naufrage ou le tremblement de terre, mais nous sommes trop occupés pour le percevoir”
Chuuut ! de Janine Boissard. Éditions Robert Laffont
Date de parution : 07/03/2013
Article publié par Noann le 17 mars 2013 dans la catégorie
vin de table
Rien ne lie la septuagénaire Alma qui vit à Cape Town et enregistre sur une bande magnétique ses souvenirs pour ne pas qu’ils lui échappent et se bat contre des voleurs voulant dérober les enregistrements afin d’en découvrir plus sur les secrets que son défunt mari a emportés, Herb et Imogène désespérés d’avoir un enfant, ou encore un soldat américain que les drapeaux ont conduit en Corée et qui met sa vie en péril pour sauver un oiseau. Ou encore cette orpheline partie rejoindre son grand-père en Lituanie ou enfin ce paysan chinois terrifié devant le drame que va subir son village suite à la construction d’un barrage.
Pourtant deux choses essentielles réunissent ces êtres… le temps qui galope inlassablement et les souvenirs qui habitent la mémoire.
Ainsi, le lecteur est d’emblée transporté et scotché à chaque paragraphe concis, éthéré. L’auteur nous invite à sillonner le monde d’un bout à l’autre et les générations d’antan et d’aujourd’hui pour y cueillir des fragments de vie, sonder les mémoires fissurées et meurtries.
Promenade dans les âmes d’ici et d’ailleurs, randonnée au cœur de destins aux antipodes mais si proches aussi, telle est la clef de sol de ce recueil de nouvelles. Six récits riches d’intensité. Les personnages croisés portent tous en eux les déchirures du passé mais aussi la force de continuer, de s’accrocher à la vie, même en chancelant sous le poids des années de galère.
À travers une plume légère, sans fioriture, mais imprégnée de poésie, l’auteur entrouvre les portes des âmes froissées sans jamais tomber dans la sensiblerie. Les mots se fondent dans un style que d’aucuns trouveront peut-être simpliste. C’est dans la sobriété et l’élégance que réside la force de l’écriture et entre les lignes, au-delà des mots, que le message est donné.
L’auteur fait l’économie d’une écriture ardue et rébarbative pour nous livrer mieux un message d’espoir et nous inviter à un grand voyage aux portes de la mémoire et de ses secrets enfouis pour en exploiter davantage les mystères et s’en inspirer pour accepter le présent.
De beaux récits qui remuent les tréfonds de l’âme…
Le mur de mémoire d’Anthony Doerr, éditions Albin Michel
Date de parution : 01/02/2013
Article publié par Catherine le 14 mars 2013 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Résumé :
Thomas Harris, 21 ans, orphelin de père et de mère, est étudiant en lettres à Harvard. Grand amateur de littérature policière, il se retrouve momentanément mêlé à une enquête en cours, portant sur une série de meurtres, dont les victimes sont toutes des enfants. C’est aussi à cette période que le jeune homme commence un stage au service des manuscrits d’une maison d’édition spécialisée dans les romans de gare et le thriller, Killin Publishing. Chargé du premier tri au service des manuscrits, il y fait la lecture du Manuel du serial killer, soumis de façon totalement anonyme, et qui ne propose rien moins qu’un mode d’emploi détaillé du parfait tueur en série ! Entre horreur et fascination, Tom choisit de rejeter le texte.
Quelle n’est donc pas sa stupéfaction lorsque, quelques semaines plus tard, il découvre ce livre en vitrine de toutes les librairies… et publié sous son propre nom, Thomas Harris !
Commence alors une véritable descente en enfer, à la limite de l’absurde : ce livre dont on lui impute la paternité fournit tous les détails des meurtres qui ne cessent d’ensanglanter la région. Et chaque tentative pour prouver qu’il est innocent rapproche un peu plus Thomas Harris de la cellule où croupit un redoutable prédécesseur, qui avait terrorisé le pays avec des crimes comparables, dix ans plus tôt.
Qui est réellement le coupable ? Qui est l’auteur du fameux Manuel ? Et par-dessus tout : qui est Thomas Harris ?
Notre avis :
L’auteur est parvenu à me bluffer complètement. Je n’ai tout compris qu’aux pages finales…
Thomas Harris est un type que l’on prend en compassion : orphelin de père et mère, il a grandi en foyer d’accueil. Il est solitaire et désargenté. Malgré tout, il est doué pour la littérature.
On lui octroie une bourse pour l’université. En contrepartie, il doit suivre une thérapie afin de se reconstruire. Il lui arrive une chose incroyable : un livre paraît sous sa signature, alors qu’il ne l’a pas écrit. Un livre sordide, “le manuel du serial killer”, mode d’emploi du crime, qui connaît un succès fulgurant auprès de la foule assoiffée de scandales.
La police fait le lien entre le contenu du livre et une affaire d’empoisonnements. Thomas est suspecté. Et l’on se range de son côté, vu la présentation des faits. Tout comme Sophie, une jeune fille futée qui se bat à ses côtés pour découvrir la vérité. La pauvre victime de cette machination prend les choses avec un humour noir mais de façon assez courageuse.
Tout est fait pour entretenir notre empathie à son égard, comme la narration de ses séances chez son psy, qui démontrent de profondes failles en lui, sa mémoire est à l’état de palimpseste, effacée, récrite, blanche à nouveau…
Et puis l’histoire se corse jusqu’à l’invraisemblable. Je m’attends à ce que le héros se réveille d’un cauchemar, j’en arrive même à penser que l’auteur tarabiscote. La raison reprend magistralement ses droits à la fin. Avec une gravité et une profondeur qui me laissent effarée. À lire et à relire.
Le manuel du serial Killer de Frédéric Mars. Collection Black moon thriller
Date de parution : 07/03/2013
Article publié par Martine le 10 mars 2013 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Ici, dans le kibboutz Yikhat, la vie s’écoule doucement, des histoires d’amour se nouent et se défont, des personnages se côtoient et se déchirent sous le joug des discordes politiques et des traîtrises. Tout ce petit monde est si charmant pourtant…
Alors que Yoev est sur le point de succomber au charme de Nina, tandis que David s’installe avec la jeune Edna, au grand dam de son père Nahum. On suivra aussi Henia et son fils Yotam, et puis Ariella et d’autres encore. À Yikhat, chacun se démène comme il peut pour trouver le bonheur, entre désillusions amoureuses et joies fugaces.
Dans le kibboutz, on vit cloisonné dans un carcan où le règlement n’est jamais transgressé. L’on vit ensemble… mais si seuls pourtant, même si dans cet isolement, il y a toujours une petite lueur d’espoir qui existe.
Un récit morcelé en huit nouvelles qui nous entraîne dans les abîmes de l’âme humaine, ses failles, ses émois, ses bonheurs larvés, le tout sur fond de nostalgie et de chagrin.
Le climat est lourd, voire suffocant, mais l’auteur distille çà et là des éclats de poésie, ce qui donne au récit une intensité et une force sans limite. Le style est cadencé, les mots virevoltent comme des papillons dans la nature, le roman se lit comme une partition où chaque mot donne le La de la gamme suivante.
De chaque page tournée émanent grandeur d’âme, simplicité et sincérité. Mais surtout, l’amour occupe une place prépondérante dans chacun des cœurs.
Un bond en arrière dans la société israélienne d’autrefois, celle-là même qui enfermait, éloignait dans un univers étriqué, peu enclin à s’ouvrir au dehors.
C’était jadis, dans le kibboutz de Yikhat… Il y a cinquante ans déjà…
Un enchantement, une belle découverte.
Entre amis de Amos Oz, éditions Gallimard
Date de parution : 31/01/2013
Article publié par Catherine le 7 mars 2013 dans la catégorie
Grand vin
Nous recevons régulièrement des livres proposés par leurs auteurs, ce qui nous permet de découvrir quelquefois des textes inédits et intéressants, des écrits qui sortent des sentiers battus et rebattus de l’édition classique. “Nos pleines lunes” est publié dans une maison qui pratique le compte d’auteur, un secteur qui a plutôt mauvaise réputation, où règne parfois l’arnaque. Pourtant, force est de constater que le roman proposé est de bonne facture, d’une impression soignée…
Deux voix se succèdent tour à tour, puis se répondent… Deux voix mystérieuses au départ, celle de Laeticia, jeune artiste qui a pour objectif de créer une galerie. Toute son attention est monopolisée par cet objectif, mais ses pensées restent comme accrochées dans le passé, par un événement trouble…
Et puis il y a Lucas, jeune garçon interné dans un institut… Lucas parait étrange, il semble amorphe à son entourage, coupé du monde. En réalité, il cultive un univers intérieur foisonnant, où les mots prennent une résonance étrange. Lucas écrit dans sa tête, il se compose un monde imaginaire… Il voit l’extérieur à sa façon. Il se passionne pour de toutes petites choses, la fête de Noël qui approche, ou simplement un escargot qu’il tente d’apprivoiser.
L’auteure donne une dimension assez particulière à ces deux sphères conjointes. Par de petites touches naïves et chamarrées, elle nous fait entrer dans cette relation étrange entre deux êtres que tout oppose et que tout rapproche. La technique d’écriture, toute féminine, consiste à pratiquer ce que j’appellerai l’homéopathie littéraire, et à ne dévoiler que le minimum vital au lecteur, voire moins, et à entretenir une étrange attente par une esquisse des faits et des pensées. Le lecteur devra (re)composer cette trame, et il en deviendra un second auteur actif. Certes, l’histoire est relativement statique dans sa première moitié, il faut s’accrocher, l’ouvrage tombe des mains, on le reprend… Puis quand tout se précise, vers le milieu, une nouvelle dimension apparait, et on ne regrette pas le temps passé. Cependant aussi, une fois la relation entre les personnages mise à jour, l’histoire devient plus prévisible.
Au final, c’est un récit maîtrisé, qui eût mérité plus grande promotion et distribution. Je ferai quelques petits bémols. Quelques rares fautes d’orthographe, eh oui… Et si l’ensemble m’a touché et parlé, je continue de m’interroger sur certains passages sibyllins, quand d’autres sont riches et profonds. Il m’en reste une excellente impression et l’envie de m’y replonger un jour ou l’autre…
“La passion habite cet enfant. On le sent. Les rayons du soleil levant sont rasants. Il est sûrement encore très tôt. Très tôt pour un enfant de cet âge. Six heures peut-être. Tout au plus.
À cette heure-là, on est plutôt encore en pyjama, dans son lit ou derrière un bol de lait. Mais pas ici. Pas dans cette serre. Debout. Habillé.
Serait-ce un lieu si magique qu’il soit capable de sortir de ses rêveries un petit enfant des plus sensibles, attiré par un mystérieux appât ?
On se questionne.
Alors c’est heureux.
C’est que la photo est bonne.”
Nos pleines lunes – Sophie Krebs. Éditions Baudelaire
Date de parution : 20/11/2012
Article publié par Noann le 6 mars 2013 dans la catégorie
Grand vin
Chirurgien réputé, Charles n’a jamais donné le moindre signe de faiblesse. Il coule des jours heureux auprès de sa femme Camille. Ils n’ont jamais voulu d’enfant, souhaitant préserver leur tranquillité et allant même jusqu’à dire qu’un enfant serait source de trouble dans leur quiétude.
Mais ce lundi, alors que Charles prend son petit-déjeuner, Camille l’informe de son désir soudain d’avoir un enfant… Charles est pétrifié…
Perturbé, il va même jusqu’à commettre, pour la première fois dans sa carrière de médecin, une erreur médicale assez lourde. La patiente abusée veut porter plainte contre l’hôpital et Charles n’hésite pas à accuser une infirmière du bloc et celle-ci est renvoyée fissa. Tout finit par s’arranger pense ainsi le médecin, entre lui et sa patiente du moins… Mais Glenn, le fils de celle-ci, qui souffre d’un handicap, va donner du fil à retordre à tout le monde.
Le décor est planté. S’ensuivent alors moult scènes tantôt hilarantes tantôt amères et le lecteur se laisse porter par ces bouts de vie en plein chaos.
Un récit enjoué, un peu caustique parfois, qui donne au moral un grand coup de fraîcheur et on se laisse porter par ces destins croisés, qui s’entrechoquent et basculent.
Tour à tour, l’on croisera des personnages attachants, entourant le Docteur Charles Alexander, tous aux antipodes l’un de l’autre, mais tous bousculés par les choses de la vie.
L’écriture est légère comme un pas-de-deux et le récit coule comme l’eau de roche, mais est parfois distrait par quelques prises de consciences, quelques moments d’égarement…
Ce roman m’a donné un bon moment de lecture certes, mais ma mémoire n’en gardera qu’un souvenir fugace…
Un bref moment d’égarement de Valérie Saubade, éditions Anne Carrière
Date de parution : 07/02/2013
Article publié par Catherine le 4 mars 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois
« Mon cœur bat, les saisons reviennent, les gens qui m’attirent se ressemblent, les scénarios se répètent, la routine s’installe. Je redis, je relis, je revois, je refais, je ressasse – allez, re ! Quelquefois aussi, je revis. »
L’on découvre ici une quarantaine de chapitres décrivant ce que chacun d’entre nous entretient au cours de sa vie, rengaine, ritournelle et habitude, et pose des questions essentielles. Pourquoi sommes-nous victimes de nos mêmes erreurs, de nos failles, des allers-retours incessants entre amour et désamour, entre joie et tristesse ?
Depuis son roman lourd de larmes « Philippe », l’auteur nous livre un essai qui traite de la redite, des virages à 180° suivis de retours à la case départ, de la spirale des sentiments, des volte-face après avoir foncé tête baissée vers un nouveau demain. Ainsi, après la fougue, l’étincelle faiblit et s’éteint pour se raviver à nouveau…
J’ai eu un peu de mal à entrer dans cette valse à trois temps : routine, répétitions, renaissance au fil des saisons. Certes, le style est tonique, enjoué parfois, mais l’impression de tourner en rond dans un carrousel de mélancolie douce-amère m’a rendue un peu engourdie.
L’auteur tente cependant de nous convaincre du besoin de refaire, ressasser, d’entretenir l’art des gestes machinaux comme pour donner vie à ce qui s’émousse et faiblit un peu chaque jour.
La répétition comme source de nourriture de la vie nous enseigne l’auteur, mais ne doit-on pas aussi se laisser porter vers d’autres cieux plus prolifiques sans revenir en arrière sans cesse ?
Une thématique intéressante, indubitablement, mais peut-être un peu trop pédagogique.
Enfin, c’est mon avis…
Encore et jamais de Camille Laurens, éditions Gallimard
Date de parution : 31/01/2013
Article publié par Catherine le 24 février 2013 dans la catégorie
Cru bourgeois