Grand vin

Esprit chien – Luc Lang

Dante Buzzati aurait dû vendre cette bâtisse, héritage de ses parents … Il ne cède pas aux avances des promoteurs et se laisse embobiner par Anne-Laure, sa jolie voisine snobinarde et son couple de lévriers afghans. Elle l’entraîne dans un projet inattendu : une association qui diffusera une médecine révolutionnaire assaisonnée de médiation, de musique, une approche freudienne dont le but est de réconcilier les chiens et leurs maîtres … En échange de nuits torrides avec Anne-Laure, Dante se laisse embarquer dans cette affaire mais dispose d’un moyen de pression efficace : quand Anne-Laure le néglige, il dispense des laxatifs à ses lévriers…

L’auteur nous livre une fable noire qui assaille et mord à travers des mots mouillés d’acide, livrés en rafales, une société superficielle, inspirée par la publicité et tout ce qui brille en surface. Il construit un monde loufoque démontrant le vide abyssal de cette société en perdition qui n’a d’autre repère que celui de paraître, d’avoir, de montrer, mais qui sonne creux à l’intérieur …

Un récit tissé de drôlerie et de culot qui fera « aboyer » et rire plus d’un lecteur. D’un bout à l’autre du roman, on n’échappe pas à la frénésie rigolarde et au cynisme de l’auteur et l’on suit le héros, fils d’ouvrier, au milieu de ces parvenus qu’il abhorre, ce monde doré et factice qui ne lui inspire que du mépris. Alors quand ces artifices et cette inhumanité se personnifient en une voisine sexuellement irrésistible, le héros tergiverse …

Esprit chien – Luc Lang, Stock

Article publié par Catherine le 24 mai 2010 dans la catégorie Grand vin
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Grand vin

L’amour est un fleuve de Sibérie – Jean-Pierre Milovanoff

Qu’est ce qui pose question à un homme, Silvio, qui est le fils d’une mère célibataire, dont «  le regard suggère l’étreinte et l’amour flou comme une absinthe », et qui n’a jamais connu son père? Le fait qu’elle ait tenu seule et pendant longtemps un café-hôtel au bord de la méditerranée et qu’elle ait été entourée d’hommes et de clients rajoute au mystère. Ce petit garçon féru de baby-foot et de blues a grandi, il est devenu le gardien du camping municipal et se souvient que, avant que l’hôtel ne soit démoli pour laisser la place à un port de plaisance, il était heureux avec cette femme comme on l’est, en principe, au cours de son enfance!

Était-ce ce pauvre play-boy un peu camé de Johnnie Wood qui cachait son vrai nom français de Jonas Dubois sous des accoutrements ringards, des voitures excentriques, des airs de guitariste, un accent de l’Alabama, une voix de canard en caoutchouc? Un véritable mensonge, un minable chanteur, riche cependant, déguisé en mauvaise bête de scène… Il finit par disparaître en laissant au garçon un vélo moteur et le goût des disques de blues!

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Article publié le 22 mai 2010 dans la catégorie Grand vin
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Grand vin

Le regardeur – Thomas Farber

Il a une quarantaine d’années et est écrivain. Elle est jeune, magnifique, étudiante en histoire de l’art et mariée. Ils tombent amoureux. L’écrivain raconte leurs rendez-vous, un monde totalement recomposé, sans mari, sans contraintes matérielles où ils partagent leur passion de l’art, de l’écriture, et leur vision fulgurante de l’amour. Mais leur liaison tourne rapidement à l’obsession, une obsession due au désir de posséder l’autre ou à la peur de le perdre, créant au fil du texte une tension très forte …

regardeurUn récit qui touchera les amateurs d’histoires aussi délassantes qu’une balade en bateau mouche ou un pique-nique en pleine nature. Certes … mais cette douce promenade à travers des mots élégants se change en une balade érotique où s’enchaînent les mots égrillards, violents. Cette crudité avec laquelle l’auteur démasque l’amour saisit très vite.

Et ce « regardeur » intrigue, désarme … On se trouve embarqué par la puissance des scènes et les dialogues qui sonnent fort mais juste. Le lecteur devient alors le regardeur en se nichant dans les coulisses de la passion interdite. L’amante, mariée accorde la clandestinité et la fidélité sur une même gamme. Pari impossible ? Illusion ?

Les glissements progressifs et les ruses de la séduction explosent …

L’auteur décrit la mécanique du désir qui conduit au vertige obsessionnel et plonge le lecteur dans ce climat où l’aspect tragique fait défaut, rendant celui-ci fébrile et accroché à cette effusion d’émois.

Touchant, fort …

Le regardeur – Thomas Farber, Editions Joëlle Losfeld

Article publié par Catherine le 16 mai 2010 dans la catégorie Grand vin
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vin de table

L’Imposteur – François Marchand

Résumé

« Témoin d’un assassinat, le narrateur usurpe l’identité de la victime et s’octroie le poste qu’elle devait occuper : directeur des relations professionnelles au sein du ministère du Travail. Imposteur de génie, il devient vite escroc, en profitant de l’absurdité des rouages bureaucratiques. Il fait de la corruption l’un des beaux-arts ».

Selon la quatrième de couverture, l’auteur a passé une quinzaine d’années au sein d’une administration centrale, ce qui lui a permis d’observer de près le fonctionnement de l’Etat. J’ai souri à cette étonnante réduction : l’Etat est fort heureusement une entité beaucoup plus vaste, et on l’espère plus efficace et moins crédule que le seul ministère qui sert de théâtre à l’histoire narrée dans ce premier roman.

Ce qu’on ne nous dit pas, c’est quelle place occupait l’auteur  dans cette « administration centrale » pour l’avoir ainsi « observée ». Quel était son grade et ses fonctions, pour utiliser le vocable spécifique aux fonctionnaires. Je chipote…oui, c’est vrai, mais la réponse n’est pas sans conséquence.

La piètre image que l’auteur livre des ministères et de ses personnels, tous ou à peu près incompétents et/ou corrompus n’est pas sans faire songer à une forme de règlement de comptes par roman interposé.

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Article publié le 14 mai 2010 dans la catégorie vin de table
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Grand vin

Les âmes soeurs – Valérie Zenatti

Deux femmes. Emmanuelle, la quarantaine, mariée à Elias et mère de trois enfants se débat entre ses horaires de travail contraignants et sa famille. Et puis Lila, photographe, amoureuse de Malik disparu soudainement, la laissant anéantie. Lila  est l’héroïne d’un livre qu’Emmanuelle dévore pendant deux jours. Ce matin, elle laissera même ses aînés à l’école, son petit à la crèche et ne se rendra pas à son travail …

Obsédée par cette femme de papier, elle erre dans Paris et savoure ce temps qu’elle a conscience de voler à ceux qui l’entourent et … la figent, l’emmurent dans un quotidien étouffant. Elle se raccroche à l’héroïne de son roman qui lui donne une bouffée de liberté jusqu’alors tant espérée.

L’auteur pianote sur la gamme de nos émotions … Fragments de vie, copeaux du quotidien, moments dérobés, magie de l’amour, tous ces ingrédients donnent un récit riche et touchant.

Au fil de la lecture surgissent mille questions sur les choix de vie, les tournants décisifs, les errances à la recherche d’un mieux, d’un ailleurs … et celle – fondamentale – un livre peut-il aider à la prise de conscience de soi, à se débarrasser des lourdeurs d’une enfance douloureuse, à aimer plus fort, ou mieux encore ? Peut-on s’identifier à un héros d’encre et de papier pour entrevoir un espoir ou guérir d’un passé pesant à porter ? L’auteur nous donne l’envie d’y croire …

Les âmes soeurs – Valérie Zenatti,  Editions de l’Olivier

Article publié par Catherine le 8 mai 2010 dans la catégorie Grand vin
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Cru bourgeois

La Langoureuse – Etienne Ethaire

E. Ethaire nous donne à lire les tourments d’une ado. Il écrit, paraît-il, toujours sous une identité féminine. Pourquoi pas ? Ce n’est pas le seul mâle qui essaie de se mettre dans la peau d’une femme, et c’est un exercice qui demande un grand talent (compte tenu de la complexité de cette dernière). Labro et Lamartine s’y sont risqué eux aussi…

Maleea, ado un peu masculine ne manque pas de caractère, et elle est décrite avec fougue. Tout repose sur elle. Pari difficile… Et réussi…! Elle m’a plu, dans son genre “je me fous du monde entier”, elle m’a souvent touché.  La quatrième de couv’ nous annonce qu’il s’agit d’un “thriller psychologique au style incisif”. Et c’est vrai qu’il y a une psychologie dans ce texte, peut-être pas comme dans les romans du début du siècle dernier. Cependant cette jeune personne peut sembler un rien égocentrique et superficielle. Les épreuves ont l’air de lui couler dessus comme de la mayonnaise sur un boulet-frites à la liégeoise. Ce n’est toutefois qu’apparences !

Il y a beaucoup de bonnes idées.

Le style, précis et riche, aurait pu porter l’ouvrage encore plus haut. Le ton constant, toujours un peu ironique, est amusant mais parfois monotone (à mon goût).

En résumé, voilà un bon roman, qui aurait pu bénéficier de quelque chose de plus pour gagner un large lectorat en ces périodes difficiles, où le lecteur ne lit plus que sur écrans. Mais j’ignore ce qui aurait pu porter cet ouvrage plus haut. Peut-être l’auteur ne cherche-t-il guère le succès, et tourne-t-il volontairement le dos aux recettes trop commerciales… Liberté, choix d’artiste, indiscutables par essence.

La Langoureuse – Etienne Ethaire – Éditions du Somnambule Equivoque

Article publié par Yves Rogne le 2 mai 2010 dans la catégorie Cru bourgeois
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Premier Grand Cru Classé

Un homme – Philip Roth

Résumé

« Un homme. Un homme parmi d’autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première et terrible confrontation avec la mort sur les plages idylliques de son enfance jusque dans son vieil âge, quand le déchire la vision de la déchéance de ses contemporains et que ses propres maux physiques l’accablent. Entre-temps, publicitaire à succès dans une agence à New York, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D’un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d’un second, une fille qui l’adore. Il est le frère bien-aimé d’un homme sympathique dont la santé vigoureuse lui inspire amertume et envie, et l’ex-mari de trois femmes, très différentes, qu’il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte, c’est un homme qui est devenu ce qu’il ne voulait pas être. Ce roman puissant – le vingt-septième de Roth – prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l’expérience qui nous est commune et nous terrifie tous. »

L’histoire débute par la fin, dans un vieux cimetière juif où le personnage principal va être enterré, entouré par une famille désunie et quelques anciens collègues.

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Article publié le 1 mai 2010 dans la catégorie Premier Grand Cru Classé
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Grand vin

La dernière à gauche en montant – Michèle Manceaux

« La dernière à gauche en montant ». Ces mots ne seront désormais plus que souvenir. En 2007, l’auteur vend cette maison de Neauphle-le Château dont les murs sont imprégnés d’une voisine d’exception … Marguerite Duras. Lorsque l’auteur fait l’acquisition de cette maison en 1963, elle la choisit pour devenir la maison de famille dont tout le monde rêve. Mais dans ce foyer campagnard, elle vivra le départ d’Eric, son compagnon de vie, qui s’évadera en la laissant seule avec ses deux enfants. Puis il y a aussi le souvenir de tous ceux qui ne sont plus là. Cette bâtisse de Neauphle ne sera plus le havre de paix espéré … Le sort touchera un à un ceux qui s’en approchèrent : Françoise se suicidera, Valérie mourra sur la route et … Marguerite disparaîtra bientôt elle aussi.

Un récit intime et une réflexion sur l’attachement aux lieux, aux choses, aux livres. Un texte bouleversant et âcre sur la destruction des illusions, une ode aux enfants qui grandissent et s’échappent si vite.

Quelque quarante années d’existence couchées sur un papier tantôt blanc imprégné de soleil pour relater les rires d’enfants, les nombreux amis qui passent ou s’y installent fût-ce un instant parce qu’il y fait bon vivre, tantôt un peu jauni pour dire les épreuves de la vie, la mort qui frappe et enlève des êtres aimés.

Et on finit par laisser s’envoler les souvenirs quels qu’ils soient, on enferme cette existence engloutie dans l’espace confiné d’un camion de déménagement …

La dernière à gauche en montant – Michèle Manceaux, Editions Nil

Article publié par Catherine le 26 avril 2010 dans la catégorie Grand vin
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Dessin de Jordi Viusà. Rédigé par des lecteurs passionnés