Cassandre, 17 ans, s’échappe de son internat pour se retrouver dans un endroit sordide peuplé de clochards, une sorte de cloaque exhalant des odeurs nauséabondes, là où elle sait que personne ne viendra la chercher … Dans ce lieu ignoble, ses nuits sont agitées et elle rêve d’un monde meilleur. Commence alors sa quête pour tenter de sauver le monde de sa perte …
Il a fallu arriver au bout des 600 pages de ce roman qui se veut être spirituel, une réflexion par rapport à l’avenir … et qui est plutôt un pamphlet social indigeste où l’auteur se perd, nous fait boire son enseignement et nous assomme d’informations historiques et scientifiques, de clichés, de morale à deux balles qui n’apportent rien …
On suit péniblement les pérégrinations de cette jeune femme en perdition, qui tente de nous livrer un message d’espoir et de nous donner des leçons de vie. En réalité, c’est à notre propre réflexion que l’auteur nous renvoie parce qu’en chacun de nous réside le rêve d’un monde meilleur … Mais l’auteur tente de nous convaincre – et il ne m’a pas convaincue – de sa propre vision de l’avenir en nous faisant avaler deux kilos de phrases déposées ça et là dans le désordre, décousues et confuses …
Je n’ai été touchée ni par la plume ni par l’univers de l’auteur …
“Le miroir de Cassandre” – Bernard Werber, Albin Michel, octobre 2009
Article publié par Catherine le 7 février 2010 dans la catégorie
Comestible ?
Elle l’appellera Gauvain pour ne pas le dévoiler, pour l’aimer à distance, pour se protéger et le protéger. Ils sont aux antipodes l’un de l’autre. Lui, pêcheur breton et elle, intellectuelle parisienne. Mariés aussi, chacun de leur côté …
Qu’est qui va donc les rapprocher ?
Ils vont traverser le monde d’un bout à l’autre, s’arrêtant de temps en temps pour une courte pause, un bout de vie « commune », un instant dérobé, une halte parallèle. Les aléas de la vie les feront se croiser : mariage, divorce, accident, maladie … pour se retrouver un peu plus fort chaque fois, et faire l’amour encore et encore.
On sent bien ce désir insatiable, impérieux et viscéral qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, cet amour si fort, si violent, qui finit par briser … les vaisseaux du cœur de Gauvain.
Une histoire d’amants qui dure 30 ans … une passion qui ne s’émousse pas … L’histoire – si belle – d’abord de deux peaux qui s’accordent, et qui finit par deux âmes qui s’accrochent et fusionnent, un cœur qui porte un poids trop lourd qui finit par exploser.
Ce roman magnifiquement bien mené du début à la fin, élégant, émouvant, sensuel convainc le lecteur qu’une histoire d’amour comme celle-là est … possible. Je l’ai refermé avec une larme à l’œil.
A travers des mots bien choisis qui vous font frissonner d’émotion, l’auteur nous livre une histoire qui se situe à mi-chemin entre le roman d’amour classique et le roman érotique, sans jamais déborder d’un côté ou de l’autre et sombrer dans une histoire fleur bleue ou un récit pornographique …. Un univers de mots vrais, impudiques, mais sans jamais tomber dans la vulgarité.
“Les vaisseaux du coeur” – Benoîte Groult, Grasset, 1993 / Le livre de poche
Article publié par Catherine le 6 février 2010 dans la catégorie
Grand vin
La petite fille de Mr Linh est un régal. Une écriture simple et efficace, sobre, éthérée, tout le contraire du style habituel, pour raconter le périple d’un homme expatrié avec sa petite-fille. Il se retrouve dans un centre pour immigrés, se sent seul parmi des dizaines de personnes d’origines diverses, jusqu’au jour où il croise un homme affable, sur un banc, qui ne parle pas sa langue. Une sorte de magie opère alors, une amitié taciturne nait, authentique, sans fioriture.
Un livre où chaque ligne apporte une émotion. Factice diront certains, enrobage, miel… On a lu des avis très négatifs. Pour moi le truc, s’il en est un, a fonctionné et je pense que beaucoup de lecteurs se laisseront subjuguer.
La petite fille de Mr Linh – Philippe Claudel Éditions Stock
Article publié par Noann le 5 février 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
L’histoire :
Un homme de trente-neuf ans est coupé en deux à Londres par un bus à étages. Il avait oublié qu’on roule à gauche. Il quitte notre monde et se retrouve dans un univers assez glauque, face à une sorte d’archange qu’on appelle “Legrand”. Le défunt, après avoir recouvré ses esprits, se rebiffe : moi, dit-il à Legrand, je ne veux pas rester ici, je veux recommencer ma vie à zéro. Voilà une objection que Legrand n’avait jamais entendue ! Va-t-il y donner une suite favorable ?
Curieux endroit que ce “paradis”, fort similaire à notre monde. On fume et boit de l’alcool, on roule à bicyclette. Legrand, personnage bizarre, s’exprime parfois dans une sorte d’argot des faubourgs et consulte un ordi qui fait ziiip et crouiic…
Notre impression :
Bon. Alors. Euh… Oui. Bref. Je ne sais trop quoi en penser. Pour tout dire je ne suis pas entré dedans comme on dit. Je cherche des qualités à ce livre… disons qu’il est original…. Je pense que l’écriture est un peu bâclée et que le sujet n’a pas assez mûri avant d’être saisi par l’encre d’imprimerie. Les dialogues sont parfois brouillons, les personnages n’ont pas assez de consistance. Certes le ton est distrayant et l’ambiance particulière peut séduire… Mais je me serais attendu soit à quelque chose de plus grandiose s’agissant de l’au-delà, un conte philosophique ou un texte à message, soit à une histoire carrément désopilante. Ça l’est un peu notez bien, mais de façon trop peu convaincante. L’ironie larvée manque cruellement de ce petit quelque chose pour séduire…
Recommencer – Pierre Vavasseur Éditions JC Lattés
Article publié par Noann le 4 février 2010 dans la catégorie
vin de table
Emilie, 48 ans, mariée, trois enfants, une vie sans histoire … Elle se prépare à fêter avec Marc leurs 25 ans de mariage …
Sa vie va basculer à la découverte de deux lignes lues dans le journal qui entoure la bouteille de champagne trouvée dans la cave et destinée à accompagner le dîner d’anniversaire de mariage …
« Emilie, Aix, 1976. Rejoins-moi au plus vite à Gênes. Dario »
J’ai été conquise par ce roman doux amer qui remue des souvenirs délicieux, des émois jamais disparus. L’écriture dégage un charme sensuel, sensible à faire pleurer d’émotion. Cette histoire vous touche en plein cœur, vous bouscule tout au fond, là où il reste quelque parcelle de soi à explorer. L’auteur nous invite à suivre une femme d’un bout à l’autre du monde pour des retrouvailles inespérées avec un homme qui … a perdu la mémoire. De Paris à Gênes, on croisera çà et là des bouts de terre chauffés à blanc par le soleil de juin, des étreintes inlassables entre le ciel et la mer et on s’enivrera des senteurs de lauriers, d’oliviers. C’est aussi pour le lecteur le voyage d’un bout à l’autre de soi, à la recherche de vérité, d’intensité …
“Le premier amour” – Véronique Olmi, Grasset, 6 janvier 2010
Article publié par Catherine le 2 février 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Clara Dupont-Monod a su trouver des mots élégants pour écrire la vie fictive de Juette, femme séditieuse née en 1158 à Huy, petite ville de l’actuelle Belgique.
Juette est victime d’un mariage de raison. Son mari, homme brutal et fruste, décède quelques années plus tard. Commence alors pour la jeune veuve une longue période de réflexion. Juette remet en cause la position de la femme, de l’homme, et de l’église, à une époque où les dogmes sont omniprésents. Elle s’interroge et progresse constamment sur le chemin de la raison, en dépit des avertissements du clergé.
Cette histoire passionnante est portée par une écriture particulière, sobre et élégante, où les mots superflus sont absents. C’est un véritable régal pour l’esprit. On peut toutefois regretter une chose : quand le confident de Juette, le prêtre Hugges de Floreffe, s’exprime, le style est exactement le même que celui de Juette.Une écriture à quatre mains eût donné une touche encore plus convaincante.
Quelques extraits :
“J’étais sûr de l’avoir oubliée. Comment font les souvenirs pour ne jamais mourir tout à fait ?”
“Elle dit souvent : “j’ai peur de devenir folle.” Je la rassure, chacun dissimule un autre visage, sombre et compliqué. Ce genre de choses. Je lui mens. Je pense qu’elle est déjà un peu folle. Mais fût-ce au prix d’un mensonge, vouloir protéger quelqu’un est d’abord un acte de charité.”
“Ce qu’ils ne savent pas, c’est que Juette n’a plus peur. La folie est une paix comme une autre.”
“La maternité, c’est l’addition d’un homme et d’une rivière de sang. Je suis sûre que la Vierge comprend cela. Elle n’a pas connu l’aberration du corps qui gonfle, Le corps envahi de l’intérieur.”
La passion selon Juette – Clara Dupont-Monod. Editions Grasset – Le livre de Poche
Article publié par Noann le 31 janvier 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Dans les années 80, un homme (le narrateur) et une femme (Ava) s’attirent, s’accrochent, s’aiment … Leur histoire n’est que passion, feu, liberté, insouciance… Ils vivent pour écrire et écrivent pour vivre, fréquentent les cafés littéraires, les cinémas. Ava disparaît …
J’ai aimé ce récit dense, bouleversant. C’est un hommage déchirant à une femme aimée trop fort mais aimée trop tard, une ode à l’amour – courte – comme est la vie pour peu qu’on ne retienne que l’essentiel, une quête désespérée vers le sublime, l’absolu, l’éternité et le refus, lorsque le deuil vous frappe, que l’au-delà soit ailleurs qu’ici bas.
C’est à travers la perte soudaine, l’absence de celle qu’il aimait que le narrateur va saisir que l’écriture est le seul moyen pour lui de s’approcher d’elle. Elle qui brillait si fort, dont les mots étaient si puissants qu’ils pouvaient transpercer son âme …
“Les aimants” – Jean-Marc Parisis – Stock, août 2009
Article publié par Catherine le 30 janvier 2010 dans la catégorie
Grand vin
L’histoire en soi n’a rien d’exaltant, et est, il faut bien le dire, morose d’un bout à l’autre.
Un groupe de soldats américains viole une jeune française, Nicole. A priori on pourrait se dire : mais pourquoi Queffélec s’acharne-t-il sur les Américains, eux qui sont venus à notre rescousse à deux reprises, eux sans qui les deux guerres mondiales se seraient éternisées ? Il eût été de meilleur ton d’accabler des Allemands, comme à l’accoutumée. Mais il faut savoir que les Américains se sont rendus coupables de milliers d’actes de barbarie dans la France de l’après-guerre. Le fait n’est donc pas unique et Queffélec, en choisissant cette voie, évite le cliché du soldat germain sans pitié, et donne un contrepoint à l’image du pioupiou bienveillant venu d’outre-Atlantique pour nous sauver, avec son Coca-Cola, son chewing-gum et ses Marlboro, véritable frêre à qui l’on doit tout.
Il faut parfois résister aux amalgames, même quand tout concourt à les rendre crédibles.
Nicole donc, jeune bretonne naïve, âgée de treize ans (décidément tout a été fait pour renforcer le côté sordide…) tombe dans une souricière tendue par trois soldats US dévoyés. De cette union barbare naîtra un fils, Ludovic, souffre-douleur de sa famille… et de l’auteur, car Queffélec ne lui épargne rien. Tout juste le garçonnet connaitra-t-il un répit, lorsque sa mère épousera un riche mécano de la région, Micho. Mais très vite l’aspect dramatique reprend le dessus, le fils de Micho est une peste, Nicole continue de détester sa progéniture honteuse.Elle finira par faire enfermer Ludo dans un asile.
Tout ceci n’est pas très réjouissant.
Mais cette histoire glauque est surtout portée par une écriture magistrale, et à ce titre, le prix Goncourt est mérité, pour une fois. Les personnages sont extrêmement vivants, les dialogues réalistes, et Queffélec parvient à nous séduire par son style (mais y parvient-il seul ?). En particulier, la troisième partie de ce triptyque contient quelques passages de toute beauté.
Les Noces Barbares – Yann Queffélec, régulièrement réédité en Poche
Article publié par Noann le 26 janvier 2010 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé