« la déserteuse est partie, la bataille est finie, il n’y a plus que moi, un moi vaincu, à genoux »
Dimanche matin, il est tôt, trop tôt. Le soleil s’est invité et s’immisce dans la pièce comme le témoin d’un drame qui s’annonce. Elle se tient coite devant lui, le visage froid, le sac à la main. Simon ressent comme un malaise sans pouvoir définir ce qui se trame… Elle parle de façon hachurée, sa voix a des trémolos sinistres, elle se hâte vers la porte en lui balançant ces mots couperets « Je ne t’aime plus ».
Et Simon est anéanti…
Mais alors que la douleur et le désarroi ont pris toute la place dans son âme, il veut se ressaisir et décide de partir en pèlerinage dans le village alsacien de son enfance et il réserve une chambre dans ce petit hôtel paisible chargé de souvenirs, qui a tout à fait changé.
Là-bas il rencontre Anna, une femme en perdition, venue séjourner quelques jours pour tenter de panser les blessures du passé. Ainsi, ils se parlent, se dévoilent et écoutent leurs cœurs raisonner du même écho de tristesse. Et bientôt leurs galères et leurs vies sont plus que les pièces d’un puzzle dans le tiroir des réminiscences d’antan.
Simon se laisse emporter par les confessions d’Anna et lui explique les raisons de sa présence dans ce village qu’il aime tant. Il lui parle à cœur couvert de sa famille, de ses conflits intérieurs, des secrets enfouis, scellés au fond du cœur, des bourrasques de sentiments, de ses combats du quotidien. Leurs existences fracturées s’arc-boutent et se mélangent jusqu’à leur donner peut-être l’opportunité d’une renaissance, de lendemains meilleurs.
Très vite, ils vont se soutenir, se réconforter et avancer sur ce chemin de vie jalonné d’embûches, plus forts, plus confiants, désireux de braver les vents contraires à n’importe quel prix pourvu qu’une nouvelle vie se dessine, sans heurt, sereine, une embellie à la croisée de leurs chemins.
Un récit baigné d’émotion, à l’instar du très beau et premier roman de l’auteur Tango tranquille, et qui dépeint aussi avec ironie les orages sentimentaux. Une plume qui coule comme un bras de mer avant de rejoindre l’immensité d’azur et de vagues, comme si l’auteur avait voulu offrir au lecteur la facilité de naviguer doucement avant de se jeter dans les méandres et d’être sauvé de justesse. Les mots sont vrais, idoines, toujours teintés d’optimisme.
Simon, Anna, les lunes et les soleils de Verena Hanf, éd. Le Castor Astral
Date de parution : 28/08/2014
Article publié par Catherine le 21 septembre 2014 dans la catégorie
Grand vin
Bénédicte est professeur de français, mariée et maman de deux enfants. Lorsqu’elle elle fait la connaissance d’Eric Reinhardt, elle lui confie que son dernier roman l’a aidée, voire sauvée.
Lasse de sa vie auprès d’un mari obsédé et atrabilaire, elle désertera ce huis-clos suffocant, se laissera emporter de l’autre côté de l’obscurité et franchira les portes de l’adultère.
Soudain, un éclat, une embellie, un appel vers le large, une fougue, des frissons, des peaux qui se veulent, des âmes qui s’embrasent. Elle rencontre Christian. Dans ses bras, elle s’abandonne, s’enivre, jouit, meurt d’amour et de plaisir.
Et tandis qu’elle quitte la pénombre des émois interdits, elle regagne son domicile conjugal où l’attend un mari en plein délire, bien décidé à la torturer, à lui faire subir les pires supplices.
Et l’on suit Bénédicte Ombredanne, se remémore avec émotion Madame Bovary. On s’immisce dans la vie de cette héroïne avec tout notre cœur, allant même jusqu’à être le témoin privilégié de sa perte et de sa reconstruction, de sa renaissance auprès d’un amant passionné et ardent.
L’auteur nous invite aussi à une réflexion intéressante. L’écriture et la littérature, seraient-elles les mamelles de tous les bienfaits, pourraient-elles être source d’épanouissement, de bien-être, ou plus encore, une sorte Bienfaiteur universel pour les cœurs en plein désarroi ?
L’écriture est emportée, soutenue. L’auteur traduit à merveille l’atmosphère qui règne au sein de cette sorte d’isoloir où se débat et se perd une femme sous le joug d’un homme jaloux et désaxé.
Cependant, je pense que le récit, bien qu’exaltant et certes très bien écrit, aurait gagné à être plus succinct, certaines longueurs ne lui apportant en effet aucune dimension supplémentaire.
Un roman dont on ressort le cœur lacéré et les yeux mouillés, à la fois bouleversé et ému par l’histoire de cette femme en pleine dérive et en quête d’un lendemain de volupté et de passion, loin d’une geôle dont le bourreau se nourrit de perversité et violence.
Sensuel, poignant…
L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt
Date de parution : 21/08/2014
Article publié par Catherine le 12 septembre 2014 dans la catégorie
Grand vin
Elle était enceinte et ne songeait qu’au soleil. Elle est morte à 26 ans, gazée par les nazis. C’était à Auschwitz, dans la pénombre et l’horreur.
Charlotte Salomon est artiste peintre. Alors qu’elle se sent menacée, elle s’évade et se réfugie dans l’écriture de sa vie, esquissant chaque étape obstinément, une biographie teintée de meurtrissures et d’effroi. Et se sentant menacée, elle confiera à son médecin tous ses dessins, ses bouts de vie couchés sur le papier.
L’auteur nous livre un récit tout en émotion à la manière d’une balade entre poésie et réalité, imprégnée d’une musique délicate. L’histoire nous remue à l’intérieur comme l’hallali mais fait résonner aussi en écho le chant de l’espérance, qui nous porte au-delà de la mort.
Petite note personnelle : me voici quelque peu réconciliée avec l’auteur… Depuis « La délicatesse » qui m’avait laissé un souvenir ému, les romans qui suivirent m’avait déçue jusqu’à me donner l’envie de passer mon chemin devant ce nouveau roman mis en exergue sur un présentoir dans ma libraire habituelle.
Je me suis donc laissé tenter, un peu sceptique toutefois…
Certes l’on retrouve ici l’émotion qui émanait de La délicatesse mais le style ébréché parfois, les phrases succinctes qui s’enchaînent comme les wagons d’un train en marche, les mots déposés à la hâte à la manière d’une cavalcade empêchent le lecteur de s’accrocher
On ressent de façon intense que l’auteur a voulu mettre en lumière cette femme, d’abord déchirée et frappée par les drames qui ont marqué sa vie, entre suicides au sein de sa famille, désarrois, persécutions. Une vie sinueuse baignée de douleur et souffrance jusqu’à ce que retentisse le glas, l’irrémédiable, la mort.
L’auteur nous dévoile le portrait d’une artiste peintre qui connaîtra l’enfer mais trouvera aussi, fût-ce quelque temps, une épaule de secours en la personne d’un professeur à Berlin qui, ému par ses dessins, lui donne l’accès à l’école, interdite alors aux juifs, afin de poursuivre son chemin d’artiste talentueux. Et ce passage donne au roman un petit éclat, une petite touche d’espoir et de bonheur, sans pour autant nous préserver d’une grande morosité.
Pour ma part, j’ai été touchée par l’histoire de cette femme, bien énoncée par l’auteur, même à travers un style qui désarçonne par ses soubresauts, mais j’ai refermé le livre le cœur brisé et l’âme éplorée…
Charlotte de David Foenkinos
Date de parution : 21/08/2014
Article publié par Catherine le 8 septembre 2014 dans la catégorie
Cru bourgeois
Gabrielle est une quadragénaire parisienne, enracinée dans sa vie de bourgeoise aisée. Alors qu’un beau jour, un notaire lui apprend qu’elle hérite d’une parente secrète, sa tante Francesca Ambroisine qu’elle n’a jamais connue jusqu’ores et devient l’heureuse propriétaire d’une bâtisse entourée d’un bois laissés à l’abandon depuis des lustres.
D’abord hésitante devant les écrits que le notaire lui donne à signer, elle accepte et se rend dans ce coin perdu au milieu de nulle part. Quelle ne sera pas sa surprise de découvrir une demeure au charme désuet cernée par un bois de dix hectares où la végétation luxuriante semble avoir pris possession de la maison abandonnée en formant une voûte de feuillages indisciplinés. Immédiatement, elle est troublée par l’atmosphère des lieux, mystérieuse et inquiétante.
La magie des lieux fera surgir sans qu’elle s’y attente les dons de médium qu’elle couvait en elle…
Tour à tour nous suivrons les péripéties de cette héroïne mise à l’épreuve de ses révélations, longtemps enfouies et ignorées dans le cours de sa vie monotone de citadine nantie.
Emportée bien malgré elle dans une valse irrationnelle, l’héroïne ira de découvertes en rencontres impromptues, sera le témoin direct de phénomènes étranges, jouxtant l’irréel.
L’on retrouve ici avec beaucoup de plaisir la plume magistrale de l’auteur, les personnages émouvants, et cette quête toujours présente d’une autre vie entre raison et imaginaire. Le style est rythmé et le message toujours profond, celui d’un ailleurs entre deux mondes, de lendemains dans un univers d’énigmes et de mystère.
Aussi une très belle balade dans les forêts d’où émanent magie et divination, ces lieux qui exhortent à se poser mille et une questions sur l’existence d’une possible communion avec des entités réelles ou chimériques.
Ici encore l’auteur nous entraîne dans un univers parallèle duquel surgissent moult interrogations survolant les domaines de l’occultisme, de l’au-delà, du spiritisme.
Un récit à la fois réjouissant, d’une grande profondeur, mais aussi obscur voire effrayant…
Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt
Date de parution : 05/03/2014
Article publié par Catherine le 5 septembre 2014 dans la catégorie
Grand vin
Résumé :
New York, 3 novembre 1954. Dans quelques jours, le centre d’immigration d’Ellis Island va fermer. John Mitchell, son directeur, reste seul dans ce lieu déserté, remonte le cours de sa vie en écrivant dans un journal les souvenirs qui le hantent : Liz, l’épouse aimée, et Nella, l’immigrante sarde porteuse d’un très étrange passé. Un moment de vérité où il fait l’expérience de ses défaillances et se sent coupable à la suite d’évènements tragiques. Même s’il sait que l’homme n’est pas maître de son destin, il tente d’en saisir le sens jusqu’au vertige.
À travers ce récit résonne une histoire d’exil, de transgression, de passion amoureuse, et de complexité d’un homme face à ses choix les plus terribles.
L’avis de Noann :
Voici donc le dernier roman de Gaëlle Josse, une auteure que nous étions les premiers à chroniquer sur Livrogne.com, dès la sortie de Les heures silencieuses… Un bon bout de chemin parcouru, et un constat : de ces quatre livres, aucun ne ressemble vraiment aux autres. Seul dénominateur commun : l’écriture, classique et soignée, de leur auteure, et aussi la capacité à nous faire entrer dans un univers en quelques mots.
“Le dernier gardien d’Ellis island” nous conte donc l’histoire… du dernier gardien d’Ellis island, eh oui. Le récit se déroule dans les années cinquante, quand des milliers de migrants arrivaient aux USA en quête d’un avenir. Nous suivons les pensées de ce dernier gardien, appelé bientôt à d’autres fonctions ; le centre d’immigration qu’il dirige va bientôt fermer, car le flux migratoire se tarit et les autorités ont modifié leur politique. C’est d’emblée un personnage tourmenté qui se présente à nous, un homme qui s’interroge sur ses responsabilités et devoirs. Il nous conte ses souvenirs, et sa rencontre avec Nella, une jeune Sarde, arrivée avec son frère, légèrement attardé mental. Entre eux existe un lien très fort. Si l’histoire se perd un peu, au début, dans le pathos de ce gardien décidément fort affecté (on sent la plume d’une femme), elle prend un tour dramatique avec l’arrivée de cette fratrie méridionale pleine de rêves… Et de souvenirs. Tout à coup, le drame se met en place, en cinq lignes. L’auteur bascule alors dans le passé de Nella, et nous conte la genèse de sa famille riche de tradition… et de tensions. Après une cinquantaine de pages sobres et posées, surviennent un viol, un suicide, et tout de suite les souvenirs de Sardaigne. C’est un texte joliment écrit, toutefois, l’on trouve ici les mêmes défauts particularités que dans certains précédents romans de l’auteure : une construction simple, et l’utilisation du drame comme outil. Ici, il arrive à brûle-pourpoint, un peu comme s’il fallait à un moment donné remotiver le lecteur. Un début contemplatif, quelques pages enflammées, et puis le gardien retombe dans sa solitude tourmentée. Si les personnages sont intéressants et bien décrits, les lieux magnifiquement évoqués, la construction de l’histoire me pousse à ramener mon verdict
Le dernier gardien d’Ellis island de Gaëlle Josse
Date de parution : 04/09/2014
Article publié par Noann le 28 août 2014 dans la catégorie
Cru bourgeois
Résumé :
Fuyant son père et son passé, Samira a trouvé en Crète un lieu pour vivre, un univers qui, s’il lui demeure un peu étranger, est devenu profondément le sien, sublimé par la mer et les montagnes qui en forment les contours. Elle épouse là le bel Eleftheris et ouvre une petite cantine sur la plage de l’Akrotiri, mondialement célèbre depuis le succès du film Zorba le Grec. Son bonheur n’est cependant pas sans ombres… Comment oublier qu’elle a trahi de vieux amis pour le gagner – et fermé les yeux sur un meurtre… ? Comment accepter les règles ancestrales, parfois si violentes, qui gouvernent la communauté où elle vit désormais ? Guidée par la présence quasi palpable des dieux anciens et soutenue par son ami Walter, le chef opérateur de Zorba, qui a choisi lui aussi de vivre sur l’île, Samira trace lentement son chemin vers la réconciliation avec elle-même.
L’avis de Noann :
C’est tout un contexte que celui de ce roman, un contexte double : d’abord les lieux, chaleureux, empreints de nostalgie et du soleil méditerranéen. Mais aussi, un ancrage dans un monde apparemment sans histoire, où le bonheur brille comme les rayons méridionaux. En apparence toutefois. Vient aussi se superposer le tournage du film Zorba le Grec, sous forme de retours en arrière. L’auteure nous introduit dans cette histoire à tout petits pas, presque de façon confidentielle, comme des bribes de souvenirs. Le ton est amical et sans fioritures : pas d’effets de style ou de formulations alambiquées… Un peu comme un dialogue entre amis, sur le mode “je me souviens”… Ce sont comme des atomes, des images, de petits fragments qui sont donnés au lecteur pas à pas… Il faudra un peu de patience pour entrer dans le vif du sujet et découvrir ce qui cloche dans cet univers à l’apparence tranquille et sereine. Alors, le lecteur est pris à témoin et il devient le spectateur des arcanes de ce petit monde îlien… C’est une petite incursion estivale dans un lieu de villégiature… Où le drame rôde en sourdine. L’auteure nous donne cette histoire par petits fragments, des anecdotes qui tissent une toile plus subtile qu’il ne parait.
L’avis de Céleste
Samira ou le bonheur tâché de pénombre… Samira et la reconstruction dans un nouvel univers, un refuge, pour oublier qu’hier elle a trompé ses proches, et renaître enfin dans les bras de l’homme de sa vie, un Crétois prénommé Eleftheris. Là-bas, elle croisera aussi un illustre personnage installé sur l’île et qui n’est autre que le chef opérateur du célèbre Zorba le Grec. Ainsi, l’on suivra les périples de cette femme à l’âme meurtrie, contrainte malgré elle à côtoyer un monde où les valeurs sont différentes. L’écriture est dispersée çà et là comme un puzzle pour que le lecteur s’imprègne peu à peu du destin particulier de cette femme déchirée. Les deux moteurs de ce roman qui traite de la trahison et de la reconstruction dans un autre monde sont dessinés par paliers que l’on gravit d’un bout à l’autre, en se laissant porter par l’histoire qui ronronne doucement…
On aurait dit une femme couchée sur le dos de Corine Jamar. Le Castor astral
Date de parution : 28/08/2014
Article publié par Noann le 28 août 2014 dans la catégorie
Cru bourgeois
Paul et Roz Mellow ont quatre enfants âgés de 6 à 15 ans. Les deux garçons et deux filles se retrouvent un jour bien malgré eux à parcourir un ouvrage inattendu, l’album de leurs parents, véritables stars des années 70. Il s’agit d’un journal du sexe et de l’érotisme, abondamment illustré par des photos de papa et maman dans la fougue de leurs ébats.
Et tandis que les enfants, chamboulés par cette découverte impromptue, ont refermé le cahier érotique, le lecteur continue à divaguer, se laisse doucement envahir de fantasmes et parvient à imaginer une suite de cette histoire… C’est sans doute là une démarche de l’auteur que de ne pas nous imposer une lourdeur excessive qui pourrait entacher le récit.
Nous voici trente plus tard. Le couple coquin s’est séparé, avec acrimonie pour le papa qui s’en remet difficilement et un nouvel amour pour la maman auprès de son second mari. Leur fils aîné a quarante ans, souffre de dépression en raison d’un problème d’impuissance, la grande sœur a tourné la page avec sa famille après une période de perdition et la benjamine ne s’aime pas et dépérit. Seul le petit dernier semble avoir trouvé une sorte de stabilité.
Alors que la mère espère voir rééditer les écrits grivois d’antan, cet événement sonne le glas dans la famille entraîne d’autres imprévus… Le jeune fils tombe malade, contraignant la famille à se retrouver à son chevet…
Un récit empreint de sagacité, nous invitant à une réflexion et posant plusieurs questions essentielles sur le couple dans sa construction et sa perte, l’éducation, l’adolescence, la sexualité. Certes.
Entre chaque ligne s’immisce un message puissant et grave mais il est aussi teinté d’allégresse pour ne jamais heurter le lecteur ni lui donner l’impression désagréable de recevoir un enseignement. Certes.
Me viennent cependant à l’esprit quelques bémols. J’ai trouvé que les personnages manquaient un peu de consistance, étaient dénués d’émotion. Les différentes thématiques approchées dans ce roman eurent pu être pu être traitées avec plus de profondeur et d’originalité aussi.
Et puisqu’il me faut à présent trancher quant au classement de ce livre, je tergiverse entre un ou deux verres… Comme nous sommes encore en période de vacances, que ce n’est pas un mauvais livre dans l’ensemble, je ferai montre de mansuétude. Deux verres sera ma cote.
La position de Meg Wolitzer, Sonatine éditions
Article publié par Catherine le 19 août 2014 dans la catégorie
Cru bourgeois
L’esprit en villégiature, les mots endormis dans ma plume, je vivote au gré de quelques lectures d’été en attendant les premiers balbutiements de la rentrée littéraire… Ainsi, mes chroniques se font plus rares, faisant place à des activités en plein air. Rien de plus efficace que les caresses d’Helios pour affronter les prémices de l’automne…
Je vous parlerai d’une de mes dernières lectures, un peu décevante…
Le baron Jules Berlingault est un homme âgé, charitable et taquin. Il vit dans un immeuble aux côtés de voisins qui se disputent à longueur de journée. Lassé de tout cela et pour éviter qu’arrive le pire, que les querelles ne prennent une tournure venimeuse, il les invite tous dans sa propriété de l’Ile de Ré en leur proposant un défi en guise de réconciliation. S’ils trouvent un terrain d’entente, un peu de sérénité, ils seront les héritiers de tous ses biens.
Mais les choses ne se dérouleront pas tout à fait comme Jules ne l’avait espéré… Gaspard, son valet depuis trente ans, persuadé qu’il serait le seul bénéficiaire de l’héritage, fera tout pour donner du fil à retordre à tous ces importuns débarqués là-bas, acteurs d’une farce aux saveurs acidulées…
La thématique, bien qu’ayant été approchée de nombreuses fois, eût pu être revue avec une dose d’originalité. Mais ici, l’auteure s’est bornée à nous livrer un conte banal, où des personnages un peu creux, voire insipides, se côtoient et profitent de la belle maison rétaise d’un papy nanti et oisif. Beaucoup de clichés dans cette histoire qui n’émeut ni ne laisse un souvenir fracassant.
Dans cette fable d’été, l’auteur nous parle de la sempiternelle quête du bonheur à travers des héros de pacotille, s’épuisant dans la quête de l’héritage d’un vieillard manipulateur.
L’atmosphère de ce récit est léchée comme le fait l’océan sur les rochers. Tout est surface et apparence mais l’auteur en reste là. Les personnages sont lisses et peu attachants, leur rare originalité tenant parfois à des patronymes relevant davantage du sobriquet que de la carte d’identité.
Je n’ai pas été séduite par ce roman qui sonne comme un peu comme un morceau de vie gentillet mais sans plus…
Distrayant certes. Rafraîchissant comme une crème glacée… Éphémère aussi…
À consommer exclusivement l’été, sous les rayons du soleil et pourquoi pas allongé sur l’une des belles plages de l’Ile de Ré…
Le bonheur en prime d’Emmanuelle de Boysson, éd. Flammarion
Date de parution : 07/05/2014
Article publié par Catherine le 5 août 2014 dans la catégorie
vin de table