Baptiste est un homme incontestablement bon. Père de famille généreux et attentionné, catholique pratiquant, collègue parfait, il mène une vie sans anicroche, un parcours jalonné d’activités destinées à faire le bien autour de lui. Ainsi, il assure avec beaucoup d’énergie de nombreuses tâches de bénévolat pour de multiples associations, qui l’éloignent très souvent de son nid familial.
Et chaque jour, il sème à tout va sa grande charité. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où notre héros et saint-homme se trouve confronté à moult bouleversements et déboires. Il se sent à ce point floué par les cieux qu’il envisage même de régler ses comptes avec Dieu.
Voici donc le lecteur invité à suivre Baptiste dans ses péripéties célestes, entraîné bien malgré lui dans un conte féroce mais où se mêlent harmonieusement les situations graves et les pointes d’humour acide.
L’auteur esquisse le portrait de l’homme dans ce qu’il est de fragile, perdu dans la mêlée d’âmes cruelles, n’hésitant pas à le frapper en plein cœur d’un couperet acéré pour qu’il se brise et chancèle de tant de violence. A travers une écriture à la fois délicate et mouillée d’acide, l’auteur nous parle de la difficulté de se faire respecter quand on est trop généreux, quand l’autre prend toute la place dans notre vie jusqu’à nous rendre exsangue, quand l’injustice sonne le glas dans notre mémoire, quand le rôle de bienfaiteur, heureux de ses gestes et de ses actes, vous laisse fébrile, en plein doute, coi devant tant d’indifférence.
Que faire donc quand l’on se sent trahi par le Messager si ce n’est se retourner contre Lui et espérer une explication divine, un soutien, un signe d’encouragement, aussi et surtout que les égoïstes soient punis et les évincés invités à rejoindre un monde meilleur sans cruauté…
L’auteur ne nous avait pas habitués à imprégner d’humour ses récits, plutôt graves à l’accoutumée, mais il réussit un tour de maître dans cette conversation avec le Messie, teintée certes de messages percutants sur les conditions de vie de l’homme d’aujourd’hui mais aussi le plus souvent de cocasserie et d’émotion.
En conclusion : puisqu’il me faut le classer dans une de nos catégories, je suis un peu embarrassée… Si je l’ai remisé parmi les crus bourgeois, c’est tout simplement parce que c’est roman agréable, jubilatoire mais dès après l’avoir refermé, il ne m’a laissé qu’un souvenir fugace…
Inattendu… Une bonne lecture de vacances.
Nom de Dieu ! de Philippe Grimbert
Date de parution : 07/05/2014
Article publié par Catherine le 20 juillet 2014 dans la catégorie
Cru bourgeois
Pour l’on ne sait quelle raison obscure, Jasper Gwyn, un auteur couronné de succès, décide un beau jour de cesser d’écrire. Se posent alors mille questions… Que s’est-il passé dans sa tête pour en arriver là ? Lassitude des mots, du monde littéraire, ingrat et peu amène parfois, découragement, nul ne le saura jamais. Mais à peine a-t-il pris cette lourde décision que le manque le gagne déjà… Ainsi il créera un nouvel univers lui permettant d’exercer sa passion. Il esquissera des portraits sous la forme de mots. L’auteur s’échappe de son chemin d’écriture, laissant à son assistante le soin de reprendre le flambeau et les rênes du récit…
Ainsi, Mr Gwyn, habité par d’étranges tourments en tous genres et soucieux de l’exactitude des situations, de la justesse des gestes, de la perfection des mots, se complait dans ce nouvel univers de scribe, esquissant à merveille le portrait des autres en se révélant quelque part à travers eux.
Personnage charmant, à l’esprit soudain fébrile, Mr Gwyn nous happe dans sa sphère du début à la fin. Un peu désarçonné par cette nouvelle vie désormais anonyme, il sillonne vaille que vaille les lieux du quotidien, tels les laveries, à la recherche d’inspiration non pour coucher sur papier les portraits de ceux qu’il y croise mais pour en dessiner les âmes, les atmosphères, les mystères qui en émanent.
Autour de lui se croisent des personnes tout aussi attachantes, telle Rebecca, son assistante, un agent littéraire infirme, une vieille dame, un fabricant d’ampoules électriques. De ce petit monde émane délicatesse et poésie. Tout est donc propice à l’auteur pour mettre en exergue les éclats intérieurs de chacun.
Et l’auteur-héros met sa plume en congé au profit de ressentis intérieurs, rejoint une thébaïde provisoire ou définitive, pour être le spectateur secret en première loge de l’âme de ses fidèles…
Un récit insolite, tantôt lumineux tantôt imperceptible qui invite à moult réflexions quant au sens de la création. L’écriture est ronde, harmonieuse, tout en subtilité et le style est sobre, jouxtant délicieusement la poésie.
Mr Gwyn d’Alessandro Baricco
Date de parution : 05/05/2014
Article publié par Catherine le 10 juillet 2014 dans la catégorie
Grand vin
En 1919, dans un village du Berry, sous une chaleur étouffante, les cris déchirants d’un chien perturbent les habitants. Le pauvre animal attend son maître, le caporal Morlac, détenu dans l’ancienne caserne. Ce héros de la Grande Guerre, ancien paysan, cultivé et féru de littérature, a été emprisonné pour avoir accroché sur son chien la Légion d’honneur qu’on lui avait décernée, convaincu que son fidèle compagnon était plus digne que lui de recevoir une telle décoration.
L’exécution de cet acte très grave risque de mener le caporal Morlac à la peine capitale. Alors que Hugues Lantier du Grez, un aristocrate, également ancien combattant et amateur de littérature, est désigné en sa qualité de juge militaire pour sanctionner le caporal, les deux hommes se rencontrent et échangent un dialogue poignant. Le juge fait preuve de mansuétude et tente de comprendre pourquoi le caporal a commis cette faute insensée.
Ainsi va se nouer entre les deux hommes une sorte de conversation à huis-clos. Et le juge chargé de condamner deviendra bientôt un confident. Cependant, dans cet interrogatoire, chacun gardera sa place, l’un chargé de remettre au pas son interlocuteur et l’autre l’écoutant sans broncher mais déterminé à ne pas céder à la pression.
À travers une écriture majestueuse, l’auteur nous plonge dans l’univers ténébreux de la Grande Guerre et nous parle de l’extrême cruauté de la vie dans les tranchées. Ainsi, il livre un récit où se mêlent tantôt la barbarie à son paroxysme tantôt la collusion, l’amitié parfois…
Aussi une histoire d’amour grandiose entre un homme et une femme érudite qui dévore les écrits des grands auteurs et celle de l’homme et d’un chien, fidèle compagnon, patient jusqu’au bout.
Un roman de vérité, une belle leçon de vie quand l’homme devenu meurtrier pour survivre, trouve enfin refuge dans la fraternité et la camaraderie.
Un court récit où se côtoient l’amour et la mort, la violence et la délicatesse, à travers une plume si précise qu’elle semble parfois effleurer la perfection. L’écriture et le style sont un vrai ravissement et l’auteur évite le piège des clichés et des longueurs vaines et stériles.
Le collier rouge de Jean-Christophe Rufin
Date de parution : 27/02/2014
Article publié par Catherine le 29 juin 2014 dans la catégorie
Premier Grand Cru Classé
Patelin, un bourg au milieu de nulle part, en pleine campagne, désespère de ne plus avoir de médecin… Les habitants vont se démener pour en retrouver un. Ainsi ils prennent contact avec Frédéric, un médecin parisien, en lui faisant miroiter que le village où il va s’installer pour exercer ses fonctions se trouve en bord de mer, lieu idyllique…
Le pauvre docteur ne verra jamais la mer mais observera avec consternation que les habitants déambulent dans les rues et partout ailleurs, vêtus d’un maillot de bain… Ainsi, il ignore tout du fameux décret obligeant instamment les habitants à ne se balader que dans cette tenue sous peine d’être poursuivis par les autorités municipales…
Frédéric se retrouve donc malgré lui dans cet univers étrange et cocasse. Bientôt il va faire la connaissance de Louise dont il tombera amoureux.
Un récit qui pourrait paraître absurde et nous désarçonner par un surréalisme à outrance. Il n’en est rien et au fil du récit le lecteur est happé par les personnages drôles et mélancoliques à la fois, les situations rocambolesques vécues par ceux-ci dans cette vie de villageois décontenancés par un bout de papier leur imposant le port du maillot, et qui jouent leur rôle à merveille pour convaincre le citadin de médecin de s’arrêter là pour leur prodiguer des soins.
Et dans ce quotidien insensé, l’on croise tour à tour des jeunes en difficulté qui n’osent pas franchir le pas vers un ailleurs plus prometteur, un directeur d’agence de sélection peu scrupuleux, une jeune fille en perdition contrainte de revenir de la Capitale après avoir été recalée à un casting, un beau-père qui se lamente, et tous ceux et celles qui restent au village coûte que coûte pour ne pas perdre leurs repères. Tout ce petit monde vivote et se côtoie, s’aime ou se déchire. Les échanges et conversations sont exquis, tantôt délicats, tantôt empreints de cynisme et l’on se réjouit de s’immiscer dans ce parloir insolite…
Étrange… Drôle… Une belle balade dans un monde décalé.
Presque la mer de Jérôme Attal, éd. Hugo & Cie
Date de parution : 07/05/2014
Article publié par Catherine le 24 juin 2014 dans la catégorie
Grand vin
Quand on est fou d’aventure, globe-trotter avide de grands espaces et de découvertes, peut-on s’arrêter un jour pour entreprendre le plus beau voyage du monde, celui qui vous mène au pays de l’amour ?
Le voyageur nous entraîne d’un bout à l’autre de la terre, entre les Andes, le Tibet, l’Uruguay, toutes contrées lointaines, aux antipodes. Et même s’il dépose parfois ses valises et son cœur le temps d’une escale, d’une pause d’amour, son attirance pour les grands espaces est la plus forte.
Voici douze nouvelles épatantes à travers une plume extraordinaire et un style rythmé, qui nous parlent de ce désir ardent et incontrôlable d’ailleurs, souvent au détriment des sentiments qui se défont aussi vite qu’ils se sont tissés. Ainsi les passions ensorcelantes, les amours dévorantes laissent souvent la place à cette sempiternelle envie de courir et de s’envoler le plus loin possible dans un espace où l’amour finit par s’étioler de n’avoir pas été nourri à satiété. Un recueil enjoué, divertissant mais qui vous touche à l’intérieur par l’émotion qui en imprègne chaque ligne…
Au gré de ses périples, à travers les destinations les plus lointaines, les chemins les plus escarpés, en parcourant d’un bout à l’autre les périmètres du globe, le voyageur n’essaie-t-il pas d’esquiver les plus beaux contours, ceux d’un corps ou d’une âme rencontré et parcouru fût-ce le temps d’une escale ? Pourquoi ne pas tenter de s’y attarder un jour, une vie ?
Quelques bouts de récits d’une grande qualité d’écriture pour tous ceux qui taillent les grands espaces, s’arrêtent le temps d’un flash amoureux, mais ne s’éternisent jamais, à moins que…
Le cœur et les confins par Cédric Gras, éditions Phébus
Date de parution : 13/02/2014
Article publié par Catherine le 15 juin 2014 dans la catégorie
Grand vin
Voici un recueil de quatre nouvelles qui mérite d’être découvert…
“L’homme sans histoire”, comme son titre l’indique, raconte l’histoire d’un homme sans histoire. Un jour il découvre une annonce étrange dans la rubrique “divers” d’un journal. Il s’agit d’une boutique qui offre un service très original : l’achat et la vente d’histoires. L’homme est séduit et décide de tester trois histoires, qui le propulsent dans des univers loufoques…
“La dame à la trottinette”, est une curieuse personne, qui promène chaque jour son chien… Sur une trottinette. Chaque matin depuis des mois, un homme en voiture contemple cette dame originale. Il l’imagine dans toute sorte de situations, en aventurière, amante d’un combattant asiatique, ou encore matrone d’un mouvement mafieux…
“La dame à la mise en pli mauve” n’est pas moins espiègle que les autres personnages. Elle fait la rencontre d’une étudiante éméchée à trois heures du matin, et lui dévoile son secret : elle s’amuse comme une folle en peignant des situations qui deviennent la réalité…
“Le monde à l’envers” est tout aussi original… Deux femmes dialoguent à la terrasse d’un café… L’une d’elle est particulièrement excentrique, elle a une vision du monde assez particulière. Qui est donc cette dame et pourquoi semble-t-elle délirer à ce point ?
Ces quatre textes sont écrits dans une langue légère, qui magnifie bien un contenu original, émaillée d’une bonne dose de magie et de surréalisme. C’est en quelques mots que l’auteure nous fait basculer dans des univers où la bizarrerie est la règle, des mondes où les gens ne se prennent pas vraiment au sérieux, quoique. L’auteure donne à chaque paragraphe une touche très particulière de légèreté teintée d’humour… En refermant ce petit bouquin, on n’a qu’un seule regret : devoir se séparer si vite de personnages aussi attachants. La mise en page est excellente, il y a des illustrations tout aussi étranges et originales que le texte, des dessins naïfs qui illustrent bien le propos et ajoutent encore de la gaieté à la gaieté…
La dame à la mise en plis mauve de Laurence Klopp. Éditions Kremart
Date de parution : 01/05/2014
Article publié par Noann le 12 juin 2014 dans la catégorie
Grand vin
« Irai-je là-bas, aujourd’hui, dans mon bureau de la banque où m’attendent ordinateur et clients ? Ou bien retournerai-je chez moi, dans les bras de ma belle endormie ? Ou bien encore prendrai-je le large, comme ce point blanc flottant dans les brumes d’horizon, en partance vers l’infini ? Quelque part une corne hurle son départ vers la pleine mer ou son entrée dans un port. Laura dort encore. »
Alex et Laura vivent une histoire d’amour sans anicroche. Un jour, une balade sur la route de Saint-Brieuc. Le vent est très violent et l’Alfa Roméo d’Alex percute un arbre de plein fouet… Alex est transporté à l’hôpital dans un état critique.
Le neurochirurgien annonce à Laura qu’il n’y a plus aucun espoir de sauver Alex. Sans ménagement, il demande à Laura l’autorisation de prélever des organes à Alex pour redonner vie à une autre personne… Laura, épouvantée par cette approche peu scrupuleuse du médecin, refuse d’emblée. Le Dr. Lemire va alors se livrer à une série de démarches afin que Laura change d’avis. Ainsi, il va d’abord lui proférer des menaces, ensuite la séduire. Et entre les heures passées auprès de son compagnon et les rencontres avec le chirurgien, la vie de Laura va basculer. Elle finit par céder aux avances du D. Lemire…
Beaucoup de questions se bousculent alors : Laura a-t-elle été victime d’une manipulation du praticien pour des raisons médicales ou pour obtenir les faveurs de celles-ci effondrée par les meurtrissures du destin ?
À travers les paysages magnifiques et désolés de la Bretagne, l’auteur nous invite à suivre pas à pas sur le chemin sinueux de la manipulation perverse et amoureuse. L’écriture est tantôt étincelante tantôt plus ténue mais l’auteur analyse la douloureuse question du don d’organes et la manière, parfois maladroite, d’obtenir de la famille ébranlée la permission de prélever ceux-ci pour permettre à une autre famille de se réjouir d’un nouveau soubresaut de vie, une guérison…
Une belle promenade dans les coins de Bretagne chargés d’embruns et de légende, très bien décrits par l’auteur. Dans cette communion entre la mer et la terre, un drame surgit et viennent alors se heurter dans les cœurs mille questions. Ainsi, dans ce ballet infernal, se côtoient la vie, la mort, l’amour mêlés aux sentiments de désarroi, de renoncement. Et dans les méandres d’un destin fracassé, les sentiments deviennent alors confus et équivoques…
Un récit qui coule comme un fait divers, à savourer surtout le temps de quelques escales bretonnes et se laisser caresser par les vents fougueux…
Pour le reste, j’ai regretté que l’auteur se soit un peu trop intéressé à un sujet mille fois approché jadis, celui de la vie suspendue pour les uns redonnant l’espoir d’un nouveau destin pour d’autres…
Je sais que tu m’attends de Gilles Laporte, Genèse Édition
Date de parution : 10/04/2014
Article publié par Catherine le 20 mai 2014 dans la catégorie
Cru bourgeois
« Les amours d’aujourd’hui sont les désamours de demain »
Dans une balade aérienne et sensuelle, l’on croisera une série de personnages, parfois semblables, parfois aux antipodes les uns des autres. Tous ont un dénominateur commun : l’amour dans toute son immensité. Mais qui dit amour parle inévitablement d’échecs amoureux, de rupture. Ainsi, on rencontre Amina, une Malienne contrainte d’épouser à douze ans un vieil imam et qui séduira ensuite un intellectuel italien puis encore un jeune Parisien, la délaissant bientôt pour sa voisine de palier ; l’Américaine Deborah, hôtesse de l’air, qui quittera son mari dompteur de fauves pour devenir lesbienne et rejoindre les bras de Virginia; et puis Ping-ping, une ancienne prostituée qui vit à Shanghai et partage la vie d’un banquier allemand…
Dans cette farandole d’amour et de désamour l’on croisera aussi Jed, un Indien de vingt ans, Klara une sexagénaire atteinte de la maladie d’Alzheimer, aussi l’Allemand Julius-Jozef et sa jeune épouse de vingt ans.
Si l’auteur célèbre l’amour fou, ses émois, mais aussi ses désillusions, ses refuges aux confins d’une sexualité débridée, il le fait sous la forme d’une gigantesque fresque comportant des scènes d’amour sous toutes ses formes. Avec une plume trempée dans l’encre aux couleurs multiples, il dessine les méandres de l’amour, avec des mots, tantôt lubriques, tantôt empreints de poésie.
Parfois délicat, de temps à autre graveleux – ainsi « faire la chosette » c’est comme cela qu’il parle de faire l’amour, tandis que « la Sainte-Crème » désigne le sperme – l’auteur nous livre un curieux mélange des genres. Mais il se montre indulgent envers nous, nos failles, nos coups de folie, notre perversité larvée, nos maladresses. Il s’émeut de nos accès de fougue libidineuse, de nos vies dissolues, nous trouvant même des excuses… L’auteur raccommode les bouts de nos âmes déchirées et nous fait savourer l’amour par tous les moyens.
Et dans ce carrousel, nous nous laissons porter, le cœur heureux et l’âme plus sereine de savoir qu’ici et là-bas, l’amour a la bougeotte, parfois nous transporte, nous fait rayonner mais parfois aussi nous donne du fil à retordre…
Cocasse et émouvant…
L’amour est éternel tant qu’il dure de Franz-Olivier Gisbert
Date de parution : 16/04/2014
Article publié par Catherine le 11 mai 2014 dans la catégorie
Grand vin